Une fête funèbre très musicale chez les Artistes
Le Tome premier de Hermès, ou Archives maçonniques donne (pp. 324-334) un compte-rendu de la Fête funèbre célébrée le 10 avril 1819 par la Loge des Artistes en mémoire des 24 Frères perdus par la Loge depuis sa fondation.
Un orchestre dirigé par Alexandre Piccinni rehaussait cette célébration. Elle fut donc très riche d'activités musicales, outre l'Ode funèbre ci-dessous (ode dont l'intérêt littéraire nous semble assez limité).
On lit qu'après des hommages et des discours :
L'harmonie exécute ensuite une Ode funèbre chantée par le Frère Prévost, de l'Académie royale de musique, et accompagnée par les Frères Jacquemin cadet sur la harpe, et Jacquemin aîné et Melfred sur le cor.
Cette ode, oeuvre de Cuvelier de Trye pour les paroles et Piccinni pour la musique, figure aux pp. 330-1 et est reproduite ci-dessous. Il est mentionné en note que :
Cette Ode se vend 3 fr., gravée avec la musique et l'accompagnement pour piano ou harpe et pour le cor, en fa, chez Gambars, éditeur de musique, rue Croix-des-Petits-Champs, n° 44. Le produit en est consacré au soulagement des pauvres.
Après une élégie du Frère Dondey-Dupré fils (cette élégie a été imprimée), on entendit une Symphonie funèbre composée par Piccini.
Après des Stances de Guerrier de Dumast, le rédacteur mentionne, sans donner le texte ni mentionner d'autre détail :
Chant à trois voix, sans accompagnement, paroles du Frère Baillot, musique du Frère Gossec, exécuté par les Frères Lecomte, Alexis Dupont et Prévost. Ce chant, sans aucun accompagnement, est d'un effet magique, et a produit une sensation extraordinaire sur l'auditoire.
A moins qu'il ne s'agisse - ce qui semble peu probable, car il en serait sans doute alors fait grand cas - d'une composition de Gossec spécialement destinée à cette circonstance particulière, il s'agit plus vraisemblablement d'une réutilisation, avec de nouvelles paroles, d'une de ses partitions antérieures. Il pourrait dans ce cas s'agir de son célèbre motet à trois voix sans accompagnement (1782) O Salutaris hostia ; celui-ci, selon Fétis, fut écrit à un déjeuner chez M. de la Salle, secrétaire de l'Opéra, au village de Chenevières, et chanté à l’église du lieu, deux heures après, par Rousseau, Laïs et Chéron. Ce morceau, devenu célèbre, a été intercalé dans l'oratorio de Saül (voir ici la partition complète et ici un arrangement pour 3 trombones par Gebauer).
Vient ensuite l'inauguration du monument, après quoi
Un coeur (sic) final, paroles du Frère Baillot, musique du Frère Piccini, et chanté par les Frères Lecomte, Trevault, Alex. Dupont et Prévost, termine cette solennité.
Nous n'en connaissons malheureusement ni le texte ni la partition.
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ODE FUNÈBRE
Sur cette lugubre colonne
Dans les palais de l'opulence,
Sur un sein qui d'orgueil palpite,
Paroles du Frère
Cuvelier de Trie. |
L'image ci-contre (malheureusement de qualité assez faible) reproduit le programme de cette cérémonie. |