Chanson sur la Paix
Cliquez ici (midi) ou ici (mp3) pour entendre l'air
Comme l'Almanach des Grâces ou les Etrennes de Polymnie, les Etrennes Lyriques, anacréontiques, étaient l'un de ces recueils annuels de poésies et chansons qui se sont multipliés à la fin de l'Ancien Régime et pendant les années suivantes. F.-J. Cholet de Jetphort en était l'éditeur. Certains de ces ouvrages figurent, sous la cote Bibliothèque municipale de Lyon Chomarat 6378, dans les collections de la Bibliothèque municipale de Lyon, qui nous a obligeamment autorisé à faire usage sur ce site des clichés (crédit photographique Bibliothèque municipale de Lyon, Didier Nicole) qu'elle nous en a fournis, et que nous avons adaptés pour les mettre aux normes du présent site. On trouve occasionnellement (c'est le cas en 1781, 84, 86 et 88), dans ces recueils, l'une ou l'autre chanson maçonnique. Celle-ci, signée par de Piis (membre de La Candeur), figure (pp. 7-11) au volume pour 1788 (mais, vu son sujet, elle doit être quelque peu antérieure). La Paix de Paris avait en 1783 entériné la reconnaissance par l'Angleterre de l'indépendance américaine. Elle constitue le sujet principal de la chanson, qui se poursuit par un marivaudage (sur le thème des convenances obligatoires en Loge d'Adoption : le mot orgie, dont l'usage est ici surprenant, ne doit évidemment pas être pris dans son sens moderne de débauche, mais dans le sens originel de fête ... bien arrosée puisqu'honorant Bacchus) pour se terminer sur un classique hommage au Roi. |
L'une des plus prestigieuses Loges parisiennes de la fin du XVIIIe était La Candeur, fondée en 1775, Loge phare de la noblesse d'épée, dont fut membre Choderlos de Laclos ; sa fondation fut aussitôt suivie de celle de sa Loge d'Adoption, particulièrement célèbre. C'est d'ailleurs manifestement en Loge d'Adoption (puisqu'il s'agit d'un dialogue entre le Vénérable et la Grande Maîtresse) que fut chantée cette pièce, et (malgré l'absence de majuscule) l'usage du mot candeur à l'avant-dernier vers de certains couplets donne à penser que ce fut précisément dans celle-là. |
|
CHANSON MAÇONNIQUE
SUR LA PAIX. Air : Chantez, dansez, amusez-vous.
Le Vénérable Les voilà donc enfin venus La Grande Maîtresse Suspendez-tous un fer guerrier
; Le Vénérable L'éclair du bonheur a jailli La Grande Maîtresse Jadis ce Peuple, avec dédain, Le Vénérable L'eau faisait peu d'impression La Grande Maîtresse Enfin, malgré mille actions * Le Parlement d'Angleterre. Le Vénérable Les yeux bandés, à très-grands frais, La Grande Maîtresse Toi que les Lys ont adopté, Le Vénérable Mes Soeurs, il me vient un projet La Grande Maîtresse Pour nous donner un tel baiser Le Vénérable aux Respectables Soeurs Digne ornement de ces climats, La Grande Maîtresse Nous vous trouvons trop indiscrets, Le Vénérable Frères & Soeurs doivent, je crois, Par le Frère De Piis. |
Le recueil est maintenant disponible sur Gallica, ce qui permet la consultation en ligne de la chanson.
Voir sur l'air Chantez, dansez, amusez-vous.
Antoine Pierre Augustin de Piis (1755-1832) figure en tant qu'Apprenti au Tableau de la Loge parisienne la Candeur daté du 1er mars 1782, avec la qualité civile d'écuyer. On voit au Tome I des Annales maçonniques en 1807 (à l'occasion de la publication d'une de ses chansons) qu'il était à cette date membre des Neuf Soeurs. Piis est un des sept personnages auxquels le Dictionnaire des girouettes en 1815 attribue (p. 385) la cote maximum de 12 girouettes.
Voici ce qu'en dit Bésuchet (qui semble ignorer qu'il était déjà maçon avant la Révolution) :
|