Les recueils de Legret
En cliquant ici (midi) ou ici (MP3), vous entendrez l'air 393 de la Clé du Caveau
De quand date
ce Recueil de cantiques maçonniques intitulé Le Troubadour
franc-maçon et dédié à la Respectable Loge des Amis
Philanthropes ? Fesch (col. 835) donne la date de 1794, date
également mentionnée
par la Bibliothèque
Royale de Belgique qui en propose la consultation
(ce pdf est malheureusement imparfait, il y manque un certain nombre de
lignes de haut ou de bas de page et même les pages 19-20 - il nous semble
probable que la p. 20 contient une chanson indéterminée).
C'est par contre la date de 1802 qui était donnée par la salle de ventes bruxelloise qui en a proposé un exemplaire voici quelques années. Cette date nous paraît nettement plus vraisemblable : en effet, le recueil contient notamment un discours prononcé à l'occasion du 3e anniversaire de l'inauguration de la Loge - dont on sait qu'elle fut constituée en 1798, ainsi que des textes de 1802. Le recueil serait ainsi le premier post-révolutionnaire et aussi le premier du XIXe siècle, ce qui lui confère un intérêt historique particulier. Un autre intérêt majeur en est le fait que (comme le recueil d'Honoré quelques années plus tôt) il ne contient que des chansons nouvelles (et rares : pour la plupart, on ne les retrouvera dans aucun recueil ultérieur). L'auteur en est le Frère Legret, dont il est précisé qu'il était à ce moment l'Orateur de la Loge. |
Celui-ci devait être un fonctionnaire (ou militaire) d'origine française, amené à Bruxelles par l'occupation française (la Planche tracée de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes le donne comme employé à l'imprimerie des armées). Il fut le Secrétaire de la Loge pour les années 1798-9 et 1799-1800, et Orateur en 1802-3. Certaines de ses chansons figurent, à la même époque, au Miroir de la Vérité d'Abraham. A la p. 111 de l'ouvrage (1833) de Quérard La France littéraire, ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, on trouve une notice définissant Legret comme LEGRET (G.-P.), fondateur de l'école spéciale de commerce ; né à Rosay. et donnant une liste de ses oeuvres, parmi lesquelles :
On voit ici qu'il est également l'auteur en 1814 de la brochure Le petit Cicerone parisien, ou Itinéraire à suivre pour voir les curiosités de Paris, avec économie de temps et d'argent et ici de Réflexions d'un ancien négociant sur le commerce, ses règles, ses usages et son code en 1814. On lui attribue aussi, en 1832, Un seul trait de lumière, par l'octogénaire de Grenelle, ce qui nous donne à penser qu'il n'est pas né après 1752. On peut lire ici que, après avoir fondé en 1815 une Académie commerciale à l’existence éphémère, il a été parmi les fondateurs en 1819 de l'Ecole spéciale de Commerce et d'Industrie de Paris, dont il a assuré la direction jusqu’en 1822. |
Il semble qu'après avoir vécu à Bruxelles, Legret n'ait pas tardé à se réinstaller en France : il a en effet publié en 1806 à Bordeaux le recueil intitulé Mon portefeuille, qui est en ligne sur google. Mon portefeuille est principalement un recueil profane, avec des textes napoléonolâtres et 22 vaudevilles regroupés sous le titre les dîners de famille. Mais ses p. 121 à 180 constituent la section Cantiques ou vaudevilles maçonniques et reprennent, à peu de choses près, le contenu du Troubadour franc-maçon : il y a quelques légères différences dans certaines chansons, mais il semble y en avoir deux nouvelles (à moins que celles-ci ne soient dans les deux pages manquantes à l'édition du Troubadour que nous avons pu consulter). En 1821 paraît à Paris le Chansonnier des bonnes gens ou les dîners de famille, suivis des banquets maçonniques et de quelques chansons détachées. On trouve ici une édition 1833 (qui ne porte pas de nom d'auteur) de cet ouvrage. C'est une édition enrichie (elle contient 54 dîners de famille), mais aussi expurgée de nombreux textes, trop datés, du Portefeuille. Comme celui-ci, elle contient (pp. 251-307) une partie maçonnique, intitulée Banquets maçonniques, qui comprend 21 textes, dont 11 des précédents (parfois légèrement modifiés) et 10 nouveaux (certains donnent à penser que Legret pouvait être membre du Point Parfait, ce qui est confirmé par Bossu qui mentionne, mais sans donner de date, qu'il en a même été Vénérable). Le dernier (p. 302), intitulé La rose et l'acacia, rapprochement symbolique demandé en Loge à l'Auteur, n'est pas une chanson, mais un poème. Voici la liste des chansons maçonniques figurant dans un ou plusieurs de ces 3 volumes : |
