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QUi pourroit, sur l'Art des
Maçons,
Etre dans le cas de se taire,
Ignoreroit quelles leçons
Soutiennent cet Art salutaire.
Son jour suffit pour inspirer
Les sons qu'on lui veut consacrer.
Fouiller la vaste Antiquité
Pour découvrir son origine,
C'est marcher dans l'obscurité,
Que rien jamais ne détermine.
Il est, il a toujours été;
Car sans lui, qu'est l'humanité ?
Il fait vivre ces tems heureux,
Où l'aimable état d'innocence
Voïoit, sans soins laborieux,
Regner ici bas l'abondance.
Adam même fut donc Maçon,
Ou du moins digne de ce nom.
Zélé sans superstition,
Jamais son esprit ne murmure,
Dès qu'il voit la Religion
Conforme aux loix de la Nature.
Tout Patriarche fut Maçon,
Ou du moins digne de ce nom.
Moïse & tant d'autres Pasteurs
Ouvroient des routes différentes,
Pour former les hommes aux mœurs,
Et rendre leurs ames contentes.
Tout Apôtre fut donc Maçon,
Ou du moins digne de ce nom.
L'Antiquité vit ses Héros,
Ses Législateurs & ses Princes,
Conduits par les mêmes propos,
Veiller au bien de leurs Provinces.
Tout Grand-Homme fut donc Maçon,
Ou du moins digne de ce nom.
Dans une douce égalité,
Sans rang, sans titre, sans noblesse,
Le Maçon met sa liberté
A suivre en tout tems la Sagesse.
Tout Philosophe est donc Maçon,
Ou du moins digne de ce nom.
Pour montrer notre antiquité,
Pourquoi feuilleter les archives ?
Dans tous les tems, la vérité
Eut des images primitives.
Il fut donc toujours un Maçon,
Ou des gens dignes de ce nom.
O Siécle heureux! siécle charmant!
Où l'on a le plaisir suprême,
De voir l'assemblage éclatant
Du tablier, du diadême ;
Où chacun veut être Maçon,
Ou du moins digne de ce nom.
Quel doit donc être mon plaisir
De voir unis dans cette Loge,
Des hommes, dont chaque soupir,
De cet Art fameux fait l'éloge ?
Chacun d'eux est un vrai Maçon,
Qu'on connoit digne de ce nom. |