Réponse

(aux réformateurs ?) 

Cette réponse à la deuxième Santé figure aux pp. 34-37 du volume I des deux carnets Temps perdu d'Escodeca de Boisse, qui s'y livre à son passe-temps favori : proclamer, avec une autorité aussi intolérante que méprisante, toute son abomination pour les idées modernes, sujet auquel il consacre 6 des 7 couplets de cette philippique que - sans doute en tant que représentant du Suprême Conseil puisque cette deuxième Santé est traditionnellement celle de l'Obédience - il énonce dans sa propre Loge.

En 1837 déjà, dans son discours sur la régularité en franc-maçonnerie, prononcé lors de l'installation de la même Loge L'Avenir, Escodeca avait pourfendu l'influence d'une société corrompue qui ne sacrifie qu'à la vanité, à l'erreur, à l'égoïsme ; pour laquelle il n'y a plus ni foi ni croyance, et qui, dans la fièvre de désorganisation dont elle est dévorée, transforme tous les liens de religion, d'amour, d'humanité, en utopies et théories dangereuses ou en absurdités (on croirait lire le Syllabus de Pie IX condamnant les monstrueuses erreurs modernes)

Escodeca enfonce encore ici obstinément ce clou sur lequel, le même jour (11 Juillet 1841), il avait d'ailleurs déjà tapé dans sa chanson les Réformateurs.

Il démontre ainsi son incapacité - si contraire aux principes maçonniques mais si caractéristique de certains maçons imbus de leur certitude de détenir la Vérité - d'imaginer que quelqu'un qui ne partage pas ses idées puisse le faire pour d'autres raisons que déshonorantes.

Comme il n'y a pas de mention d'air, il n"y a aucune certitude que ce texte ait été chanté plutôt que simplement déclamé.

                     
 
          

Réponse

 

à la deuxième Santé (Loge de l'Avenir)

 

 

 

Frères, à ce banquet où l'amitié préside,
Où règne la décence, où le bonheur réside
Vous venez de former des souhaits fraternels
Et votre âme, livrée à la douce espérance,
Voit la Maçonnerie, éclairant l'ignorance,
Fonder partout de saints autels.

 

 

 

Les temps sont encor loin ! Dans le monde où tout passe
L'austère vérité comme une ombre s'efface
Et laisse prévaloir le mensonge et l'erreur.
La triste humanité incertaine et craintive,
Succombant sous le joug, n'aperçoit point la rive
Du flot qui roule avec fureur.

 

 

 

Mais dans ce long combat où triomphe le doute
Le sage studieux que personne n'écoute
Par d'utiles travaux prépare l'avenir,
Et tandis que la foule, incrédule, insensée,
Murmurant contre Dieu repousse la pensée
Lui, nous apprend à la bénir.

 

 

 

Que peuvent, dira-t-on,  les efforts d'un seul homme ?
Que peut sa volonté ? que peut son zèle ? ... comme
L'acier jadis poli, par la rouille rongé,
Ils doivent, impuissants, laisser marcher le monde
Dans le vice hideux et dans l'astuce immonde
Où les faux docteurs l'ont plongé !

 

 

 

Ce qu'ils peuvent ? Sauver ce que l'on veut détruire ;
Protéger la vertu ; fonder et reconstruire
Avec de sains débris le temple de l'amour ;
Déraciner l'erreur ; détruire l'égoïsme,
En propageant la foi combattre l'athéisme
Et le proscrire sans retour.

 

 

 

Car Dieu n'a point voulu que, toujours, sur la terre
Règnent les noirs complots, la discorde et la guerre
Ces fléaux destructeurs des générations.
Mais il veut que partout sa divine parole,
Baume réparateur qui guérit et console
Porte la paix aux nations.

 

 

 

Et nous, heureux enfants de la Maçonnerie
Qu'un vulgaire ignorant et condamne et décrie,
Travaillons sans relâche, en apôtres fervents,
Au bonheur des humains. N'ayons qu'un but, qu'une âme,
Un coeur pour nous aimer, et que Dieu nous enflamme
Loin des orages et des vents !

 

 

                    11 Juillet 1841

Retour au sommaire des chansons diverses du XIXe :

Retour au sommaire d'Escodeca :