JAdis un juge criminel,
Au fupplice le plus cruel,
Par voie illégitime,
Avoir condamné fans raifon
A la mort un franc-maçon,
Innocent de tout crime,
Et de fa perte triomphant,
Il le conduifoit en chantant
Et bon, bon, bon,
que le vin eft bon,
A ma foif j’en veux boire.
Comme notre frere on menoit
Au fupplice qui l’attendoit,
Son roi vint à paroître,
Qui fe trouva être maçon,
Et à qui notre compagnon
Se fit d’abord connoître
Par les fignes que nous faifons,
Quand tous enfemble nous chantons
Et bon, bon, bon, &c.
Le roi s’informa à l’inftant
Du fujet, pourquoi & comment :
Il perca le myftere,
Et d’un grand courroux tranfporté,
Lui dit : Juge d’iniquité,
Tu juges à tort mon frere,
Sais-tu qu’affis à mon côté,
Enfemble nous avons chanté
Et bon, bon, bon, &c.
Le roi à cet inftant voulut
Voir que le juge fût pendu
Au bois triangulaire ;
Et pour être un figne aux maçons,
Il faifoit-là tout de fon long
Le perpendiculaire,
Tandis que le frere joyeux
Se mit à chanter de fon mieux
Et bon, bon, bon, &c.
Chers freres, d’un commun accord,
Muniffons-nous d’un rouge bord ;
Buvons d’un cœur fincere
Au maître & aux deux furveillans,
Que fur leurs fages réglemens
Cette loge profpere ;
Et pour tribut, comme aux maçons,
A leurs fanté trois fois chantons
Et bon, bon, bon,
que le vin eft bon,
A ma foif j’en veux boire.
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