Friedrich  Schneider

En cliquant ici, vous entendrez le début du 1er mouvement (allegro moderato) de son Trio à clavier op. 38, interprété par Karl Heinrich Niebuhr au violon, Matthias Wilde au violoncelle et Hiroko Kudo au piano (CD Genuin GEN16426)

 

[Johann Christian] Friedrich Schneider (1786-1853), claviériste, théoricien de la musique et compositeur prolifique, fut une personnalité célèbre en son temps (Fétis lui consacre plusieurs pages élogieuses), mais semble presque complètement oublié aujourd'hui.

On trouve ici certaines de ses partitions.

Il était membre de la Loge de Leipzig Balduin zur Linde, où, selon cette page du vol. 3 de l'Allgemeines Handbuch der Freimaurerei de F. A. Brockhaus en 1867, il avait été initié en 1807 et pour laquelle il a, en 1847, composé une cantate lors de l'inauguration du nouveau local, oeuvre dont il a lui-même dirigé l'exécution. 

On peut voir ici (au vol. 1 du même ouvrage) qu'il a aussi composé une partition pour le poème Wie lieblich ist's hienieden de Karl Friedrich Gottlob Wetzel (1779-1819), dont le texte figure au chansonnier de cette Loge en 1824.

 

Voici ce qu'en dit Fétis dans son vol. 7 :

SCHNEIDER (Jean-Chrétien-Frédéric), écrivain sur la musique et compositeur célèbre, est né le 3 janvier 1786, à Waltersdorf, près de Zittau. Son père (Jean-Gottlob Schneider), simple tisserand de coutil, était devenu assez habile sur l'orgue, par un penchant irrésistible pour la musique, et avait obtenu la place d'organiste de Waltersdorf. En 1788, il échangea cette position contre celle d'instituteur et d'organiste à Gersdorf, qui dépendait aussi du conseil de Zittau. Il y est mort le 3 mai 1840. Ce fut en ce lieu que Frédéric Schneider commença l'étude de la musique, à l'âge de quatre ans, sous la direction de son père. Ses progrès furent si rapides, qu'on l'employait aux fonctions d'organiste de la commune avant que ses pieds pussent atteindre aux pédales. Dès l'âge de huit ans, il écrivait déjà ses idées de composition, et jouait les sonates de Mozart sur le piano. Une troupe de comédiens ambulants lui ayant fourni l'occasion d'entendre la Flûte enchantée de ce grand homme, et son père l'ayant mené à Dresde pour y entendre une grande musique d'église, il sentit ses facultés se développer, et son amour pour l'art devint une véritable passion. Il avait atteint sa douzième année, lorsque son père l'envoya au gymnase de Zittau pour y faire des études littéraires. Les concerts de cette ville excitèrent son émulation, et l'engagèrent à se livrer avec ardeur à l'étude du piano, dans l'espoir de s'y faire entendre ; mais ce plaisir lui fut refusé, nonobstant les témoignages honorables que le Cantor Schœnfeld et l'organiste Unger donnaient à son talent. Ce dernier était devenu son maître pour l'orgue et lui enseignait à traiter sur cet instrument la fugue à quatre parties. Découragé par l'échec qu'il venait d'éprouver, Schneider eût peut-être abandonné la musique, quoiqu'il eût déjà écrit plusieurs morceaux pour des instruments à vent et quelques messes dans le style de Haydn, si une circonstance heureuse n'était venue ranimer son zèle. En 1803, la Création du monde, de Haydn, fut exécutée avec pompe à Zittau ; M. Lingke, avocat et propriétaire, près de Gœrlitz, s'était rendu à celle solennité ; il y fit la connaissance de Schneider, et sur l'invitation de Schoenfeld, il le prit sous sa protection. Amateur passionné de musique, ce M. Lingke élait lié d'amitié avec la plupart des personnes de distinction qui cultivaient cet art à Gœrlitz : il leur présenta son jeune protégé, sut les intéresser à lui, et parvint à lui procurer les moyens de se faire entendre dans les concerts publics. Les encouragements donnés à cette époque au jeune artiste dans les journaux, particulièrement dans le recueil mensuel de la Lusace supérieure, rédigé par Knebel, de Gœrlitz, imprimèrent une impulsion nouvelle au développement de son talent.

