Pompe funèbre en Adoption (1806)
Cette page nous est l'occasion de mettre en lumière deux maçons éminents, qui sont aussi des personnages importants de l'histoire de France.
Muraire Le Comte Honoré Muraire (1750-1837) fut, malgré l'indépendance d'esprit qu'il a toujours manifestée, un important dignitaire de l'Empire, ce qui lui valut la disgrâce à la Restauration. Dans le superbe ouvrage de Pierre Mollier et Pierre-François Pinaud, L'état-major maçonnique de Napoléon (Ed. A L'Orient, 2009), on peut lire que, membre en 1785 de la Loge dracénoise Le Triomphe de l'Amitié (constituée en 1784), il fut ensuite membre et Vénérable d'honneur d'Anacréon, membre de Saint-Napoléon et de La Grande Maîtrise, et qu'il devint, en 1812, Vénérable d'honneur de Thémis. Il devint, en 1804, officier d'honneur du Grand Orient et fut aussi membre du Suprême Conseil du REAA, dont il fut Lieutenant Grand Commandeur. Les membres d'Anacréon n'ont pas manqué de l'encenser en chanson, en 1811 comme en 1812. |
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Le 1er août 1805, Decazes avait épousé la deuxième fille de Muraire, Elisabeth Fortunée, qui allait décéder dès le 24 janvier 1806.
Un tel événement ne pouvait que provoquer la plus grande consternation à la Loge d'Anacréon (dont étaient des membres éminents tant l'époux que le père de l'infortunée), tout comme à la Loge d'Adoption y attachée (dont celle-ci était elle-même membre).
Une Tenue de deuil fut donc organisée dans cette dernière.
J'ai eu la bonne fortune de mettre la main sur un fascicule de 8 pages, intitulé Loge d'Anacreon, Orient de Paris - Cantiques exécutés en Adoption pour la pompe funèbre de la Chère Soeur Elisabeth-Fortunée Muraire, fille du Vénérable d’honneur, épouse du Cher Frère Decazes. Il est composé de 5 pièces :
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Parmi ces protagonistes, on peut reconnaître quelques personnalités connues :
Chrétien-Siméon Le Prévost d'Iray (1768-1849) est un homme de lettres ; nous n'avions encore vu nulle part mention de son appartenance maçonnique.
Antignac est un des collaborateurs les plus réguliers de la Lyre maçonnique.
Fabry Garat fait l'objet d'une page de notre site compositeurs maçons ainsi que Imbimbo.
Voici ce qu'en écrit Fétis dans son T. 6 :
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Moilin est l'auteur en 1808 d'un autre hymne funèbre, où il est également désigné comme membre d'Anacréon. Peut-être s'agit-il d'un Citoyen Moilin, mentionné en 1801 comme collaborateur de la Nouvelle Bibliothèque des Romans aux pages 184 et 149 du Volume 4 du Journal général de la littérature de France et auteur de la nouvelle Le Repentir dans le vol. 8 de cette revue, et/ou du traducteur en 1798 d'Ann Radcliffe. Il est aussi l'auteur de Couplets sur l'affiliation de la loge de l'Age-d'Or à celle d'Anacréon. Le fichier Bossu nous apprend qu'il se prénommait Simon-Michel, était avocat et fondateur et membre de l'Affiliation Lyrique et Anacréontique d'Anacréon. En 1818, il était avocat au Parlement. On voit ici qu'il était toujours vivant en 1827.
Nous n'avons rien pu trouver sur la Chère Soeur Degide, qui a contribué au Trio Italien ; c'est d'ailleurs, sauf erreur, la première fois que nous trouvons une Soeur dans la liste des interprètes sollicités en Loge pendant l'Empire, qui sont en général des vedettes masculines de l'Opéra. Mais peut-être était-ce, non une célébrité, mais un membre de cette Loge d'Adoption, comme l'était la Chère Sœur Manen, oratrice, à qui l'on doit l'Élégie ?