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Le missionnaire Franc-Maçon
Quand sur l'Europe alarmée,
Des ténèbres l'ange noir
Dirige la triste armée
Des appuis de l'éteignoir,
Nous, enfans de la lumière,
Sans haines et sans chagrin,
Courons la terre entière
En chantant ce refrain:
Aimons-nous,
Aidons-nous,
Songeons que le sage
Sert l'humanité,
Pour honorer la déité;
A Bacchus,
A Vénus,
Offrons notre hommage ;
Il doit plaire au ciel
L'encens brûlé sur leur autel. |
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N'allons point d'un air austère
Proscrire danses et chants,
Dieu sourit comme un bon père
Au bonheur de ses enfans.
Ne troublons pas du village
Les plaisirs, la douce paix,
Mais, sous le vert feuillage,
Chantons en buvant frais :
Aimons-nous, etc.
Ne lançons pas l'anathème
Contre tout digne français,
Qui, de la France qu'il aime,
Défend bien les intérêts ;
De l'église maçonnique,
C'est un fils tendre et soumis ;
Seul, il est hérétique
Le traître à son pays.
Aimons-nous, etc.
Pour le gîte, un pauvre insiste
A la porte du couvent,
Avec un "Dieu vous assiste,"
On l'éconduit poliment ;
Mais qu'il heurte à la chaumière
Qu'habite un pauvre Maçon,
A son humble prière
En ouvrant, on répond:
Aimons-nous, etc.
J'accoste un jour ces bons pères,
Qui s'en vont plantant des croix :
"De ce vin, mes chers confrères,
Gai! Buvons par trois fois trois." |
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Aimable effet du Madère,
Au lieu d'un Alleluia,
Me faisant remplir son verre,
L'un d'entre eux s'ecria:
Aimons-nous, etc.
Une dévote gentille,
Pleurait un galant péché ;
Le coeur de l'aimable fille
Dans le mien s'est épanché.
Je calmai d'une âme tendre
La crainte, en bon directeur ;
Même on put nous entendre
Tout deux chanter en choeur :
Aimons-nous, etc.
Toi ! Qu'en ses erreurs profondes
Le profane méconnait,
Grand Architecte des mondes,
Exauce notre souhait !
Que sur les deux hémisphères,
Les peuples à l'unisson,
Chantent, formant en frères
La chaîne d'union :
Aimons-nous, etc.
J. Quantin. |