En 1804, Schneider fut nommé directeur de la Société de chant de Zittau ; mais il n'en remplit pas longtemps les fonctions, car il partit l'année suivante pour aller achever ses études à l'université de Leipsick. Ses liaisons dans cette ville avec Rochlitz, Muller et Schicht, lui fournirent des secours pour augmenter son savoir dans la musique ; mais ses travaux dans la composition et l'exécution ne l'empêchèrent pas de fréquenter à l'université les leçons des professeurs Plattner, Carus, Wenk et Rœdiger. En 1806, le directeur Plattner le chargea de l'enseignement du chant dans l'école libre du Conseil. L'année suivante, il eut le titre d'organiste de l'université, et l'exécution de ses compositions vocales et instrumentales dans les concerts de Leipsick acheva de le faire connaître avantageusement. Lui-même y fit entendre, en 1808, un concerto de piano avec succès. Dès 1803, il avait publié, chez Breitkopf et Haertel, son premier œuvre de sonates pour le piano ; mais après son arrivée à Leipsick, il multiplia ses productions. En 1810, il accepta la place de chef d'orchestre de la troupe de Seconda, qui donnait alternativement des représentations d'opéras à Dresde et à Leipsick ; mais il renonça à cet emploi trois ans après, parce que la place d'organiste de l'église Saint-Thomas lui fut offerte, en 1813, par le magistrat de celle dernière ville. C'est à dater de cette époque que Schneider commença à faire paraître ses grandes compositions. Son activité de production frappe d'étonnement, lorsqu'on considère le catalogue chronologique qu'il a dressé lui-même de ses ouvrages. Ainsi, depuis 1804, époque de la publication de son premier œuvre de trois sonates pour le piano, jusqu'à la fin de 1830, c'est-à-dire dans l'espace de vingt-six ans, il mit au jour cent dix œuvres, lesquelles renferment vingt-cinq sonates pour piano seul ou accompagné, deux quatuors pour piano, violon, alto et basse ; deux trios pour les mêmes instruments ; un concerto pour piano et orchestre ; une multitude de marches, polonaises, valses et rondeaux pour piano seul ; deux quatuors pour des instruments à cordes; vingt-quatre Lieder à voix seule avec piano ; six duos pour deux sopranos ; douze chants pour trois voix d'hommes ; quatre suites de chants à quatre voix d'hommes pour la Liedertafel de Leipsick ; quarante chants pour des enfants ; un recueil de douze Lieder, intitulé : Euphrosine ; neuf ouvertures à grand orchestre ; dix messes ; un oratorio ; quinze cantates ; six opéras ; dix symphonies pour l'orchestre, et son Traité d'harmonie et de composition ; de plus, l'arrangement de la messe de Requiem de Cherubini et de la Vestale de Spontini pour le piano. Une telle fécondité est d'autant plus remarquable que, pendant ces vingt-six ans, Frédéric Schneider remplit des places d'organiste, qu'il fut pendant trois ans directeur de musique du Théâtre de Leipsick, puis de la Liedertafel, qu'il se livra à l'enseignement, se distingua lui-même comme pianiste et joua au concert du Gewandhaus, dans l'espace de quelques années, le cinquième concerto de Beethoven (en mi bémol), celui de Ries (en ut dièse mineur), le sien (en ut mineur), et le quintette de Mozart pour piano et instruments à vent. Enfin, pendant son séjour à Leipsick, Schneider avait été appelé à Cologne, à Prague, à Quedlinbourg. Devenu directeur de musique du nouveau théâtre de Leipsick, en 1817, il y fit exécuter plusieurs ouvertures de sa composition qui obtinrent un brillant succès. Sa réputation, qui s'étendait de jour en jour en Allemagne, lui procura, peu d'années après, le poste aussi honorable qu'avantageux de maître de chapelle du prince d'Anhalt-Dessau : il en prit possession le 2 avril 1821. Ce fut là surtout que les travaux de Schneider prirent une grande importance, car dans les trente-deux années qui s'écoulèrent depuis son entrée en fonctions à Dessau jusqu'à son décès, il écrivit quinze grands oratorios, deux messes avec orchestre et orgue, un gloria idem, un Te Deum idem, dix cantates, quatre hymnes, douze psaumes, douze chants religieux à quatre voix, un Salve Regina pour un chœur d'hommes, un opéra en trois actes, sept grandes symphonies, cinq ouvertures de fête et de concert, six ouvertures d'opéras, trente-cinq sonates de piano, six concertos idem avec orchestre, un quatuor idem avec violon, alto et violoncelle, plusieurs trios idem, onze rondeaux idem, plusieurs concertos pour clarinette et basson et symphonies concertantes pour ces instruments, variations pour clarinette, cor, basson et piano, dix quatuors pour des instruments à archet, environ deux cents Lieder pour voix seule et piano, quatre cents chants à quatre voix d'hommes, des danses pour l'orchestre et pour piano seul. Le total de ces œuvres est de deux cent quarante-quatre, non compris six cents Lieder et chants à quatre voix.

