La
poudre d'après
Roty
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Roty
Valentin-Joseph-Marie
Roty, né le 26.10.1783, exerça dès 1806 la profession d'avocat à Arras, puis à Douai
(où il était bâtonnier
en 1822).
Selon le fichier
Bossu, il fut, à la Loge de la Constance à Arras, Orateur en 1808,
Vénérable en 1810 et 1811 et il en était encore membre non résident en
1825. A la Parfaite Union de Douai, il fut également Vénérable en
1818-1819 et aussi en 1843, cette fois en vue de réveiller la Loge.
En 1818, étant avocat
à la cour royale de Douai, il devint
membre correspondant de l'Académie d'Arras.
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ci-dessus
et à gauche : détails
d'un diplôme de la Constance, daté du 4 janvier 1809 |
Dans son très
intéressant article Les Francs-maçons aux origines de la presse douaisienne, Roland
Allender évoque un intéressant aspect de son activité professionnelle en tant que
défenseur d'un jeune journal républicain :
Organe républicain,
Le Libéral doit, dès ses débuts, affronter un procès qui lui est intenté par le député Martin du
Nord en 1832. Le journal est défendu par l’avocat Valentin Roty, ancien vénérable de la loge
La Constance d’Arras et de La Parfaite Union de Douai, qui obtient l’acquittement. Un banquet de 60 couverts est alors organisé par Le Libéral
en l’honneur de ses défenseurs et le frère Roty peut à cette occasion porter un toast
À la noble institution du jury, palladium de nos libertés... Au jury qui a fait aujourd’hui un acte de justice et d’impartialité.
[NDLR : voir ici
sur ce procès ; on se rappellera qu'en France, de 1830 à 1851, les
délits de presse relèvent de la Cour d'Assises, ce qui postule
l'intervention d'un jury populaire].
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Le 12 janvier
1846, la Parfaite Union
a célébré une Pompe funèbre à
sa mémoire (et à celle de 3 autres membres, Vanackère, Colin et Beaulieu,
ainsi que, par la même occasion, de tous ses membres
décédés depuis 1784), au cours de laquelle fut dévoilé un acrostiche
(ci-dessous) sur son nom et prononcé son éloge
funèbre par l'Orateur Prosper Chartier, avant que le Vénérable Duthilloeul retrace
sa carrière et que le Frère Chartier aîné, Orateur-adjoint, exprime la reconnaissance
de la Loge.
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Vertus, filles du ciel, et vous, Muses et grâces,
Ainsi que nous, prenez le deuil :
Le destin nous condamne à de mêmes disgrâces,
Entourons un même cercueil.
Nous pleurons le meilleur,
le plus chéri des frères,
Thémis, l'appui des innocents ;
Il n'honorera plus, Minerve, nos mystères,
Nous perdons, Muses, de doux chants.
Rameau d'or détaché de cet arbre de vie,
Offrande que la mort fit trop
vite à son roi,
Tu brillais à nos yeux ; ta mémoire fleurie
Y brillera pour toi !!! |
En 1807, Roty avait publié
à Arras, à l'imprimerie du Frère Leclercq, un recueil de poèmes et chansons
intitulé Essais d'architecture maçonnique. Nous n'avons pas eu
l'occasion de consulter cette brochure (que nous recherchons : merci d'avance à
qui pourrait nous mettre sur une piste !), mais en avons découvert l'existence par
l'ouvrage
(1914) d'Émile Lesueur,
La franc-maçonnerie artésienne au XVIIIe siècle, qui en cite quelques
extraits, et notamment (pp. 228-9)
ce cantique (ou partie de cantique) célébrant les vertus de la poudre
et rendant hommage à Noé :
Lorsqu'elle
saute impatiente
De la barrique avec éclat,
Que son bruit, sa vapeur enchante
Les yeux, l'oreille et l'odorat !
Frères, chargeons, tirons sans cesse...
Quoi donc, profane, tu frémis !...
Nous ne tirons, dans notre ivresse,
Que la santé de nos amis.
Que de fois tu maudís l'usage
De la poudre et son inventeur !
Chaque jour, nous rendons hommage
Au patriarche, son auteur.
Ah ! que n'en charges-tu tes armes
Bientôt toi-même, sans alarmes,
Te mettrais devant le canon,
Avec la poudre du maçon !
Vu ses
caractéristiques (bruit, vapeur, saut éclatant), on peut supposer que la
poudre en question doit être la poudre fulminante si bien chantée
par Désaugiers à la même époque.
L'air mentionné
par Lesueur est Rien de divin comme la femme. Mais nous n'avons rien pu
trouver concernant un tel air.
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