Le vrai bonheur du maçon

En cliquant ici (midi) ou ici (MP3), vous entendrez le fichier de l'air, séquencé par B. A.

Ce Cantique sur le vrai bonheur figure aux pp. 46-8 du Troubadour franc-maçon (c'est la dernière chanson de ce recueil) et (sous le titre Le vrai bonheur du maçon) aux pp. 147-9 de Mon portefeuille (c'est cette dernière édition qui est reproduite ci-dessous) de Legret.

Il nous présente (aux couplets 1, 2, 4 et 5) le maçon en tant que membre d'une famille, aspect qui se trouve totalement absent dans le chansonnier du XVIIIe, qui ne connaît que sa famille maçonnique. Bientôt, l'épouse et les enfants d'un maçon donné deviendront des personnages des chansons maçonniques, comme ce sera bientôt le cas fréquemment avec Hippolyte Merché-Marchand : au tournant du siècle, la société maçonnique évolue, et la Loge s'embourgeoise...

Mais sa famille, c'est aussi (couplet 6) sa famille maçonnique, au sein de laquelle il n'oublie ni (couplet 3) ses devoirs de philanthropie, ni (couplet 6) de se montrer joyeux drille, ni (couplet 7, et non sans sous-entendus quelque peu grivois) la tradition de porter la santé des dames.

Voir l'air Quand l'Amour naquit à Cythère.

  
             

 Le vrai bonheur

DU MAÇON.

 

Air : Quand l'Amour naquit à Cythère.

Heureux qui peut passer sa vie
Entre l'amour et l'amitié,
Auprès d'une épouse chérie,
Au sein de la fraternité !
Si les muses lui sont propices,
Sa lyre chante son bonheur :
Tout ces moments ont leurs délices,
Car tous intéressent son cœur.

2

Du maçon tel est le partage,
Partout il trouve le plaisir.
Tous ses désirs sont ceux d'un sage,
Sans abuser il sait jouir.
Dans ses yeux la joie étincelle,
Son bonheur n'est point une erreur ;
Sa gaîté franche et naturelle
Prend sa source au fond de son cœur.

3

Jamais on ne le voit en peine 
Des maux qui n'affligent que lui ; 
Mais l'humanité qui l'entraîne, 
L'attendrit sur les maux d'autrui. 
Sa prévoyante bienfaisance 
Vole au-devant des malheureux, 
Et son cœur voit sa récompense 
Dans le bien qu'il répand sur eux.

4

Est-il au sein de sa famille ? 
Et bon père, et sensible époux, 
Son fils, ou sa femme, ou sa fille 
Viennent s'asseoir sur ses genoux. 
De la tendresse conjugale 
Quand il savoure les douceurs, 
Par la tendresse filiale 
Son front est couronné de fleurs.

5

Aux aimables jeux de l'enfance 
Il sait descendre sans rougir. 
Pour instruire l'adolescence 
De l'étude il fait un plaisir. 
Si quelquefois il est sévère, 
Ses yeux tempèrent sa rigueur : 
S'il punit, il punit en père, 
Et l'indulgence est dans son cœur.

6

Voyez-le au milieu de ses frères, 
Voyez-le au milieu d'un banquet ; 
En loge il est tout aux mystères, 
A table convive discret. 
Faut-il que d'un joyeux cantique 
Il accompagne son canon ? 
D'une pointe de sel attique 
Il assaisonne sa chanson.

7

Aux dames il sait rendre hommage; 
Car leur nom vient, dans ses couplets 
Ranimer l'ardeur, le courage, 
Et faire lever les maillets. 
Trois coups bientôt se font entendre, 
Ce nombre plaît à la beauté : 
Le sexe ne peut s'y méprendre, 
C'est le signal de sa santé.

Sans les couplets 2 et 7, et avec quelques autres modifications (notamment Auprès d'un frère initié au lieu de Au sein de la fraternité), Legret fait également figurer ce cantique, sous le titre Le bonheur du maçon, aux pp. 277-8 de son recueil (1833) Le Chansonnier des bonnes gens ou les dîners de Famille suivis des banquets maçonniques. Mais ici l'air proposé est (comme pour la chanson de la p. 290 du même recueil) celui du Petit Matelot ou A jeûn je suis trop philosophe.


    

LE BONHEUR DU MAÇON.

 

Air du Petit Matelot.

ou : A jeûn je suis trop philosophe.

 

Heureux qui peut passer sa vie
Entre l’amour et l'amitié ,
Auprès d'une épouse chérie ,
Auprès d’un frère initié ;
Si les muses lui sont propices ,
Sa lyre chante son bonheur ;
Tous ses momens ont leurs délices,
Car tous intéressent son coeur.

 

Jamais le maçon n'est en peine
Des maux qui n’affligent que lui ;
Mais l'humanité qui l'entraîne ,
L'attendrit sur les maux d'autrui.
Sa prévoyante bienfaisance,
Vole au-devant des malheureux,
Et son coeur voit sa récompense
Dans le bien qu'il répand sur eux.

 

Est-il au sein de sa famille ,
Et bon père , et sensible époux ;
Sa femme, son fils ou sa fille,
Viennent s’asseoir sur ses genoux ;
De la tendresse conjugale,
Quand il savoure les douceurs ,
Par la tendresse filiale,
Son front est couronné de fleurs.

 

Aux aimables jeux de l’enfance
Il sait descendre sans rougir ;
Pour instruire l’adolescence ,
De l'étude il fait un plaisir.
Si quelquefois il est sévère,
Ses yeux tempèrent sa rigueur ;
S‘il punit, il punit en père ,
Et l‘indulgence est dans son coeur.

 

Voyez-le au milieu de ses frères ,
Voyez-le au milieu d‘un banquet :
En loge, il est tout aux mystères ,
A table , convive discret.
Faut-il que d'un joyeux cantique
Il accompagne son canon ,
D’une pointe de sel attique,
Il assaisonne sa chanson.

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