Eloge de la maçonnerie (Bruxelles, 1798)

 

Cette pièce est une des nombreuses qui ont été interprétées lors de l'inauguration de la Loge bruxelloise des Amis Philanthropes, le 1er décembre 1798.

Il s'agit, selon la Planche tracée de cette inauguration (pp. 36-7), d'un cantique chanté, dans l'intervalle des Santés, par le Frère Lannoi, Maître, en vue de manifester son zèle et l'expression de ses sentiments.

Le thème classique de l'éloge de la maçonnerie y tourne caricaturalement au dithyrambe : si l'on en croyait ce Frère Lannoi, on en viendrait à l'idée que, en dehors de la maçonnerie, point de salut ... N'affirme-t-il pas en effet (couplet 3) que sans prendre l'habit de frère jamais on ne parvient à être bon mari, bon père et bon citoyen et (couplet 4) que la divine lumière n’éclaire que le franc-maçon ?

A noter aussi la minuscule à dieu, et, à l'avant-dernier couplet, un éloge fort appuyé (et en totale contradiction avec les bons conseils de tempérance qu'on trouve régulièrement dans le chansonnier maçonnique) d'une gaité si alcoolisée qu'elle échappe au contrôle de la raison.

Il n'y a aucune indication sur l'air.

                 

Si dieu descendait sur la terre
Pour y faire aimer les vertus,
Ce serait dans ce sanctuaire,
Qu’il en verrait les attributs ;
Chacun de nous offre l'exemple,
Qu'il proposerait pour leçons ;
Mais il choisirait pour son temple
La demeure des francs maçons.

 

 

 

 

 L'humanité, la bienfaisance,
Dans cet asile font les lois ;
Et sous l'habit de l’indigence,
On en pratique tous les droits.
Il faudrait pour le bien du monde
Et pour mille bonnes raisons ;
Que dans tous les endroits on fonde,
Des familles de francs-maçons.

 

 

 

 

 Pour être bon mari, bon père,
Et pour être bon citoyen ;
Il faut prendre l'habit de frère,
Sans quoi jamais on n'y parvient ;
Avoir des mœurs irréprochables,
L’âme sensible, le cœur bon,
Voila des moyens convenables
Pour être excellent franc-maçon.

 

 

 

 

 Loin de nous tout homme profane,
Qui contre nous forme des vœux ;
Son cœur ne fut jamais l’organe,
D’aucun sentiment généreux,
A la vieillesse, à la misère
S'il refuse le moindre don,
C'est que la divine lumière
N’éclaire que le franc-maçon.

 

 

 

 

Bacchus ! ô toi qui de la treille ,
Protège les fruits savoureux
D’une réunion pareille,
Viens aussi resserrer les nœuds ?
Que ta douce et tendre folie
S’empare de notre raison,
Et que chaque mortel envie 
Le bonheur d’être franc-maçon.

 

 

 

 

Honneur à notre vénérable,
Père de la société ;
Que son humeur toujours aimable,
Redouble encor notre gaîté,
Que les vertus dont il abonde
Soient le refrain de nos chansons :
Et que chacun boive à la ronde
A la santé des francs-maçons.

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