Chanson pour la Loge des Dames
Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre l'air Vous qui du vulgaire stupide
Cette chanson, dont l'incipit est De pied en cap Minerve armée et qui est un bon exemple du ton de décent marivaudage caractérisant les Loges d'Adoption au XVIIIe, figure à notre connaissance pour la première fois - ce qui pourrait authentifier la prétention de Jarrhetti à en être l'auteur - en 1766 (pp. 90-2) dans L'orateur franc-maçon dudit Jarrhetti.
On la retrouvera (p. 54) en 1775 dans l'ouvrage L'adoption ou La maçonnerie des femmes.
Elle paraîtra encore (pp. 212-4, reproduites ci-dessous) dans le chansonnier lausannois de 1779.
Elle se retrouvera plus tard :
en 1782 chez Honoré (p. 74), qui dit en avoir reçu le texte (dont il ne connaît pas l'auteur) du Frère Courteil de Maupas, mais qui en donne une version un peu différente (il explique que l'exemplaire qu'il a eu en main était endommagé et qu'il a dû par endroits suppléer les passages illisibles)
en 1787 au Recueil de Cantiques de La vraie maçonnerie d'Adoption (pp. 120-122), qui recopie la version d'Honoré mais change l'air en comme l'amour soyons enfants (qui est un air de Corrette, constituant le 2e mouvement de son 24e Concerto comique).
Voir l'air Vous qui du vulgaire stupide (qui est un des plus utilisés par le répertoire maçonnique).
On retrouvera la même chanson dans le recueil d'Eleusine en 1806 (pp. 11-13) et dans le Code Récréatif des Francs-Maçons (pp. 230-233), avec un texte retouché par endroits (par exemple : Comme elle était en sentinelle au lieu de Pendant qu'elle est sentinelle et Morphée instruit du tour méchant au lieu de Morphée en pavots abondant), le titre Couplets et ici aussi la mention comme air de Comme l'amour soyons enfants.
On la retrouvera encore (pp. 14-16) dans la Lyre maçonnique de 1812, mais sous le titre Minerve, Bacchus et l'Amour, cantique d'Adoption, avec la mention d'air Pégaze est un cheval qui porte, et aussi avec pas mal de modifications de forme (par exemple, le début devient Pallas, des Maçons adorée, / Voulut autrefois de ces lieux, / Lance en main, défendre l'entrée / A tout profane curieux).
Voir ici pour ce qui concerne l'égide (cfr couplet 3) de Minerve-Pallas-Athéna, jouant ici le rôle de Couvreur.
On découvre dans cette chanson comment et pourquoi l'Amour - qui n'était pas encore aveugle - s'est vu couvrir les yeux d'un bandeau, dont seuls les maçons ont le droit de le débarrasser ... pour lui imposer le silence à la place.
On remarquera
aussi l'ingénuité avec laquelle (au dernier couplet) Bacchus est reconnu
comme fréquentable pour les maçons quand il se montre prudent :
on trouve là une version d'époque de la recommandation actuellement
intégrée dans le radiophoniquement correct : ...
mais avec modération. Le thème de la tempérance indispensable au
bon usage de l'épicurisme est effectivement une constante du chansonnier
maçonnique.
|
CHANSON Sur l'air: Vous qui du vulgaire stupide. Loge des Dames. De pied en cap Minerve armée,
La déesse qui n'est pas tendre
Soudain méditant sa
vengeance
L'Amour
& Bacchus, dieu fantasque,
Mais voici bien une autre fête,
Tu voulois me voir endormie
Et vous, Monsieur le bon apôtre, |