Anacker

 

Si l'on en croit Fétis, la vie d'August Ferdinand Anacker (1790-1854), dixième enfant d'un pauvre cordonnier, est un véritable conte de fées récompensant le mérite et la passion de la musique.

Après des études à Leipzig à partir de 1813, il mena depuis 1822 dans sa ville natale de Freiberg (à une centaine de km. au sud-est de Leipzig) une carrière de compositeur, dirigeant et pédagogue.

Il devint membre en 1816 de la Loge Apollo de Leipzig (où l'on voit ici qu'il avait le matricule 177) et ensuite de celle de Freiberg, Zu den drei Bergen.

  

Voici ce qu'en dit Fétis dans son T. 1 (p. 93) :

ANACKER (Augustin-Ferdinand), cantor et directeur de musique à Freyberg, est né dans cette ville, le 17 octobre 1790. Fils d'un pauvre cordonnier, il ne put d'abord satisfaire son penchant inné pour la musique, parce qu'il ne possédait pas l'argent nécessaire pour payer les leçons d'un maître. Admis comme élève dans le chœur du gymnase, il amassa pendant cinq années de petites épargnes qui lui servirent à payer l'acquisition d'un vieux clavecin. Il avait atteint sa seizième année sans avoir jamais vu de musique imprimée, lorsque le cantor Fischer l'introduisit dans un concert où il entendit jouer une des belles compositions de Beethoven. Jamais rien de pareil n'avait frappé son ouïe : dans son admiration il s'écria : Ah ! si j’avais ce morceau ! — Vous l’aurez, lui dit quelqu'un placé près de lui, que cette exclamation avait intéressé. Le lendemain, en effet, Anacker reçut l'objet de ses désirs ; mais bientôt il eut la preuve que cette musique ne pouvait être exécutée sur son pauvre vieux clavecin. Acheter un piano ! A peine pouvait-il imaginer que les privations des choses indispensables le conduiraient d'économie en économie jusqu'à la somme nécessaire. Cette privation, il se l'imposait courageusement ; mais, après une longue attente, il n'était parvenu qu'à la possession de 20 thalers (75 francs). Une circonstance inattendue, inouïe pour qui la cherche, amena dans la petite ville de Freyberg un collecteur de la loterie de Leipsick, qui, s'emparant de l'esprit d'Anacker et de ses frères et sœurs, parvint à leur persuader d'acheter un quart de lot ; et, par une faveur bien rare de la fortune, le gros lot de 24,000 thalers, dont faisait partie la fraction achetée par Anacker et sa famille, ce lot bienheureux sortit, et notre enthousiaste eut pour sa part 1300 thalers (4,875 francs), c'est-à-dire des millions ! Il se hâta d'acheter un piano neuf et les œuvres de Mozart, de Clémenti, de Cramer, et surtout de Beethoven ; car la musique de cet homme de génie était devenue l'objet de sa prédilection. Après la bataille de Leipsick [ndlr : 1813], il se rendit à l'université de cette ville pour y continuer ses études. Là il se lia avec les chefs de quelques sociétés de chant qui l'admirent parmi leurs membres, à cause de la beauté de sa voix de basse. Schicht lui donna des leçons de composition, et Frédéric Schneider, qui avait pour lui de l'affection, lui donna des conseils sur ses premiers essais. Ses études étaient terminées, lorsqu'il reçut en 1822 sa nomination de cantor et de directeur de musique à Freyberg ; bientôt après il ajouta à ces positions celle de premier professeur de musique à l'École normale de cette ville. Anacker, plein de feu et d'amour pour l’art, devint en peu de temps l'âme de toutes les réunions musicales de sa ville natale. Il y organisa des concerts, des sociétés de chant, et le baron de Herder, capitaine général de mines de la Saxe, le chargea, en 1827, de la direction d'un corps de musique de mineurs, auquel il fit faire en peu de temps de grands progrès. L'estime générale dont il jouissait fut la récompense de ses efforts et de sa persévérance. Ses compositions consistent en plusieurs recueils de chants à voix seule, publiés à Leipsick, chez Péters, et chez Hofmeister ; en pièces diverses pour le piano, chez Breitkopf et Haertel et chez Péters, à Leipsick ; en douze chants à plusieurs voix, chez Gersach ; en une cantate avec orchestre, intitulée Lebensblume und Lebensunbestand (Fleur et Instabilité de la vie), gravés avec accomp. de piano, à Dresde, chez W. Park. Cette cantate a été exécutée dans la plupart des villes de la Saxe avec succès. Le chant intitulé : Salut des Mineurs, avec orchestre, a été exécuté aussi très-souvent à Dresde, à Leipsick, Freyberg, Annaberg, Chemnitz, Schneeberg, Gera, Zwickau, Zittau, Breslau et Erfùrt. Anacker a écrit une ouverture à grand orchestre pour le drame Goetz de Berlichingen et une ouverture de concert, qui n'ont point été publiées ; enfin, quelques chants détachés qui ont paru en diverses villes de la Saxe. Il est mort à Freyberg, au mois de mars 1855, à l'âge de soixante-quatre ans et quelques mois. Sa collection de musique a été vendue aux enchères publiques, à Leipsick, dans le mois de juin de la même année. On y remarquait un très-bon choix d'œuvres des grands maîtres, tant pour l'église que pour le théâtre et la musique de chambre.

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