page dans Le Troubadour |
page dans Mon portefeuille |
page dans le chans. 1833 |
Titre dans Le Troubadour |
Titre dans Mon portefeuille |
Titre dans le chansonnier 1833 |
Incipit |
2 | Cantique dédicatoire | Si mes essais de faible poétique | ||||
253 | Couplets dédicatoires aux deux loges du Point-Parfait et d'Anacréon | Au point parfait | ||||
30 |
121 |
255 | Cantique à l'occasion de la paix | Rêve de l'abbé de Saint-Pierre |
Réflexion | Quand le bon abbé de Saint-Pierre |
256 | Cantique | La maçonnerie, la philanthropie | ||||
3 |
122 |
258 | Le troubadour franc maçon | Le troubadour franc maçon |
Le troubadour franc maçon | Dans la saison nouvelle |
8 |
125 |
261 | Autre cantique de Réception | pour une Réception d'Apprenti |
pour une Réception d'Apprenti | Frères, un nouvel apprenti |
16 |
127 |
279 | Cantique au Banquet de la fête de Saint-Jean | pour la fête de Saint-Jean |
pour la fête de Saint-Jean | Frères, ce jour mémorable |
281 | pour la fête de Saint-Jean | Frères, la Saint-Jean nous rassemble | ||||
284 | la fête de Saint-Jean | A la Saint-Jean, dit-on | ||||
287 | Le baptême de Saint-Jean | Pour célébrer notre patron | ||||
290 | Rapprochement entre Saint-Jean et Bacchus | En y réfléchissant | ||||
18 |
|
(illisible) | Pour rendre un pur et digne hommage | |||
18 |
130 |
263 | Cantique mis en musique par le Frère Goossens | Apologie des francs maçons |
L'apologie des maçons | Chantons, chantons des francs-maçons |
21 |
131 |
264 | Cantique chanté aux funérailles d'un de nos Frères de l'Orient de Lille | Funérailles d'un franc maçon |
Oraison funèbre | En vain le temps |
24 |
132 |
265 | Le portrait du franc maçon | Portrait du franc maçon |
Le portrait d'un franc maçon | Eh ! bon, bon, bon, le franc maçon |
26 |
135 |
268 | Cantique sur l’origine des Loges d'Adoption | L’origine des Loges d'Adoption |
L’origine des Loges d'Adoption | Un jour le petit dieu d'amour |
272 | Le Point-Parfait | Le point parfait mes Frères | ||||
274 | Le Point-Parfait | Le point parfait, ce point où chacun vise | ||||
41 |
139 |
Cantique de Réception à l'occasion de deux anglais | Pour la réception de deux anglais, à l'époque du Traité d'Amiens |
Frères, les nouveaux apprentis | ||
43 |
142 |
Cantique de Banquet | Pour un Banquet |
Frères le noeud qui nous rassemble | ||
145 |
275 | La sentence des francs maçons |
La sentence maçonnique | Sur un air qui soit agréable | ||
46 |
147 |
277 | Cantique sur le vrai bonheur | Le vrai bonheur du maçon |
Le bonheur du maçon | Heureux qui peut passer sa vie |
5 |
150 |
Cantique chanté au banquet le jour de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes | Cantique chanté au banquet, le jour de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes |
Chrétiens, payens, ne formez plus de secte | ||
7 |
153 |
Cantique de Réception | Cantique de Réception |
Quand nous acquérons des amis | ||
10 |
155 |
Discours et Cantiques pour l'anniversaire de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes, à l'Orient de Bruxelles | Discours pour l'anniversaire de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes de l'Orient de Bruxelles |
|||
163 |
Cantique à la réception du général Béliard, à son retour d'Égypte |
Eh ! gué , gué , gué, mon officier | ||||
21 |
165 |
Cantique anniversaire de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes | Cantique anniversaire de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes |
Depuis trois ans que ce lieu nous rassemble | ||
31 |
169 |
Cantique à un Banquet de Chevaliers d'Orient | Cantique à un Banquet de Chevaliers d'Orient |
Dans ce banquet de haut grade | ||
33 |
172 |
Cantique à un Banquet d'Élus | Cantique à un Banquet d'Élus |
Le monde est la grande loge | ||
292 | Jocrisse et Cadet-Buteux | Jocrisse et Cadet-Buteux | ||||
35 |
175 |
296 | L’intempérant corrigé | L’intempérant corrigé |
L’intempérant corrigé | Frères, vous conter l'histoire |
Ci-contre, le cantique
dédicatoire qui ouvre le premier recueil.
Comme Honoré avant lui, Legret fait appel à l'indulgence de ses lecteurs (comme l’écrit Tschoudy, l'indulgence est la vertu favorite des Maçons). Si mes
essais de faible poétique, Voir ici sur l'air Mon honneur dit que je serais coupable. |
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