Quand on pendra la gueuse
Cette chanson, qui est devenue un hymne pour les Camelots du Roi (le bras armé de l'Action française), aurait été écrite par l'avocat Magnier sur l'air d'une chanson estudiantine paraît-il bien connue mais que nous n'avons pu identifier - et qui selon une page, où nous en avons trouvé le texte, du site Chants royalistes aurait à voir avec l'histoire du boulangisme.
Elle est essentiellement anti-républicaine mais, véritable appel à la violence meurtrière, elle se montre au passage (pour les Youpins / Ça s'ra cett' fois l'coup du lapin / A bas les météques / Et les Francs-maçons) particulièrement haineuse envers les juifs et les francs-maçons : l'éternelle obsession du complot judéo-maçonnique qui générera les crimes du régime de Vichy. De nombreux hommes politiques (auxquels renvoient des liens, pour autant que nous les ayons correctement identifiés) sont englobés dans cette détestation.
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Selon une page du site de l'Assemblée Nationale que nous citons ici, « La Gueuse » était le terme employé par les monarchistes pour désigner la République française. Le Grand Dictionnaire encyclopédique de la langue française (tome 5, p. 5043) en fait remonter l'emploi au 24 mai 1873 : ce jour-là, à l'Assemblée nationale, le général Changarnier (1793-1877), député royaliste, aurait dit, en soutenant une interpellation qui fit tomber Thiers : « Il n' y a plus qu'un léger effort à faire pour enterrer la Gueuse. »
I
Quand on pendra
la gueuse au réverbère
Tout l'monde rigol'ra
Tout Paris dans'ra.
On illumin'ra dans la France entière
Et pour les Youpins
Ça s'ra cett' fois l'coup du lapin
A bas les météques
Et les Francs-maçons !
Qu'on les foute à l'eau
Dans l'pays des poissons
Briand nag'ra
Comme il a la manière
Et Painl'vé boira ;
Son ventr' s'emplira ;
On verra sur le dos flotter
Doumergue
Et les députés
S'en aller comme les chiens crevés.
II
Quand l'Duc de Guis' viendra régner en France,
Y'aura plus d'mouchards,
Y'aura plus d'fichards,
Caillaux,
Malvy se tordront dans les transes
Et le Merguedou
De l'Elysée fil'ra tout doux !
On pend'ra les traîtres !
On enverra paître
Poincaré,
Mill'rand, solennels cornichons.
Avec Mark-or iront à Charenton
Gustav' « la Victoire »
Et Valois « la Foire » !
En portefeuille, on mettra Dubarry,
A Giafferi
La ferme ! Au saloir, l'gros Téry !
III
Les Frèr'
Trois-Points de la veuve
Publique Gavés et repus,
Nous n'en voulons plus !
Tous les coquins vivant de politique
Sans trêv' ni procès
Rendront leurs comptes aux bons Français !
Vive la Patrie !
Meur' la Maçonnerie !
La gueuse est malade et nous aurons sa peau !
Nous te ferons de dignes funérailles
Fille sans entrailles.
Pour venger l'drapeau
Cam'lots du Roi ; tous présents, tous debout !
La Gueuse à l'égout !
Elle s'y trouv'ra bien à son goût !
IV
Pour balayer les
gens d'la République
Camelot vas-y
Pas besoin de fusil !
C'est des étrangers
Ces lascars là, ça s'nettoie à coups d'trique !
Faut les secouer !
Faut pas t'gêner !
A bas la Marianne,
La fille à Bismarck
La France est à nous, la France de Jeanne d'Arc !
Aux camelots déjà partis en guerre,
Tout le monde se joindra
Tout le monde y viendra
Not' Roi sera le roi des prolétaires,
Le Roi des paysans,
D'tous les Français, d'tous les brav'gens !