Rapprochement entre Saint-Jean et Bacchus

  cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre l'air du Petit Matelot.

cliquez ici pour entendre un MP3 de A jeûn je suis trop philosophe

La seule édition que nous connaissions de cette chanson figure aux pp. 290-1 du Chansonnier des bonnes gens de Legret. 

Les fêtes maçonniques de Saint-Jean ont à l'origine un caractère religieux qui, au XVIIIe, est assez dévotement respecté ; sans le moindre complexe, et bien dans le style allègrement festif de la maçonnerie de son temps, Legret, dans un rapprochement fort peu respectueux, fait ici - avec verve - bon marché d'une telle tradition, qu'il considère comme relevant de la période d'enfance de l'Art royal.

Voir ici sur l'air du Petit Matelot.

L'air proposé en alternative est A jeûn je suis trop philosophe

              

RAPPROCHEMENT

ENTRE SAINT-JEAN ET BACCHUS.

 

Air du Petit Matelot.

ou : A jeun je suis trop philosophe.

 

En y réfléchissant, mes frères,
Ne trouvez-vous pas que Bacchus,
Avec Saint-Jean, dans nos mystères,
Peut figurer par ses vertus ?
Il est plus d’une ressemblance
Entre ces prophètes d’en haut ;
Moi, je n’y vois de différence,
Que celle du vin avec l’eau.

 

Tous deux abondent en fluide,
Tous deux le prêchent constamment ;
Tous deux apôtres d’un liquide ,
Montrent pour lui même penchant.
Tous deux indiquent dans leur course
De la vérité le chemin ;
Et tous deux en trouvent la source,
L'un dans l'eau, l’autre dans le vin.

 

Alors que l’un d’eux nous baptise ,
Sur la tête il répand ses eaux ;
L'autre, facilement nous grise,
Alors qu’il perce ses tonneaux.
Or vous voyez, sans qu'on le dise,
Que de tous deux le flux divin,
A la tête également vise,
L’un par l'eau, l'autre par le vin.

 

Lorsqu'à notre art, dans son enfance,
On donna Saint-Jean pour patron,
A Bacchus, du moins je le pense,
Nos frères n’ont jamais dit non.
Dans leurs banquets où, d'ordinaire,
Les santés vont toujours grand train,
Ils n’auraient fait que de l’eau claire,
S’ils n’avaient pas admis le vin.

 

Qu’en loge, au sein de nos mystères,
L’eau soit admise, c’est raison ;
Mais que dans nos banquets, mes frères,
Le vin, le vin, coule à foison !
A Saint-Jean, sans être infidèle,
On peut ici joindre Bacchus,
Et déployer un double zèle,
Même en buvant un coup de plus.

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