1790

Cliquez ici pour entendre cet air, séquencé par Christophe D.

Il est un peu inhabituel de trouver une chanson maçonnique imprimée selon la forme généralement utilisée pour les productions de la chanson française.

C'est pourtant le cas de ce feuillet portant en titre La Franc-maçonnerie - cantique en forme de vaudeville - 1790.

Il était vendu 1 franc (mais il existait aussi une version avec accompagnement de piano, vendue 3 francs).

Les paroles (mentionnées comme posthumes) sont de Philippe Chauvin et la musique de Jules Dumont.

Ce dernier, domicilié 138 Boulevard Richard-Lenoir à Paris, est également l'éditeur.

Une autre adresse est également mentionnée : 1G, rue des Trois-Têtes à Bruxelles. Cette rue était la rue principale du quartier Saint-Roch, qui fut démoli dans les dernières années du XIXe pour faire place au Mont des Arts ; 1G est sans doute une faute de typographie car il y avait, encore en 1895, un libraire-éditeur (Manceaux) au 12 de cette rue (en 1897, il avait déménagé à la rue des Minimes).

Même avec ces renseignements, nous n'avons pu situer précisément ni l'un ni l'autre des auteurs. Nous avons cependant noté que Jules Dumont est également l'auteur des paroles, et l'"auteur-éditeur", de la chanson (vers 1880) la devise républicaine.

Les deux sous-titres cantique en forme de vaudeville et 1790 nous laissent également perplexe, car - même si, comme le style d'écriture d'ailleurs, ils ont quelques relents XVIIIe - il n'y est fait aucune allusion dans le texte lui-même. 

Mais en forme de vaudeville doit sans doute être pris ici dans le sens, non pas de chanson sur un air connu mais dans celui de chanson dont chaque personnage chante un couplet comme dans le vaudeville final (généralement aussi avec choeur) d'une pièce de théâtre : c'est bien le cas ici.

Le document n'est pas daté, mais ce qui précède permet d'estimer qu'il ne peut être postérieur à 1897. Peut-être 1890, auquel cas le sous-titre 1790 pourrait évoquer un centenaire (celui de la Révolution ?) ?

Mais en fait la paternité de Philippe Chauvin pour le texte est quelque peu usurpée : il n'a en effet fait que recopier, avec quelques modifications, un texte bien plus ancien (datant du début du siècle), qui porte la mention Paroles et Musique du Frère Billard, et qui figure aussi aux pp. 59-60 du Nouveau Code récréatif des Francs-Maçons.

On trouvera ci-dessous la comparaison du texte original et de celui de la présente édition. Il s'agit de modifications de forme, à part le remplacement des rois par Dieu comme image de l'architecte de la nature. La chose est aussi surprenante en cette fin du XIXe siècle que l'était, au début du même siècle, la mention des rois.

Texte original de Billard

Des doux accents de la Gaîté,
Que notre temple retentisse, 
Et qu'avec pleine liberté
Chaque frère se réjouisse.
Exaltons, en bons Francs-Maçons,
Notre chère Maçonnerie,
Car nous devons, à ses leçons,
L'heureux moment qui nous rallie.

 Le cercle que trace un compas, 
Des cœurs unis est la figure ;
Dans l'équerre, qui ne voit pas, 
Le symbole de la droiture ? 
Le niveau, dont l'utilité 
Est d'applanir toute surface, 
Nous montre que la vanité
Parmi nous ne peut avoir place.

 Il est, dans notre art enchanteur, 
Mille autres touchantes images,
Qui charment l'esprit et le cœur 
Des plus savans et des plus sages. 
Mais quand notre intime lien 
Serait son unique avantage, 
Ce serait à ce titre un bien 
Vraimant digne de notre hommage.

 La plus importante des lois 
De notre aimable architecture 
Est de révérer, dans les rois, 
L'Architecte de la nature ; 
De voir, dans le plus pauvre humain, 
Notre semblable et notre frère ; 
De lui tendre en tout temps la main, 
Et de soulager sa misère.

Texte attribué à Chauvin par Dumont

Des doux accents de la gaîté,
Que notre temple retentisse, 
Et qu'avec pleine liberté,
Chaque frère se réjouisse.
Célébrons, en bons Francs-Maçons,
Notre chère Maçonnerie,
Car
c'est par ses doctes leçons,
Qu'elle nous protège et nous lie.

 Le cercle que trace un compas, 
Des cœurs unis est la figure ;
Dans l'équerre qui ne voit pas, 
Le symbole de la droiture ; 
Le niveau, dont l'utilité 
Est d'aplanir toute surface, 
Nous montre que la vanité
Chez nous ne saurait avoir place.

 Il est dans notre art enchanteur, 
Mille autres touchantes images,
Ravissant l'esprit et le cœur 
Des plus savans et des plus sages. 
Mais,
amis, quand notre lien 
Serait son unique avantage, 
J'y verrais, à ce titre, un bien 
Méritant déjà cet hommage.

Ce qui fait chérir en tout lieu
Les lois de
notre architecture 
C'est que nous révérons en Dieu
L'architecte de la nature ; 
Nous voyons, en tout pauvre humain, 
Notre semblable et notre frère ; 
Toujours nous lui tendons la main, 
Et
nous soulageons sa misère.

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