Le songe d'un profane

 

Nous n'avons jusqu'à présent trouvé cette chanson, qui manifeste un enthousiasme charmant et quelque peu naïf, que dans le chansonnier lausannois de 1779 (pages 226-30).

C'est une des quelques chansons que ce recueil attribue au Vénérable Frère G*, Grand Maître de la Loge de la Persévérance ; comme dans ses autres chansons, son orthographe est ici fort approximative.

Il s'agit d'un pot-pourri utilisant 14 airs différents, qui selon le texte seraient des airs de Noël ; il passe effectivement en revue quelques airs qui à l'époque devaient être dans toutes les oreilles, et dont une bonne part (mais à notre avis pas tous) sont effectivement des Noëls connus.

Nous avons pu rassembler quelques informations sur la plupart de ces airs :

  1. à propos de Je me suis levé par un matinet 

  2. voir ici l'air Des folies d'Espagne (qui ne nous semble pas être un Noël)

  3. à propos de l'air A la venue de Noël  

  4. à propos de l'air Laissez paître vos bêtes  

  5. pour l'air Vous qui désirez enfin ouïr chanter, nous supposons qu'il s'agit de l'air Vous qui désirez sans fin ouïr chanter

  6. à propos de l'air Or nous ditte Marie 

  7. à propos de l'air Quoi ma voisine es-tu fâchée

  8. à propos de l'air Où s'en vont ses guay bergers  

  9. à propos de l'air Je vous prie Noël hautement  

  10. On trouve sur le web une partition du Cantique de la Samaritaine, mais nous ignorons s'il s'agit d'une musique nouvelle ou d'une adaptation d'une partition ancienne

  11. à propos de l'air Voici le jour solemnel de Noel  

  12. à propos de l'air Noel pour l'amour de Marie  

  13. à propos de l'air Une vierge pucelle de noble coeur 

  14. pour l'air Depuis longtems j'ai ménagé Lizette, nous supposons qu'il s'agit de Assez long-temps j'ai ménagé Lisette qui est l'incipit d'un couplet du divertissement les Proverbes concluant la pièce La famille extravagante de Marc-Antoine Legrand ( 1673-1728), dont une des éditions donne la partition sous le n° 5 au bas de la p. 428.

LE

SONGE D'UN PROFANE,

Raconté à un de ses amis Franc-maçon ; par le même. Sur différents airs de Noël.

 

Sur l'air : Je me suis levé par un matinet.

1. Illustre Maçon, ami si discret,
J'ai percé à fond
Ton fameux secret,
Me promenant dans un vallon,
Le long d'un verd feuillage.

 

Sur l'air : Des folies d'Espagne.

2. Sur ce gazon à l'ombre du bocage,
Là du repos en goûtant des faveurs,
Un songe vint me présenter l'image
D'une bergere remplie de douceur.

Sur l'air : A la venue de Noël.

3. Mille grâces suivoit ses pas,
Les vertus ornaient ses appas ;
A son air de simplicité,
Je reconnus la vérité. bis.

 

Sur l'air : Laissez paître vos bêtes.

4. Sui-moi, dit la Déesse,
Viens profiter de mes leçons,
Tu me verras sans cesse,
Parmi les Francs-maçons ;
Si tu veux m'aimer sans détour,
Tu seras payé de retour,
Tu seras placé à ma cour ;
Celle dont je suis mère,
Se nomme la sincérité,
Avec elle un bon frère
Fait sa félicité.

 

Sur l'air : Vous qui désirez enfin ouïr chanter.

5. Sans crainte sui donc mes pas,
Ne tarde pas,    bis
De cet antre près de toi,
N'aye point d'éfroi ;    bis.
Au temple je te conduit
Par ce réduit,     bis
Qui paroîtra à tes yeux
Après ces lieux.     bis.

Sur l'air : Or nous ditte Marie.

6. Divinité charmante,
Oui, c'est tous mes désirs,
Qu'une flâme constante,
Soit mes plus doux plaisirs ;
Oui, je suivrai la trace,
Que m'enseigne ta voix ;
Ha, conduit moi de grace,
Où s'observent ses loix.

 

Sur l'air : Quoi ma voisine es-tu fâchée.

7. Sur mes yeux un épais nuage,
 Forme un bandeau,
Les vices quitté le courage,
Fut mon flambeau,
Poursuit dit-elle ta carrière,
Marche hardiment,
Je ferai briller la lumiere,
Dans un moment.

 

Sur l'air : Où s'en vont ses guay bergers.

8. Dans une profonde nuit,
J'allai conduit par elle,
Quand tout à coup un grand bruit,
Vint frapper mon oreille,
J'aperçois la lumière, & je dis,
Ah ! Dieu quelle merveille.

Sur l'air : Je vous prie Noël hautement.

9. Une troupe aimable,
Parut en ces lieux,
Séjour admirable
Formé pour les dieux,
C'est là que les vices,
L'on fait enchaîner,
Courant les délices
De savoir s'aimer.

 

Sur l'air : Cantique de la Samaritaine.

10. Approche, entre dans ce temple,
Et contemple
Nos usages merveilleux ;
Du sage suit le langage,
Et t'engage,
A l'observer en tout lieux.

 

Sur l'air : Voici le jour solemnel de Noel.

11. Je fais trois pas en avant.
Admirant
Le siége de la sagesse,
Justice, force, beauté, équité,
Dans ce lieu plein d'allégresse.

 

Sur l'air : Noel pour l'amour de Marie.

12. Jouïs du flambeau qui t'éclaire,
Me dit une divinité, 
Quitte le préjugé vulgaire,
Reconnoit la sincérité.

Sur l'air : Une vierge pucelle de noble coeur.

13. Qu'elle belle harmonie,
Régne en ces lieux,
L'unité vous unit,
Frères heureux ;
L'égalité en bannit l'esclave,
C'est ici du bel âge,
Les biens délicieux.

 

Sur l'air : Depuis longtems j'ai menagé Lizette.

Entrelaçons-nous mains en mains mes frères, 
Oui c'est pour nous l'image de nos cœurs ;
Digne amitié tes sacrés caractères,
Doivent redoubler nos ardeurs.   bis. bis.

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