La franc-maçonnerie en 1869

 Cliquez ici pour entendre (en version comprimée) le début de la chanson les Voraces lyonnais, dans l'enregistrement (références ci-dessous) de Gérard Truchet

Cette chanson de décembre 1869 - sans doute préparée pour un banquet de Saint-Jean d'Hiver - est une des deux chansons maçonniques insérées par Ballande-Fougedoire dans ses Poésies sur Couze et la Franc - Maçonnerie. Elle témoigne à la fois de l'illusion - que la guerre allait cruellement détromper quelques mois plus tard - internationaliste et pacifiste entretenue à l'époque, et de la confiance dans le rôle émancipateur de la maçonnerie dans le monde, dans la foulée de la Révolution française.

Thiers, Décembre 1869.

LA FRANC-MAçONNERIE EN 1869

Air : du Prolétaire de Béranger ou en avant les Voraces, vive la Liberté

Mes frères voici le grand jour ;
La Franc-Maçonnerie
A chaque peuple tour à tour
Doit prêter son génie.
C'est le grand jour solennel,
C'est le banquet fraternel.

REFRAIN :

C'est la grande famille
L'espoir de toute nation,
Les Brûleurs de Bastille
Sont hommes d'action,

Mes frères le voile est tombé
Quelle heureuse surprise,
Tout peuple est donc émancipé,
Notre oeuvre est donc comprise
Et l'avenir des humains
Est désormais dans nos mains.

C'est la grande famille, etc.

Tous les peuples se comprendront
Et vivront tous en frères,
Comme un seul homme ils détruiront
Guérites et barrières.
Le passé n'a pas menti
Nos pères l'avaient prédit.

C'est la grande famille; etc.

Pour le bien de l'humanité,
Voulant la paix sur terre,
Les Franc-Maçons ont protesté
Contre l'art de la guerre,
Tellement ils ont horreur
De ce fléau destructeur.

C'est la grande famille, etc.

Ce grand progrès se produira
Sans que l'homme n'y touche,
Ce grand bienfait s'accomplira
Sans brûler la cartouche.
Tous les peuples renaissants
Seront très-reconnaissants.

C'est la grande famille, etc.

Mes frères veillons constamment
Au salut de la France,
Servons bien le Gouvernement
Pour notre indépendance ;
Que les braves gens surtout
Vivent, pensent comme nous.

C'est la grande famille, etc,

Deux airs sont proposés, le Prolétaire de Béranger ou en avant les Voraces, vive la Liberté.

Nous n'avons pas trouvé d'air que Béranger ait intitulé le Prolétaire. Il existe par contre une chanson de ce nom, qui se chante sur l'air d'Adam (extrait de Guillaume Tell, 1828) Verse, verse le vin de France, mais elle est d'Agénor Altaroche (1811-1884) et la métrique ne semble pas correspondre. 

L'autre air proposé, En avant les voraces ! Vive la liberté ! est le refrain de la chanson républicaine (1848) du caricaturiste lyonnais Gilbert Randon (1814-1884), Les voraces lyonnais, qui fait allusion aux événements de cette année-là auxquels participèrent lesdits Voraces. Ici, la métrique correspond parfaitement.

Il en existe un enregistrement par Gérard Truchet sur le CD ATLAS n°17 : "Les pentes de la Croix- Rousse" édité par le CMTRA (centre des Musiques traditionnelles Rhône-Alpes).

C'est grâce à l'obligeance de cette association que nous avons pu faire figurer sur cette page un extrait de cet enregistrement, ainsi que l'image ci-dessous (qui illustre la prise du Fort Saint-Laurent).

On remarque à cette image que l'air y mentionné est Eteignons les lumières

Cette phrase est un des vers du refrain de la chanson de Béranger (1819 ; c'est une des chansons qui valurent la prison au chansonnier) les Missionnaires, qui se chante, comme Le célibataire et La bouquetière et le croque-mort, sur un air attribué à Grétry sous le titre (1788) Eh (ou : gai, ou : Ah) le coeur à la danse :

C'est bien - à quelques petites différences près - cet air que vous pouvez entendre sur la présente page.

ci-dessous : caricature de Grandville pour les Missionnaires, dans le recueil Musique des chansons de Béranger publié à Paris (chez Perrotin) en 1853 (6e édition) :

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