Cantique de Legret
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Ce Cantique chanté au banquet le jour de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes a été publié par le Frère Legret dans ses recueils Le Troubadour franc-maçon (pp. 5-7) et Mon portefeuille (pp. 150-2).
Il regroupe (à l'exception de celui pour la 6e, trop spécifique) les divers couplets chantés par lui pour accompagner diverses santés lors de l'inauguration du Temple de la Loge bruxelloise des Amis Philanthropes, le 1er décembre 1798, avec de légères modifications (par exemple, quelque soit votre secte devient ne formez plus de secte).
Il faut noter que 4 de ces couplets avaient été reproduits (pp. 135-6) dans le compte-rendu qu'Abraham, dans le volume 1 du Miroir de la Vérité, donne de cette festivité (pp. 122-136).
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Cantique
Chanté au Banquet le jour de l'inauguration de la Loge des Amis Philantropes.
Air : O ! Mahomet, etc.
Chrétiens,
payens, ne formez plus de secte,
Le fondateur de la
Maçonnerie,
De ses vertus, transmises d'âge en
âge,
Vers l'Occident j'aperçois deux lumières,
Des Visiteurs la présence chérie,
En vrais Maçons, soyons vrais philantropes,
En écartant de notre sanctuaire,
Dans ce banquet où règne l'allégresse,
Des Francs-Maçons répandus sur la terre, |
Voir la partition.
Un Cantique sur la Tolérance
On retrouve les trois premiers couplets - dans leur formulation initiale de 1798 - aux pp. 40-1 du chansonnier de la Paix immortelle, sous le titre Couplets chantés par le Frère Bertin.
Ce texte est sans doute un des premiers (voir aussi ici une chanson antérieure) à exprimer aussi clairement l'idéal maçonnique de tolérance religieuse. Il faut se rappeler que, en 1808, la réception d'Askeri Khan constituera à Paris un événement marquant.
Franc-maçonnerie et tolérance religieuse
Cela, aux yeux des fondateurs, permettait à la maçonnerie de devenir le Centre d'Union et le moyen de nouer une véritable amitié entre des personnes qui sans cela seraient restées perpétuellement étrangères. La mise en application de ce principe de tolérance sera très variable, selon les pays et les Loges. On sait par exemple qu'en Allemagne l'accès des Loges restera en général interdit aux Juifs jusqu'après la 2e guerre mondiale. Aux Pays-Bas par contre, on lit dès 1744 (dans l'Ode allégorique la Maçonnerie ou le Temple du vrai bonheur, figurant aux pp. 43-9 de la Muse Maçonne de Chapelle) que l'on admet parmi les Francs Maçons toutes sortes de Religions. La maçonnerie anglaise pour sa part (comme toutes celles qui lui sont inféodées) a depuis lors progressivement restreint cette tolérance initiale et récusé la liberté de conscience qu'elle impliquait, en exigeant la croyance en un Etre Suprême personnel et créateur, et en ne prenant plus en considération que les religions monothéistes ayant un livre sacré. En sens inverse, les Franc-maçonneries dites adogmatiques ou (au sens philosophique) libérales ont, depuis la deuxième moitié du XIXe, érigé en principe la liberté absolue de conscience et se sont ouvertes à toutes les options philosophiques humanistes, comprenant celles athées et agnostiques qui y sont souvent devenues très majoritaires. * Quelle qu'en soit l'interprétation, le texte de référence ne pouvait être considéré comme excluant en principe les juifs et les musulmans. Même si, au XVIIIe siècle (et même encore au XIXe dans certains pays), il n'a pas toujours été interprété dans ce sens (la question a fait l'objet de vives controverses), il n'est donc pas étonnant que des Loges aient accueilli, non seulement des chrétiens (tant protestants, de diverses tendances, que catholiques; cette fraternisation entre catholiques et protestants est sans doute la principale cause de l'inquiétude et des condamnations de la papauté), mais aussi des tenants des autres religions monothéistes. La présente chanson illustre bien cet universalisme, ici mâtiné d'une bonne dose de ce relativisme doctrinal (Chrétiens, païens, quelle que soit votre secte, ne cherchez plus un culte dominant : il n'en est point), également exprimé par des couplets de 1821, qui scandalise tellement l'Eglise catholique, laquelle le condamnera à diverses reprises et notamment en 1865. |
Le Frère Bertin, de l'Académie Impériale, fait l'objet d'une page de ce site.