Installation de la Loge de l'Humanité à l'Orient du Cap-Haïtien en 1841

Ce cantique, d'incipit Vous qui d'amour, de douce sympathie, est le premier qui figure (p. 11) au Procès-verbal de l'inauguration et de l'installation de la Loge de l'Humanité n° 26 à l'Orient du Cap-Haïtien, le 10 octobre 1841. Il se situe juste avant la très solennelle (voir plus bas) phase du rituel consistant dans la recherche du feu sacré (comme l'annonce le dernier couplet).

Le texte est du Frère Cliquot et la musique du Frère Laurent, qui s'en fit l'interprète.

A l'avant-dernier vers du premier couplet, vous posséder veut dire vous avoir parmi nous.

L'emploi répété du mot Humanité à chaque couplet évoque évidemment le titre distinctif de la loge.
Vous qui d’amour, de douce sympathie
Avez reçu l’heureux présent du ciel,
O nobles fils de la Maçonnerie !
Venez, venez en ce jour solennel.
Votre présence ajoute à l’allégresse,
Et de nos cœurs augmente la gaîté ;
Vous posséder, amis de la sagesse,
Honneur de plus, gloire à l'humanité.

Humanité, vertu des belles âmes,
Fille du ciel dont les brillants attraits
Savent en nous répandre mille charmes ,
De ce séjour fais ton temple à jamais !
Qui suit tes lois, sait bien chérir son Frère ;
Et sans orgueil, ni fierté, ni dédain,
Il secourt mieux que l’opulence altière,
Car c’est l’ami de tout le genre humain.

Que l’envieux nous déchire et ternisse,
Frères, rions, un jour il se taira.
Mais que le pauvre à jamais nous bénisse,
Est-il plaisir qui vaille celui-là ?
Qui peut, souillé de la fange des vices,
Du sot orgueil follement boursoufflé,
A tes autels offrir des sacrifices ? 
Humble déesse, ô tendre humanité !

O feu sacré ! viens, selon notre envie,
Sur notre autel briller à tous les yeux !
Ta vive flamme, ainsi qu’une magie,
En temple saint convertira ces lieux.
Etre éternel, approuve notre ouvrage,
Comble nos vœux en ta douce bonté !
L'amour du bien, voilà le pur hommage
Que t’offrira toujours l’Humanité

 Le rituel de la recherche du feu sacré

(pp. 11-12 du procès-verbal)

Après ce cantique, entendu avec plaisir, le Député G.·. Maît.·. dit au T.·. Ill.·. G.·. Maît.·. ad hoc :

« Le Souv.·. G.·. Maît.·. Titul.·. ayant placé sa confiance en vous, ces FF.·. vous prient d’installer leur Loge selon le rit et les anciennes coutumes de notre antique et honorable fratern.·. »

Le G.·. Maît.·. se lève et ordonne aussitôt de faire disparaître tous les feux prof.·. Ils sont de suite éteints. Ensuite il dit :

« Je vais à la recherche du feu sacré. VV.·. FF.·., premier et deuxième G.·. Surv.·., faites-vous remplacer pour m’accompagner ; et vous, Off.·. de la nouv.·. L.·., joignez-vous à nous. »

Le T.·. Ill.·. G.·. Maît.·. dirige ses pas vers la porte du Temple. Il est précédé du G.·. Maît.·. des Cérém.·. et suivi des autres Off.·.. Il en sort et se rend dans les parvis, où il trouve, sur une table, une bougie de cire vierge. Il fait jaillir la Lum.·., allume cette bougie et la remet au G.·. Maît.·. des Cérém.·..

Le G.·. Maît.·., après avoir fait trois fois le tour de la salle des Pas Perd.·., rentre dans le Temple, précédé du G.·. Maît.·. des Cérém .·. qui, par trois fois, prononce à haute voix: « Retirez-vous, profanes, voici le feu de la V.·. Lum.·. »

Ensuite le G.·. M.·. dit, en montrant cette étoile vierge : « Qu'elle soit l’aurore d’un beau jour et le précurseur de l’astre divin qui doit éclairer le nouveau Temple ! »

Une douce symphonie se fait entendre, et le canon annonce le précieux bienfait que vient de recevoir la nouv.·. L.·.. Pendant ce temps, le T.·. Ill.·. G.·. Maît.·. communique le feu aux étoil.·. placées sur l’autel, puis il l’envoie aux FF.·. premier et deuxième G.·. Surv.·. afin de le communiquer également aux étoiles de leurs Col.·. et aux cassolettes pleines de parfums.

Le G.·. Maît.·. des Cérém.·., reportant ensuite cette étoile brillante à l’Or.·., le G.·. Maît.·. la dépose dans le nuage élevé au-dessus de sa tête et prononce le discours …

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