Couplets

sur l'amitié

Nous ne disposons pas encore de fichier midi pour cette partition, et serions particulièrement reconnaissant à qui pourrait en établir un.

Ces couplets anonymes proviennent des pp. 6-8 du recueil d'Honoré. Nous n'en avons pas trouvé d'autre édition dans le chansonnier maçonnique. 

Mais il ne s'agit pas d'un texte proprement maçonnique : nous en avons trouvé (avec quelques différences) une version plus ancienne dans un recueil profane (pp. 44-6), le Mercure de France d'avril 1770, sous le titre La naissance de l'amitié et avec la mention par un officier d'artillerie. C'est cette version qui figure, en regard du fac-similé d'Honoré, dans la colonne de droite ci-dessous.

Il s'agit ici de montrer que, contrairement à l'Amour, l'Amitié est la meilleure compagne de la Sagesse et de la Vertu.

L'air Dans un verger Colinette est donné par la Clé du Caveau sous le n° 131. Il provient de l'opéra-comique Le Tonnelier (1770) d'Audinot (musique de Gossec, Philidor et Trial) qui en donne une partition équivalente.

                       
 

La Naissance de l'Amitié.

 

Dans son temple la Sagesse
Etoit, dit-on, seule un jour ;
Pour le dieu de la Tendresse
Chacun désertoit sa cour ;
De tout tems à la Sagesse
L'Amour a fait plus d'un tour.

 

« Quoi donc ! un enfant, dit-elle,
 » Contre moi viendra s'armer !
» Osons, pour vaincre un rebelle, 
» Comme lui, plaire & charmer ; 
» Rendons la vertu plus belle, 
 » Donnons-lui le don d'aimer.

 

» Tendre amitié, viens sourire
» A l'homme, à la terre, aux dieux !
» Que les cœurs soient ton empire
» Et tes temples tous les lieux !
» Qu'en toi l'univers admire
» Le plus beau présent des cieux. »

 

Elle dit : A sa parole
L'Amitié naît & sourit ;
Le Crime fuit & s'envole.
En chœur l'Olympe applaudit,
Et de l'un à l'autre pôle
Tout le globe s'embellit.

 

Sa beauté touchante & fiere
Du méchant blessa les yeux ;
Sa voix, mieux que le tonnerre,
Fit des mortels vertueux ;
Et le sage sur la terre
Ne se crut plus malheureux.

 

L'Amour lui rendit les armes
Et l'adopta pour sa sœur ;
Mais ses feux, nourris de larmes,
Ont encor quelque rigueur,
Et l'Amitié sans alarmes
Nous conduit seule au bonheur.

 

Amitié, que ta présence
Brûle mon coeur enchanté !
Fais moi chérir l'existence
Au sein de l'adversité !
Que ta pure jouissance
Soit pour moi la volupté !

Par un Officier d'artillerie

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