Le Corbillon de Saint-Jean

Cliquez ici (MP3) pour entendre l'air (remerciements à Daniel Bourgeois, auteur du fichier Musescore utilisé)

A la fin du 3e fascicule des feuillets séparés (figurant dans notre collection) de la Loge de l'Union de Famille, on trouve cette saynète moralisante, quelque peu naïve et alambiquée, mais pleine de bénévolence, intitulée Le Corbillon de Saint-Jean, composée par le Frère Hospitalier qui l'a chantée au Banquet de cette Loge le 25 juillet 1819, en vue certainement d'inciter les participants à plus de générosité (les laborieux commentaires en petits caractères étant destinés à ceux qui ne l'auraient pas compris).

La morale en est fort simple : c'est la philanthropie qui est la vraie caractéristique d'un maçon digne de ce nom.

Pour bien comprendre le texte, il convient de connaître ces définitions de Corbillon, telles que données par exemple par le CNRTL :

A.− (Vieux) Petite corbeille.
B.− (Par métonymie) Jeu de société où, à la phrase Je vous passe mon corbillon, suivie de la question Qu'y met-on ? les joueurs doivent répondre par des mots terminés en -on.

Voir ici sur l'air Et non, non, non, ce n'est pas là Ninette.

  

Le Corbillon de Saint-Jean,

 

Paroles du Frère Hospitalier ;

 

Couplets chantés au Banquet de la Respectable Loge de l'Union de Famille, le 25 juillet 1819 (ère vulgaire.)

 

Air : Et non, non, non, ce n'est pas là Ninette.

 

Saint-Jean, sur l’escalier, 
M'a dit, en tête à tête :
« Va vite, hospitalier,
» Recommencer ta quête ;
» Ton méchant tronc
» Sied mal un jour de fête ;
» Quitte le donc,
Et prends ce Corbillon

 

Le Saint continue, il veut mettre à l'épreuve la Bienfaisance des Membres de la Loge ; mais, à l'exemple des prophètes, il prend des voies détournées pour manifester ses intentions, et pour établir trois grandes vérités. La Franc-Maçonnerie ne se borne pas à de simples signes extérieurs faciles à comprendre, plus faciles encore à exécuter ; elle consiste tout entière dans la pratique des vertus qui constituent l’honnête homme par excellence ; la principale de ces vertus, celle qui les renferme presque toutes, est d'aimer ses semblables, et de leur faire du bien. Tel est le sens du couplet suivant.

 

» On répète à propos
» Des signes qu'on sait faire ;
» Avec deux ou trois mots
» On se tire d’affaire ;
» Mais c’est le fond
» Qu’il faut tâter mon frère ;
» C'est par le fond
» Qu'on juge un Franc-Maçon.

 

Ce que vient de dire l’habitant du céleste séjour, a un rapport si éloigné avec le Corbillon, que l’esprit terrestre et grossier du frère hospitalier, n'y peut rien comprendre. Il fait part au Saint de son embarras, et lui demande des instructions : c’est le sujet du troisième couplet.

 

Enseignez-moi, Patron,
Comme il faut que j’opère ;
J’attends que d’un rayon
Votre bonté m'éclaire :
Ce Corbillon
Que voulez-vous en faire ;
Ce Corbillon
Mon frère qu’y met-on.

 

Le Corbillon rappelant un jeu de l'enfance, le Frère hospitalier, par réminiscence, a lâché le mot que ce jeu a consacré. Le Saint s'y attendait ; il en prend occasion de s'expliquer plus nettement, ce qui donne au frère hospitalier l’intelligence du deuxième couplet, et lui fait deviner les intentions du Saint, ainsi que l’usage à faire du Corbillon. Après le qui met-on (sic), la réponse est toute simple.

 

« On y met ce qui peut
» Soulager des misères ;
» On donne ce qu’on veut,
» On met beaucoup ou guères.
» Mais nous verrons
» Si vous aimez vos frères ;
» Mais nous verrons
» Si vous êtes Maçons.» 

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