En 1829, Schneider fonda à Dessau une école de musique ou institut dans lequel on admettait des élèves pour l'harmonie, le contrepoint et toutes les parties de la composition vocale et instrumentale, le piano, l'orgue, le violon, le violoncelle, la clarinette, le basson, la flûte et le cor. De bons professeurs furent attachés à cette institution, et Schneider se chargea de l'enseignement de l'harmonie, de la composition de la mélodie, de l'instrumentation et de l'application de ces éléments dans les pièces de tout genre. Cette école subsista jusqu'en 1846. ... 

Considéré comme un des chefs de l'école allemande de l'époque actuelle, il doit particulièrement sa célébrité à ses oratorios, qui ont été exécutés dans les grandes fêtes musicales des associations du Rhin et de l'Elbe... 

[Suit une énumération de 38 items d'oeuvres publiées, où nous relevons l'oratorio Salomonis Tempelbau, la construction du Temple de Salomon]

Schneider a laissé en manuscrit plusieurs messes, des symphonies, un opéra intitulé : Alwins Entzauberung (le Désenchantement d'Alwin), représenté à Leipsick, en 1809, et diverses autres compositions instrumentales et vocales.

Schneider s'est fait connaître aussi comme écrivain didactique et comme théoricien par les ouvrages suivants [Suit une liste de 3 items]

Schneider était docteur en musique, membre de l'Académie royale des arts de Berlin, de l'Académie de musique de Stockholm, de la Société scientifique de la Lusace supérieure, de la Société des Amis de la musique des Etats de l'Autriche, et des associations musicales de la Suisse et de l'Alsace, de la société de Rotterdam pour l'encouragement de la musique, etc. Ce digne artiste est mort à Dessau, le 23 novembre 1853, à l'âge de soixante-onze ans et quelques mois. Il était décoré de plusieurs ordres. M. Frédéric Kempe, élève et ami de ce maître, a publié un volume intitulé : Fridrich Schneider als Mensch und Künstler. Ein Lebensbild nach Original-Mittheilungen, original. Briefen und Urtheilen namhalfter Kunstrichter bearbeitet (Frédéric Schnieder comme homme et comme artiste ; tableau de sa vie d'après des documents originaux, la correspondance autographe, etc.) ; Dessau, H. Neubürger, 1859, un volume gr. in-8° de XVI et quatre cent quatre-vingt-trois pages, avec un beau portrait de Schneider, deux lithographies, fac-similé, et un grand nombre de fragments de musique. 

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