Une
chanson des Vrais Bataves de Dunkerque
En 1787, l'intervention armée de l'Angleterre et de la
Prusse interrompit la révolution
batave dite révolution des Patriotes (de tendance démocratique
et républicaine, sous l'influence de l'esprit des Lumières). De nombreux Patriotes
s'exilèrent, notamment en Belgique et en France, dans la région de Dunkerque et à Paris.
En 1795, l'invasion française permettra leur retour et l'instauration de la république
batave.
(d'après Wikipedia)
Le 1er décembre 1788, la
Chambre des Provinces du Grand Orient écrivit à la Loge de Dunkerque l’Amitié et Fraternité :
Les événements qui ont forcé un grand nombre de maçons hollandais à s’expatrier doivent être un motif de plus pour les maçons français de les accueillir. L’impossibilité où la plupart d’entre eux ont été de se munir d’attestations maçonniques à cause de leur fuite précipitée occasionnée par les troubles de leur patrie ne doit pas être un obstacle à ce que les portes de votre Temple leur soient ouvertes. Il suffit que vous preniez les précautions nécessaires pour vous assurer jusqu’à quel point ils sont initiés à nos mystères. Alors certains de leurs connaissances dans l’Art royal, vous pouvez sans nulle crainte les admettre à vos travaux.
(source : l’article de Daniel Kerjan
Les fondements idéologiques du Grand Orient de France à la fin du XVIIIe siècle paru dans le n° 298 (2013/1) de la revue Humanisme du Grand Orient de France).
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à
Dunkerque, une loge maçonnique d'exilés patriotes hollandais fonctionna sans
interruption de mars 1790 à février 1795 : tel est le sujet de l'ouvrage
d'Arille M. J. Chevalier, L'exil des patriotes hollandais en France et la loge maçonnique "Les vrais Bataves" (1790-1795) à l'Orient de
Dunkerque.
Dans l'article
d'Anton van De Sande, « Une ambition nationale louable ». Les francs-maçons et la république batave,
paru dans le n° 326 (octobre-décembre 2001) des Annales historiques de la Révolution française,
on peut lire à ce sujet :
Il y avait par exemple une loge en France, peuplée de réfugiés
néerlandais, qui a survécu à la Terreur et qui, contrairement aux frères français,
a su résister à la répression ... Quelques patriotes réfugiés en France avaient créé à Dunkerque la loge
des Vrais Bataves, qui, dès sa création en 1790, comptait 34 membres. À
l'automne 1792, quand les Français se préparaient à émanciper du joug
monarchique le reste de l'Europe, quelques officiers de la Légion batave y
furent admis. Durant la campagne de l'année suivante, ils fondèrent une loge
ambulante sous le nom de « Liberté, Égalité, Fraternité » ... Par refus du régime stadhouderien, les loges d'exilés
s'étaient soumises dès leur création à l'autorité de la Grande loge française.
Plus tard, en 1797, les Vrais Bataves se rebaptisèrent « Waare Bataven » et se
placèrent sous l'autorité du Grand maître néerlandais ...
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On trouve aussi
des données à ce sujet dans l'article
de L. Lemaire intitulé la Vieille Franc-maçonnerie dunkerquoise et
publié en 1930 par le Bulletin de l'Union Faulconnier, et notamment ceci
:
[p. 116] A la fin de 1789 s'installe une dernière loge composée
uniquement, d'éléments étrangers : « En 1790 plusieurs réfugiés Hollandais supplièrent le vénérable frère
Emmery d'intercéder pour eux, près du Grand Orient afin qu'ils pussent se constituer en association à Dunkerque.
La recommandation eut plein succès, et trois membres, députés par l'Amitié et
Fraternité, installèrent,
le 7 Avril, la nouvelle Loge sous le titre distinctif des VRAIS BATAVES en lui remettant ses constitutions
fondamentales ».
