La réception de Mme de Beauharnais à Lyon en 1790

Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre le fichier de l'air, séquencé par B. A.

C'est dans le n° 22, daté du samedi 25 septembre 1790, du quotidien Courier de Lyon, qu'on peut trouver, sous la rubrique Lyon, l'articulet suivant aux pp. 189-191 (le scan Gallica, dont sont tirées les images ci-dessous, est de moindre qualité que ce scan Google) :

Mme de Beauharnois se plaît à Lyon, & on se plaît à l’y fêter & à l’y attacher par des liens de fleurs. Les poëtes l’encensent dans leurs productions ; les lycées s’honorent de sa présence : le 10 de ce mois, un de nos plus fameux temples de Salomon s’est ouvert pour faire briller à ses yeux la lumiere maçonne : les freres de cet orient ont donné le plus grand éclat à la réception d’une sœur que Phébus lui-même a fêtée sur le sacré vallon. Elle n’étoit pas seule en loge ; on y avoit réuni d’autres beautés de l’horizon lyonnois. C’est au milieu de cette troupe enchanteresse que M. Planterre chanta les couplets suivants, sur l’air : On compteroit les diamants.

Quelle est la dame de Beauharnois ainsi initiée aux mystères de la Loge d'Adoption ? Sur une page de son très riche blog La Révolution et nous, Claude Guillon estime qu'il s'agit de Joséphine de Beauharnais, mais, dans Femmes et franc-maçonnerie : Trois siècles de franc-maçonnerie mixte en France (de 1740 à nos jours), Hivert-Messeca pense plutôt qu'il s'agit de Fanny de Beauharnais (1737-1813), dont on sait d'ailleurs qu'elle se trouvait à Lyon à cette période (elle avait été reçue le 24 août 1790 à l'Académie de Lyon, dont elle était membre depuis 1782).

Voir ici sur l'air On compterait les Diamans.

On voit ici que l'auteur, le dévoué Frère Planterre, était à l'époque à la fois acteur au théâtre de Lyon et rédacteur au Courier de Lyon précisément. Il s'agit de l'acteur et auteur Barthélemy-Ambroise Poucholle, dit Barthélémi-Ambroise Planterre (1751-1799). 

Son texte est bien dans la ligne très académique des compliments couramment faits en Loge d'Adoption au XVIIIe siècle.

   

            

  Des  plaisirs du grand Salomon
Nous voyons ici les modeles,
Il rassembloit dans sa maison
Les arts, les talents & les belles. 
Cependant, Mesdames, je crois
Qu’il fut moins heureux que nous autres :
Aux belles il donnoit des loix,
                   Et nous, nous recevons les vôtres.               Bis.

 

 

Vous ignoriez les attributs,
Les secrets des lieux où nous sommes ;
À présent qu’ils vous sont connus,
Vous en savez plus que les hommes.
Car vous pouvez bien vous vanter
D’être instruites de tous les nôtres : 
Mais qui de nous peut se flatter
                    De savoir à fond tous les vôtres ?              Bis.

 

 

Qui  vous inspira le desir
D’entrer dans ce lieu de mystere ?
C’est curiosité, plaisir,
Peut-être le dieu de Cythere.
Vous allez toutes dire : Non.
Vos raisons ne sont pas trop bonnes :
On sait qu’amour n’est pas maçon,
                   Mais qu’il a fait bien des maçonnes.               Bis.

 

 

Honneur  trois fois au nœud puissant
Qui joint les sœurs avec les freres !
Honneur à vous, sexe charmant,
Qui prenez part à nos mysteres !
Quel profane, s’il l’avoit pu,
Ne fût accouru sur nos traces,
Voir le temple de la vertu
                   Devenir le temple des graces ?              Bis.

 

                                            Par leur dévoué F. Planterre.

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