Bertin
Le Frère Bertin, de l'Académie Impériale de Musique, se rencontre à de nombreuses reprises dans notre chapitre Chansons et chansonniers maçonniques. Il a notamment chanté :
en 1808 aux Honneurs funèbres maçonniques pour Montaleau et, avec Baptiste et Fasquel, à la Saint-Jean d'hiver du Grand Orient de France
en 1809 à la Fête du Vénérable Lafon à la Paix Immortelle
en 1810 à la Saint-Jean d'Eté du Grand Orient, dont il était aussi le maître d'oeuvre musical
en 1810 à la Saint-Jean d'hiver du Centre des Amis
en 1811 à la Cérémonie funèbre au Souverain Chapitre Métropolitain des Dames écossaises de la colline du Mont-Thabor à la mémoire de Madame Adélaïde Giroust.
en 1812, un chant funèbre à Isis
et encore en 1819 à la Loge des Trinosophes et aussi à l'Union de Famille.
Diverses fiches Bossu le donnent comme membre de la Paix Immortelle (1805), du Centre des Amis (1808), des Amis Incorrruptibles (1818), de la Constance Couronnée (1808), d'Anacréon (1808) et de la Loge Impériale des Francs Chevaliers (1806) et comme surintendant d'harmonie des Commandeurs du Mont Thabor (1817, 1823)
Au Tableau de la Paix Immortelle à fin 1805, on le trouve (à côté de Laforêt, et avec une imprécision dans le premier prénom : Joseph-Louis au lieu de Jean-Louis) parmi les affiliés libres résidents sous le libellé :
Bertin, (Joseph-Louis) Artiste de l'Académie Impériale de Musique, Rose-Croix, né à Illois (Seine-Inférieure), demeurant Boulevard St.-Martin, n° 6.
On trouve des cantiques de lui dans la Collection de Cantiques de la Paix Immortelle.
Dans son article artistes lyriques pour l'Encyclopédie de la Franc-maçonnerie par divers auteurs sous la direction d'Eric Saunier (Pochothèque, 2000), Christine Naslin-Gaudin en dit ceci :
Le basse-taille Jean-Louis Bertin, élève de Lesueur, fut probablement initié avant la Révolution, il appartint à l'Amitié (1806-1812) à Anacréon (1807-1816), et au Centre des Amis (1808). Artiste sollicité, il chanta pour ces ateliers, mais aussi pour La Vraie Réunion (1803) et Les Coeurs Unis (1812). Il se chargea de l'organisation des concerts du Grand Orient entre 1801 et 1811, assurant à l'obédience la participation d'artistes de l'Académie Impériale de Musique [NDLR: c'est encore le cas en 1919].
Nous l'avons trouvé, à l'Almanach impérial 1811, dans une liste des chanteurs de l'Académie Impériale de Musique, liste qui comprend également Lainez, Albert, Bonnet, Lavigne, Alexandre, Lays (qui était maçon), Nourrit, Eloi, Bonel, Dérivis, Duparc, Henrard et Laforêt.
Il intervient aussi régulièrement (souvent avec Laforêt) comme chanteur aux Banquets annuels de la Société du Réveil de la Nature. On le trouve aussi mentionné comme chantant (avec Laforêt) à la Loge de l'Union de Famille.
Dans son ouvrage La franc-maçonnerie en France des origines à 1815 (Paris, 1909), Bord écrit (pp. 270-271) que, le 24 décembre 1802, lors de l'inauguration officielle du nouveau local du Grand Orient, rue du Vieux-Colombier à Paris :
une "harmonie éclatante" emplit le parvis et "suspendit tout sentiment" dans le cœur des frères. Une "mélodie majestueuse et tendre d'un cantique" fut chantée par des frères, sur les paroles du Frère Bizancourt (ndlr : il doir s'agir d'une faute de recopiage pour Rizaucourt) avec musique du Frère Bertin de l'Opéra.
C'est sans doute lui aussi qui est mentionné par une chronique d'époque comme ayant déployé sa belle voix ferme et sonore dans l'exécution d'un oratorio de Fabre d'Olivet, exécuté le 29 décembre 1804 dans le temple protestant de Saint-Thomas du Louvre pour marquer, à l'occasion du sacre de Napoléon, la reconnaissance des protestants à celui-ci pour leur avoir rendu le libre exercice de leur culte.
C'est manifestement le même Frère Bertin, artiste du Théâtre des Arts, qui avait chanté à la Fête de la Paix de 1801, dont le Tracé contient aussi une Cantate, avec musique de Bertin, professeur, élève de Lesueur.
De même, on peut lire dans les Acta Latomorum de Thory, rendant compte (p. 259) de la Saint-Jean d'hiver au Grand Orient, le 28 décembre 1814, que, lors du concert suivant la cérémonie, M. Bertin fait entendre une cantate dont il avait composé la musique sur des paroles de M. de Beaumont-Bouillon.
Voilà qui nous a amené à nous intéresser à lui en tant que compositeur.
Les seules autres mentions que nous en ayons trouvées à ce titre sont les suivantes :
BERTIN (Jean-Louis), né à Illois, acteur de l'Académie Impériale de Musique. Il a de l'intelligence et du goût ; pour le chant et même pour le jeu, il est un des premiers sujets de l'Opéra. Comme compositeur de musique, il a de justes droits à l'estime du public. C'est lui qui, de l'oratorio d'Haydn, composa cette messe solennelle qui fut chantée le jour de Sainte-Cécile en 1803.
Dans sa Biographie universelle des musiciens (vol I, p. 384), Fétis écrit :
BERTIN (Jean-Honoré), acteur de l'Opéra, connu sous le nom de Bertin Dilloy, fut d'abord enfant de chœur, et débuta dans les rôles de basse-taille, le 25 novembre 1792, dans Castor et Pollux. On l'admit comme premier double peu de temps après, et il continua son service en cette qualité jusqu'au 1er janvier 1817, époque de sa retraite. Il a composé des messes, des motets, et a arrangé en deux actes la musique d'Arvire et Évelina (ndlr : il s'agit d'un opéra inachevé de Sacchini), pour la reprise de cet ouvrage, en 1830 (ndlr : selon le Catalogue de la Bibliothèque musicale du Théâtre de l'Opéra, p. 361, ce serait plutôt en 1820). Bertin est mort à Versailles, en 1843.
Malgré la différence dans le second prénom, il nous semble évident qu'il ne peut s'agir que de la même personne, dite née à Illois d'un côté et Dilloy de l'autre. Jean-Honoré Bertin créa le rôle de Moralèz dans la tragédie lyrique de Spontini Fernand Cortez ou La conquête du Mexique, d'après Les Incas de Marmontel.
C'est aussi, comme confirmé à cette riche page de MUSEFREM, le Bertin qui d'après La France littéraire de Quérard (p. 15) a composé sur un livret de Caigniez l'opéra Idoménée, présenté à l'Académie de Musique en janvier 1823.
|