Pierre-Jean GARAT

Cliquez ici pour entendre le fichier midi de sa chanson (dont partition ci-dessous) Invocation à la Nuit, séquencé par David C.

 

Pierre-Jean GARAT (1764-1823) fut, selon Fétis dans sa Biographie universelle des musiciens, le chanteur le plus étonnant qu'ait eu la France. Sacchini disait de lui : Garat est la musique même.

Sa vocation fut cependant contrariée par son père avocat, qui n'entendait pas lui voir embrasser une autre profession que la sienne. C'est en cachette, avec la complicité de sa mère, qu'il s'initia à son art. Envoyé à Paris dès 16 ans pour y étudier le droit, il se sentit enfin libre de vivre pour la musique, fréquenta les milieux musicaux (où il se lia notamment avec Saint-Georges) ... et négligea totalement ses études de droit, ce qui entraîna la colère paternelle ... et bientôt une totale rupture qui le priva de ressources. 

Le comte d'Artois, qui appréciait son talent, l'engagea alors comme secrétaire particulier et fit sa publicité, notamment auprès de la reine Marie-Antoinette qui en fit un de ses musiciens favoris.

En voyage à Bordeaux, le comte s'efforça de réconcilier le père et le fils, sans succès jusqu'au moment où il eut l'idée d'organiser un concert de charité où chanterait Pierre-Jean. Le père accepta de s'y rendre - d'autant plus facilement que, à ce moment dans la gêne, il en était le bénéficiaire - et fut tellement charmé de l'entendre qu'ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre.

à droite : portrait trouvé dans le Garat de Paul Lafond

A la révolution, il passa du statut de musicien amateur à celui de professionnel, passa quelque temps en prison à Rouen pour avoir composé une chanson s'apitoyant sur les infortunes de la famille royale, puis quelques mois à Hambourg, et revint en 1794 à Paris, où il devint professeur au Conservatoire tout en continuant à obtenir les plus grands succès.

Quoique la composition n'ait tenu qu'une part accessoire dans son travail de musicien, on lui doit, selon Fétis (dans sa Biographie universelle des musiciens), quelques charmantes mélodies comme Bélisaire (dont l'air a été utilisé par Béranger pour sa chanson Le Champ d'Asile), Je t'aime tant, le Ménestrel. Sur le site de la bibliothèque de l'Université de Buffalo (Etat de New York, USA) - qui spécifie qu'il s'agit de Pierre  et non de son frère Fabry -, nous en avons trouvé une, datant (environ) de 1797 et éditée par Gaveaux, Invocation à la Nuit, que nous reproduisons au bas de cette page (il s'agit de fichiers très comprimés pour ne pas être trop encombrants : les amateurs pourront retrouver les fichiers originaux en cliquant ici).

Il est signalé comme membre des Neuf Soeurs en 1783 et de l'Olympique de la Parfaite Estime en 1786. Un de ses grands succès, La Gasconne, fit l'objet d'une amusante adaptation, chantée par son frère Fabry à la Loge d'Anacréon.

 
Une famille bien encombrante

Un père sévère

Le père de Pierre-Jean, Dominique (1735-1799), avocat et défenseur de l'identité basque, fut un partisan des Lumières qui devint député du tiers état aux Etats généraux et secrétaire de l'Assemblée nationale constituante. 

Il fit partie de la Loge bordelaise l'Amitié et, après en avoir été expulsé, il fonda avec quelques autres avocats la Loge l'Harmonie dont il devint secrétaire. 

Il ne fit cependant preuve d'aucune tolérance envers son fils, vis-à-vis duquel il se montra inflexible. Celui-ci ayant osé lui écrire sa fierté d'avoir été distingué par Marie-Antoinette, il lui répondit sèchement : Je n'ignorais pas que, dans Rome dégénérée, des baladins et des histrions ont été les favoris des empereurs.

Un oncle paralysant 

Frère cadet de Dominique, et donc oncle de Pierre-Jean, Dominique-Joseph (1749-1833), fut également maçon (il est recensé en 1779 comme membre des Neuf Soeurs). 

Ministre de la Justice en 1792 et de l'Intérieur en 1793, c'est lui qui eut l'affreuse commission de lire à Louis XVI son arrêt de mort. 

Sous le Consulat et sous l'Empire, il devint comte et (en 1803) académicien, mais la Restauration le priva de ce titre.

Selon Fétis, cette célébrité obligea son neveu à une espèce de retraite, dont il fut, dit-on, indemnisé par une pension. Quelques salons privilégiés devinrent donc le théâtre rétréci de ses succès.

Lithographie de Boilly


Retour à la table chronologique :

Retour à la table alphabétique :