Sur la paix universelle 

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Rêve de l'abbé de Saint-Pierre.

Air : A porter dans un seul voyage.

Quand le bon abbé de Saint-Pierre,
Rêvait l'universelle paix ;
Il la voyait régner sur terre,
Et s'y propager à jamais.
Sans doute son âme féconde,
En heureuses illusions,
Lui faisait rêver que le monde
N'était peuplé que des Maçons.

Le thème de la fraternité universelle - et de la paix universelle qui en est le corollaire - est, particulièrement au XIXe, une constante du discours maçonnique, comme en témoignent diverses chansons de ce site, et notamment la Marseillaise de la Paix.

L'Abbé de Saint-Pierre (1658-1743 ; portrait ci-contre) est un précurseur des Lumières, rendu célèbre notamment par son Projet de paix universelle entre les nations. Nogaret le mentionne en 1806.

Cette chanson figure à la p. 30 du Troubadour franc-maçon (édité vers 1802) sous le titre Cantique à l'occasion de la paix et à la p. 121 de Mon portefeuille (du même Legret, paru en 1806) sous le titre Rêve de l'Abbé de Saint-Pierre.

Les deux versions ne diffèrent que par quelques détails de forme, mais il est intéressant de constater que la version la plus ancienne (ci-dessous à gauche), imprimée en Belgique, est dans une orthographe plus moderne que l'autre (ci-dessous à droite).

Elles diffèrent aussi par le titre : il est vraisemblable que la chanson a été composée à l'occasion d'un événement particulier (ce pourrait être la Paix de Lunéville, signée le 9 février 1801 et qui fut célébrée avec enthousiasme par le Grand Orient et dans de nombreuses Loges, ou encore la Paix d'Amiens), mais qu'un titre plus général a semblé mieux convenir pour une réédition ultérieure. Une troisième édition plus tardive, dans le Chansonnier des bonnes gens (p. 255), porte le simple titre de Réflexion.

Une autre chanson de Legret évoque le rêve de Saint-Pierre.

Les trois versions renvoient au même air : A porter dans un seul voyage. Il s'agit de l'incipit du 3e couplet de l'air Avec les jeux dans le village
 

David Vergauwen, dans son ouvrage Maçonnieke chansons in negentiende-eeuws België (Liberaal Archief, 2017), donne une autre version (les variations sont en mauve ci-dessous) de cette chanson, dont il a découvert qu'elle fut encore présentée dans les années 1830 aux Amis Philanthropes (précisément la loge à laquelle Legret, qui en était alors l'Orateur, avait dédié son Troubadour franc-maçon) :

Quand le bon abbé de Saint-Pierre,
Rêvait
de l'universelle paix 
Il la voyait régner sur terre,
& s'y propager à jamais.
Sans doute
sa bonté seconde,
Créant ses douces visions,
Lui faisait rêver que le monde
N'était peuplé que de maçons.

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