O Trinité

Chanson Compagnonnique

Cliquez ici pour entendre le fichier midi de cette très entraînante partition, séquencé par B. A.

Cette chanson, même si elle est évidemment compagnonnique, est traditionnellement chantée lors de la cérémonie du second degré dans certaines Loges, dont une de la Grande Loge de France à Pont de Vaux (Ain).

Selon le Chansonnier des Compagnons du Devoir (Association Ouvrière des Compagnons du Devoir) dans son édition de 1989 (p. 167), cette chanson très connue est l'oeuvre de Galibert, Dauphiné la Clef des coeurs, compagnon tisseur-ferrandinier (i.e. ouvrier en soie) du Devoir, et a été écrite entre 1865 et 1875 avec pour titre O vieux Devoirs, vous serez éternels. Elle fut chantée lors du premier banquet des Anciens compagnons des Devoirs réunis, à Vienne (Isère) et a été publiée dans le recueil Chansons des Compagnons tisseurs-ferrandiniers du Devoir (Vienne, 1876).

Ce même chansonnier, dans son édition de 1996, en donne (pp. 117-9, voir ci-dessous image de la partition et texte) la version originale, intitulée O vieux Devoir, tu seras éternel, et précise qu'elle est parue dès 1858 dans le Chansonnier du Tour de France d'Agricol Perdiguier : on peut effectivement la trouver sur le site BNF-Gallica ; l'air y mentionné (il correspond à la partition ci-dessous) est Sonnez, clairons, la gloire nous appelle

La version au pluriel (du mot Devoir dans le titre), qui est toujours chantée lors des fêtes et réunions de compagnons, est donc bien postérieure et s'est imposée dans les années 1870, au moment du grand mouvement de réconciliation des compagnons.

Elle montre en tout cas que, pas plus que les maçons, les compagnons n'ont échappé à la tentation des "origines légendaires" liées aux Templiers (Maître Jacques est parfois assimilé à Jacques de Molay) ...

O Trinité planant sur le saint Temple,
Jacques, Soubise, ô grand roi Salomon !
Votre ombre ici peut-être nous contemple,
Touchez ma lyre et dictez ma chanson.
Sans divulguer un seul de nos mystères,
Je veux montrer que l'ordre du Devoir,
Comme le monde aussi vieux déjà, frères
Autant que lui vivra, j’en ai l’espoir.

(Refrain)

Dignes doyens du beau compagnonnage
Le verre en main, répétez dans vos chants :
Le beau Devoir passera, d’âge en âge
Jusqu'aux enfants de nos petits-enfants.

Ces simples mots : Mystère et Poésie,
Pour le Devoir ambrasent bien des cœurs !
Venu jadis de la mystique Asie
Le beau Devoir poétisa nos mœurs.
Cet Ordre saint, source de notre ivresse,
Jérusalem, frères, fut son berceau.
Ils sont bien vieux et, pourtant, la jeunesse
Se presse encore sous son noble drapeau.

(Refrain)

Qu’est devenu le grand ordre de Malte ?
Vous, Templiers, nés jadis parmi nous ?
Par la pensée, ici donc faisons halte ...
Ordres puissants, mais où donc êtes-vous ?
Ils ne sont plus ! Interrogez l’histoire :
Un roi brisa leur institution ;
Ce roi jaloux de leurs biens, de leur gloire,
Les a punis de leur ambition !

(Refrain)

Les Templiers rêvaient grandeur, puissance :
Nous, nous rêvons travail, fraternité ...
Tout le secret de ta longue existence,
O vieux Devoir, c’est ta simplicité !
Des ordres vains, autrefois si splendides,
Nés après vous, beaucoup n’ont plus d’autels ...
Toujours assis sur tes bases solides
Toi, vieux Devoir, tu seras éternel !

(Refrain)

Vieux Compagnons, le temps grise vos têtes,
Mais par le cœur nul de vous n’est vieilli ;
Pour le malheur, ainsi que pour les fêtes,
Chez vous toujours le cœur a tressailli.
Ah ! Dauphiné-la-Clef-des-Cœurs espère
Vieillir ainsi chez les Ferrandiniers.
Et si son chant n’est pas trop téméraire.
Applaudissez, et chantez les premiers.

(Refrain)

ci-dessous : la Trinité planant sur le saint Temple selon la tradition compagnonnique : Maître Jacques, le Père Soubise, le roi Salomon.

 

 

 

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