Le Tems et l'Amitié
Cliquez ici pour entendre le fichier midi de l'air mentionné, séquencé par B. A.
Cette chanson apparaît, pour la première fois à notre connaissance dans un chansonnier maçonnique, à la p. 248 de la Muse maçonne de 1806, sans mention d'air.
C'est une des quelques chansons de ce recueil qui sont pillées (généralement sans citer de source) de textes profanes récents.
On n'y trouve d'ailleurs pas la moindre référence qui puisse la caractériser comme une chanson maçonnique.
Nous avons pu identifier la source profane : il s'agit d'une chanson de même titre, signée Chevalier-Saint-Amand ; nous l'avons trouvée (p. 169) à l'Almanach des Muses pour 1804. Elle a reparu en 1828 à la p. 352 du Volume 1 de l'ouvrage de L. Castel, Nouvelle anthologie, ou choix de chansons anciennes et modernes.
Mais ici, pour cette version censément maçonnique :
le second couplet a été supprimé
le dernier vers du premier couplet a été transformé de Que tout cède à la faux du Temps en Devant la faulx du dieu des tems
et le 3e du dernier est passé de Il allait mourir de misère en Il fut, dit-on, mort de misère.
Le Tems debout sur des ruines,
Fier de son pouvoir destructeur,
Un jour aux majestés divines
Tenoit ce discours plein d'aigreur.
Maîtres de la terre et de l'onde,
Tous vos efforts sont impuissants ;
Abaissez le sceptre du monde
Devant la faulx du
dieu des tems.
Pour punir ce ton d'arrogance
L'amitié descend près du Tems ;
Je reconnaîtrai ta puissance,
Si tu brises mes nœuds charmans.
Elle dit, sûre de sa conquête,
Nœuds de fleurs ne l'étonnoient pas.
Le tems à les trancher s'apprête :
Soudain sa faulx vole en éclats.
Le pauvre tems se désespère,
Son orgueil est humilié.
Il fut, dit-on, mort de misère
Sans le secours de l'amitié ;
Elle console sa tristesse ;
Depuis, par un heureux retour,
Le Tems embellit la déesse,
Des charmes qu'il ôte à l'Amour.
La même année, on la retrouvera, à l'identique, dans le recueil d'Eleusine (pp. 57-8).
Dans les éditions profanes, un air est mentionné : A voyager passant sa vie.