Vengeance !

Cantique d'un élu à table

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Voici, extraite (pp. 109-111) de la Lyre de 1830, une fort irrévérencieuse chanson de hauts grades.

Même s'il fait partie de ceux-ci, Quentin semble ici prendre fort peu au sérieux les grades de vengeance, leurs protagonistes Elus et autres Kadosh, leur devise Vaincre ou mourir et leurs cordons et poignards à tête de mort et tibias entrecroisés ...



VEANGEANCE ! 

CANTIQUE D'UN ELU A TABLE.

 

AIR : Des fraises, des fraises.

QUAND Vattel pour du mouton 
Se fut ouvert la panse, 
Les chefs ont inscrit, dit-on, 
Sur leur bonnet de coton : 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Du grand maître qui n'est plus 
Quand on apprit l'absence, 
Sur le cordon des Élus 
Ces trois mots ont été lus : 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

De là, ces propos grossiers 
Sur notre ressemblance : 
« Les Élus sont cuisiniers ; 
« Les Mitrons sont chevaliers. 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Sur la mort et le poignard 
Ils fondent leur puissance ; 
Tremblez bœuf, porc, veau, canard,
Pour eux le meurtre est un art. 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

On voit dans nos actions
Ce point de divergeance, 
S'il faut que nous combattions 
C'est contre nos passions. 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Mais puisqu'en leur atelier 
C'est Comus qu'on encense, 
Fraternisons, sans souiller 
Vos mains à leur tablier
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Comparer à leur tisons
Le feu par excellence, 
C'est déverser les poisons 
Sur de bonnes liaisons
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Sur des fourneaux faisons donc 
Un traité d'alliance, 
Pour n'être pas le dindon 
Ne tirons pas du lardon 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Mais il nous faut obtenir 
D'altérer leur sentence ? 
Conservons « vaincre ou mourir, » 
Ils prendront « vivre et nourrir. » 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Des Francs-Maçons en effet 
Ils ont bien l'apparence 
Quand ils disent au poulet 
En l'écrasant du maillet
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Un bras exterminateur 
Vers nous, je crois, s'avance..,
Mes amis, n'ayez pas peur. 
C'est le bras du découpeur. 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Comme un vaillant cuisinier
Je puis faire bombance 
A jeûn depuis l'an dernier (1) 
Mon estomac va crier, 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Mais dans mon urne à grands flots 
Une source s'élance, 
Je suis fatigué des eaux 
A moi Champagne et Bordeaux : 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

Poudres, pâtés, à mes yeux 
Vous narguez l'ordonnance, 
Oui la vengeance en ces lieux 
C'est le vrai plaisir des dieux : 
Vengeance ! vengeance ! vengeance !

CH. QUENTIN. Élu

De la Philantropie, vallée de Saint-Quentin.

 

(1) L'auteur depuis un an est malade d'une gastrite.

Nous n'avons pas compris pourquoi Quentin attribue au mouton plutôt qu'à la marée le suicide de Vatel.

L'urne (cfr avant-dernier couplet) est le verre au Banquet des Elus secrets. La présence du mot source au même couplet fait peut-être référence au dialogue suivant chez les Elus des Neuf :

- Êtes-vous Chevalier Elu ? 

- Une caverne m'a reçu (ou : m'est connue), une lampe m'a éclairé, une source m'a désaltéré.

D'autres mots mis en italiques par Quentin font référence à un vocabulaire maçonnique moins spécifique : poudre pour vin, maillet (mais il s'agit ici de maillet à viande), ...

Le menaçant bras exterminateur évoqué par Quentin est sans doute à mettre en rapport avec le bras ensanglanté tenant un poignard qui figure (voir ci-contre) sur la bavette du tablier d'Elu des Neuf et qui signifie que les nôtres doivent être toujours prêts à frapper sur ce qui blesse et offense la vertu.

Voir ici sur l'air Des fraises, des fraises.

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