Frères de cette table

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Ces trois fichiers ont été séquencés par Christophe D.

Cette chanson figure (pp. 261-2, reproduites ci-dessous) dans le chansonnier lausannois de 1779. C'est une des quelques-unes de ce chansonnier qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. 

C'est une chanson à boire, d'un style rustique et d'une mentalité simplette, qui tranche d'ailleurs sur les habitudes du chansonnier du XVIIIe par un ton agressif et méprisant (plutôt que simplement critique) envers les profanes (couplet 2), les femelles (couplet 3 ; l'emploi d'un mot aussi trivial est absolument exceptionnel dans le chansonnier de cette époque, qui en général se confond en témoignages d'affection et d'admiration envers l'autre sexe ... même quand ce n'est que pour l'exclure) et la logique (couplet 4).

On remarquera la métrique irrégulière des couplets autres que le premier, ainsi que la pauvreté de certaines rimes.

Au 4e vers du 3e couplet, Nous sommes frères, nos rivaux est manifestement un lapsus calami qui introduit un contresens. Cette erreur a d'ailleurs été logiquement corrigée à l'édition 1783 (p. 327) en Nous sommes frères, non rivaux.

Nous n'avons trouvé aucune référence au terme banoco qu'on trouve au dernier couplet (Nous abhorrons tous sillogismes qui se font en banoco). Par contre baroco est un terme désignant précisément un type de syllogisme, et il s'agit sans doute encore ici d'un lapsus (mais qui, sans doute parce qu'il est moins voyant, n'a pas été corrigé à l'édition suivante).

L'air Ami[s] que nous importe ne figure pas à la Clé du Caveau, mais nous l'avons trouvé ici (avec une deuxième voix en vis-à-vis ici) dans un recueil daté de 1649.

 

 

  CHANSON

 

Sur l'air: Ami que nous importe.

 

FRères de cette table,
Bannissons le chagrin,
Et d'un ton agréable,
Chantons tous ce refrein,
En tirant à la ronde,
Munis de nos canons,
Qu'est le reste du monde, 
Auprès des Francs-maçons.

2.

Tous armés de nos verres ,
Remplis d'une vive ardeur,
Aux prophanes faisons la guerre,
Faisons-là de grand cœur,
Réduisons-les en poudre,
Et sur eux par éclat,
Jupin ! lance ta foudre !
Vive, vive ce fracas.

3.

Chez nous jamais l'envie,
N'a troublé nos travaux,
Chez nous point de jalousie,
Nous sommes frères, nos rivaux,
Nous renonçons aux femelles,
En bons frères Maçons,
Nous vuidons nos querelles
Tirant en paix nos canons.

4. 

Chez nous point de sophismes,
Chez nous jamais d'ergo,
Nous abhorrons tous sillogismes,
Qui se font en banoco,
Nous méprisons ces sciences,
Et tirons tout simplement,
Nos preuves & nos conséquences,
Du fond même du sentiment. 

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