Le recueil de Lausanne
ABRÉGÉ de l'histoire de la Franche-Maçonnerie, Precédée et suivie de quelques pièces en vers & en prose, & d'anecdotes qui la concerne, d'un Essai sur les Mystères et le véritable objet de la confrérie des Francs-Maçons, auquel on a joint un Recueil complet des chansons dont ils font usage dans leurs assemblées & dans leurs repas, Rédigé par un membre de cet Ordre.
A Londres, Nous avons pu voir deux éditions (au contenu identique, mais à la présentation différente) de cet ouvrage, l'une de 1779 (à laquelle nous nous référons ici pour la pagination), l'autre de 1783. Elles sont annoncées comme publiées à Londres, mais disponibles chez un libraire de Lausanne : en fait, comme l'a montré l'étude Fleuron, elles ont bel et bien été imprimées à Lausanne (chez Abraham-Louis Tarin), et l'indication Londres n'est sans doute qu'une prudente couverture. Lalande, premier Vénérable des Neuf Soeurs, est aussi l'un des premiers historiens de la maçonnerie. Son texte, publié initialement dans l'Encyclopédie, fit l'objet de plusieurs versions. C'est l'une de celles-ci qui est mise en vedette sur la page de couverture, alors même qu'elle n'occupe que 14 pages (21-34) sur les 272. |
L'ouvrage contient également d'autres textes sur la maçonnerie qui lui sont attribués :
le discours Excellence de la Maçonnerie (pp. 11-14)
un discours sur Sagesse, Force, Beauté (pp. 14-20)
et (pp. 35-55) un Essai sur les mystères et le véritable objet de la confrérie des Francs-maçons (Lettre à Mr. De la H * *).
Par contre, l'essentiel de ce volume est en fait occupé par un recueil de poèmes et chansons maçonniques, qui en couvre 211 pages (de 56 à 266) à l'édition 1779 et 262 (de 72 à 333) à l'édition 1783 (le contenu est le même, mais la mise en page diffère).
Ce recueil commence par reproduire exactement, intégralement, et dans le même ordre, tout un recueil (celui que nous avons désigné par le code B) de Jérusalem de 1752 (y compris l'Epître dédicatoire à Mr. I. L. C., Très-Vénérable Maître de la Loge de Saint-Jean de la Discrétion, et la Préface allégorique qui le commencent - mais ici ces deux pièces viennent en tout début de l'ouvrage, et non en tête des poèmes et chansons). On notera cependant une nouveauté dans les poèmes, la longue (pp. 60-65) Ode sur la modération et la sagesse.
A partir de la p. 200, on s'écarte de ce copier-coller : les chansons suivantes sont, soit reprises d'un des nombreux recueils apparentés antérieurs (le plus souvent celui de Sophonople ou d'autres comme les recueils dits de Jérusalem ou le Nouveau Recueil de discours et chansons maçonnes, à l'usage de toutes les Loges régulières), soit même nouvelles à notre connaissance (c'est-à-dire que, à part quelques-unes qui figurent également à l'ouvrage de 1775, L'adoption ou La maçonnerie des femmes, nous n'en connaissons pas d'édition antérieure - ce qui ne veut pas dire qu'il n'en existe pas !) : ces chansons nouvelles sont au nombre de 22, et ce sont elles qui font l'intérêt de ce volume.
En voici la liste :
Page | Titre indiqué | Incipit | Air |
212 | Chanson pour la Loge des Dames | De pied en cap Minerve armée | Vous qui du vulgaire stupide |
220 | Chanson nouvelle par G, de la Persévérance | Accourez tous enfants de la lumière | Tom Jones |
222 | Chanson nouvelle par G, de la Persévérance | Allons frères que parmi vous | L'amour est de tout âge |
223 | Chanson nouvelle par G, de la Persévérance | Il est un temple sur la terre | Je croyais qu'en aimant Colette |
225 | Chanson nouvelle par G, de la Persévérance | Vérité, descends sur la terre | D'une austère philosophie |
226 | Le songe d'un profane par G, de la Persévérance | Illustre maçon, ami si discret | différents airs de Noël |
230 | Chanson nouvelle par G, de la Persévérance | A l'atelier je viens avec courage | Tom Jones |
232 | Chanson pour la Loge des dames par G, de la Persévérance | Nous goûtons dans cette loge | La vertu douce et tranquille |
236 | Le suisse entrant en loge | Pont jour vénérable | Du Noël suisse |
237 | Menuet en duo par le Frère G* | Dans vos fêtes qu'ici vous faites | Quel caprice |
238 | Menuet en duo par le Frère G* | Non non non sors de ces retraites | Quel caprice |
244 | Chanson | Dans les fêtes éleusiennes | Vous qui du vulgaire stupide |
247 | Chanson par le Vénérable Frère B* | Voilons à tout œil téméraire | Exempt des erreurs du vulgaire |
249 | Chanson | Chantons les nœuds qui nous unissent | Du moindre rang au Diadème |
250 | Chanson chantée par une maçonne en loge | Tout à mes yeux se renouvelle, mes soeurs | Vive, vive, vive à jamais |
253 | Chanson | Le vrai bonheur des francs-maçons n'est connu | De Joconde |
254 | Chanson pour la Loge des dames | Tout à nos yeux se renouvelle, on reconnaît | Les maçons ont de tous les temps |
256 | Chanson | Des maçons les règles parfaites | Vaudeville d'Epicure |
257 | Chanson pour une réception | Il est temps de paraître | Mon cœur trop insensible |
258 | Chanson pour une Loge de table | Dignes fils de la victoire | des amours d'Apollon et de Daphnis |
259 | Chanson nouvelle sur l'air de l'Iste confessor | Chargeons nos canons en bons frères maçons | Iste Confessor |
261 | Chanson | Frères de cette table bannissons le chagrin | Amis que nous importe |
262 | Chanson | Vous qui du vulgaire stupide | Vaudeville d'Epicure |
Sept
de ces chansons
(de la p. 220 à la p. 233) ont le même auteur, le Vénérable Frère G*,
Grand Maître de la Loge de la Persévérance - qui pourrait être aussi
l'auteur de celles des pages 237 et 238. Son orthographe et sa versification
sont souvent approximatives.
Loge de la Persévérance ? Nous n'avons trouvé en Suisse aucune trace d'une Loge portant ce titre distinctif. Il existe bien une Loge de ce nom à Genève, mais elle date de 1860 ; une Loge lausannoise s'est appelée Amitié et Persévérance, mais en 1804. Rien n'empêche cependant qu'elle soit française ; le nom est assez courant, et on trouve à cette époque, par exemple à la Voulte ou à Sainte-Foy-la-Grande, des Loges qui le portent. On notera d'ailleurs que dans une des chansons de ce Frère G., à la p. 224, deux couplets (évidemment alternatifs) sont proposés, l'un pour porter la Santé de Sa Majesté, l'autre pour porter la Santé de l'Etat de Genève ; cela confirme le caractère franco-suisse de l'ouvrage. |