Couplets chantés en Loge d'Adoption

C'est dans l'édition 1804 d'une publication profane qui a paru aux XVIIIe (de 1777 à 1793) et XIXe (de 1801 à 1806) siècles, intitulée Almanach littéraire ou Etrennes d'Apollon, que nous avons trouvé (pp. 112-3) ces (très épicuriens) Couplets chantés en Loge d'Adoption, sans mention d'air et quasi anonymes (ils sont signés A****).

Leur ton est celui d'un aimable marivaudage bien dans le style du XVIIIe (la date d'impression de 1804 n'exclut d'ailleurs aucunement qu'il puisse s'agir d'un texte plus ancien).

Claude-Jean-Baptiste Lucas de Rochemont (1765-1803) - dont nous n'avons trouvé aucune trace d'appartenance maçonnique - dirigea cette revue pendant les 4 premières années du XIXe siècle.

Nous n'avons pas trouvé d'autre édition de ces couplets.

      

COUPLETS

 

CHANTÉS EN LOGE D'ADOPTION.

 

Or, écoutez d'Epicure, 
Tendres sœurs, quelques leçons ;
Les amis de la Nature 
Sont frères et bons maçons. 
Auprès d'une femme aimable, 
Tout, disoit-il, est au mieux : 
Il aimoit à voir à table 
Jeune maîtresse et vin vieux.

 

Sur l'origine des hommes 
Il chercha la vérité ; 
Il vouloit que les atomes
Eussent créé la beauté. 
Ce païen savoit-il comme 
Pour vous former, chères sœurs, 
Dieu prit la côte de l'homme 
Endormi parmi les fleurs ?

 

On dit qu'en certain système, 
Cet ami de la gaîté 
Avoit de l'Être Suprême 
Nié la réalité. 
Si de son bruyant tonnerre 
Il se rioit chaque jour, 
C'est qu'on brave sa colère 
Sous les ailes de l'Amour.

 

Chacun de nous sacrifie 
Aux caprices du moment, 
Et notre philosophie 
Dépend d'un événement. 
Tel heureux près de sa dame, 
Eût frondé l'éternité, 
Qui, maltraité de sa femme, 
Crut à l'immortalité.

 

Vous, du myrte et de la treille 
Qui chérissez les plaisirs, 
Du lendemain que la veille 
N'épuise pas les désirs. 
Il tenoit ce froid langage 
Sur le déclin de ses jours. 
Las ! il parloit pour le sage, 
E[t] trop vite on l'est toujours. 

                                               A****. 

 

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