[p. 119] Seule la loge « LES VRAIS BATAVES » subsiste quelque
temps encore. Le 21 Mars 1792, ses membres demandent au G.O. que leur atelier soit déclaré « ambulant » car des temps meilleurs étant revenus, ils désirent
le transporter dans leur patrie ». Ils ne quittent cependant pas Dunkerque ... Finalement, la loge disparait à son tour — car les
réfugiés se sont dispersés ou ont regagné leur pays. Cette dissolution ne se fit toutefois qu'à la fin de 1794,
car nous connaissons un diplôme délivré en cette année (NDLR : la loge
rouvrit bientôt à La Haye, en 1795 selon cette page).
[p. 120 : citation d'une lettre du 21 mars 1792]
La liberté rendue a tant de nations, les armes de la République française pénétrans jusqu'au dernier asile des
tirans, et enfin la promesse sacrée de cette généreuse nation de vouloir aider tous les peuples à se rendre libres, s'ils en montrent seulement le désir ; toutes ces considérations T.T. C.C. F.F., font revivre notre espérance que nous planterons aussi bientôt, après un exil de plus de cinq ans, l'arbre de la
Liberté dans le centre de notre patrie ; mais puisque ce temps s'approche, il est de notre devoir de penser à ce qui concerne
le bien de notre R.L. à l'époque de notre prochain départ. Le zèle pour l'Art Royal, la concorde et la fraternité ont fait une liaison si étroite parmi les membres de notre Loge, que nous désirerions le plus ardemment de continuer dans notre patrie nos travaux, de la même manière que nous avons pratiqués ici.
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Dans les annexes
de cet article, on trouve (p. 138)
la chanson suivante, qui selon Lemaire fut, par un membre de la loge, composée en 1793 ... pour stimuler l'ardeur de ses concitoyens
quand la ville se voit menacée d'un siège (NB : la ville fut
effectivement assiégée à partir du 23 août par les Anglais mais libérée le
8 septembre par la victoire
de Hondschoote).
Il ne s'agit
évidemment pas, par son contenu, d'une chanson maçonnique à proprement
parler, mais d'une chanson patriotique ; c'est son origine qui justifie sa présence sur ce site.
On remarquera la
maladresse de la rédaction, traduisant le fait que le rédacteur doit être un étranger ne maniant qu'imparfaitement la langue.
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CHANSON
DES CITOYENNES DUNKERQUOISES
Dédié à l'illustre Loge
Les Vrai[e]s
Bataves
à Dunkerque, par un de ses membres
Braves Dunkerquois
Défendez vos droits !
Défendez la ville aussi nos vies (bis)
Vous serez vainqueurs.
Vous aurez l'honneur
De bien mériter de la Patrie (bis).
Si l'on veille bien
L'Ennemi en vain
Tâchera, Héros !, de vous surprendre (bis)
Si chacun de vous
Fait le choix si doux
De mourir plutôt que de se rendre (bis)
Défendez nos droits !
Défendez nos Lois !
Repoussez les fers de l'Esclavage (bis)
Rendez nuls les plans
De ces vils Tirans
Qui n'aspirent qu'au vol, qu'au carnage (bis)
Marchez donc au feu.
Le feu n'est qu'un jeu
Pour vous qui volez à la victoire (bis)
Vous, Héros !, serez
Bientôt couronnés
Par notre beau sexe, notre gloire (bis)
Que notre Nation
Chante ce[tte] chanson,
Que vous exposiez pour nous la vie (bis)
Que les Dunkerquois,
En battants les Rois,
Ont bien mérités de la Patrie (bis)
Dunkerque, de l'Imprimerie de
Van SCHELLE et Comp. |
Il n'y a pas de
mention d'air. Les deux premiers vers font bien un peu penser au Valeureux
Liégeois, marchez à ma voix composé en 1790 dans des circonstances
analogues, mais la métrique diverge par la suite.
La résistance de
Dunkerque fit l'objet d'une autre chanson patriotique sur cet air,
qui a été utilisé par d'autres chansons maçonniques.
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