Cantate à la sainte amitié

Cette Cantate figure sur un des fascicules des feuillets séparés (figurant dans notre collection) de la Loge de l'Union de Famille.

C'est un véritable Hymne à l'Amitié, où l'évocation de l'amitié de deux couples (Patrocle et Achille, Euryale et Nisus) de héros guerriers antiques sert de prélude à un hommage à deux guerriers contemporains offerts à nos yeux dans cette enceinte auguste - et donc membres de la Loge ?

Elle est chantée par les Frères Bertin, Laforest, Bordogni et Rubi. Nous connaissons bien les trois premiers ; le Rubi pourrait être celui désigné comme avertisseur de la scène en 1824 à l'Opéra Italien, au moment où Bordogni y était un des premiers chanteurs.

Le texte est d'un membre de l'Atelier non autrement désigné.

La musique est de Vogt.

    

 Cantate 

Chantée par les Très Chers Frères Bertin, Laforest, Bordogni et Rubi ;

Paroles du Frère ***, Membre de l'Union de Famille, 

Musique du Très Cher Frère Vogt, Membre du même Atelier

 

Amour, tant de lyres fameuses
T’ont célébré par leurs tendres accords !
Nos luths, pour te louer, feraient de vains efforts :
Leurs cordes ne sont point assez voluptueuses.
Sainte amitié, viens inspirer nos chants :
Ils deviendront plus purs et plus touchants.

 

Déjà, je sens l’ardeur de ta céleste flamme
Animer mes esprits, électriser mon âme,
Et sa vive clarté fait briller à mes yeux
Les noms que tu rendis à jamais glorieux.

 

Dans les champs phrygiens, le guerrier invincible,
Enflammé de courroux, s’éloigne des combats ;
La Grèce en vain l’implore, il demeure inflexible...
Mais Patrocle n’est plus, il arme encor son bras,
Fuis, Hector, fuis ! Achille est plus terrible
Qu'il ne le fut jamais ; et les Dieux, du trépas,
Quand il pleure un ami, ne te sauveraient pas.
Sainte amitié, etc.

 

Pour toi l'on voit Nysus, aux mânes d’Euryale,
Immoler vingt héros dans le camp ennemi ;
Frappé lui-même, il tombe, et son âme s'exhale
En cherchant à se joindre à celle d’un ami.
Ravis au jour par la Parque fatale,
Mais non à l’amitié, jusques aux sombres bords,
On les voit se livrer à ses divins transports.
Sainte amitié, etc.

 

Soldats aussi vaillants, amis non moins fidèles,
Deux guerriers, de nos jours, s'illustrent sous tes lois ;
Dans cette enceinte auguste on entend ces modèles
Annoncer tes leçons et propager ta voix.
Souffle divin ! Ah ! combien tu décèles
Ton charme et ton pouvoir, en offrant à nos yeux
Deux amis si constants, deux coeurs si généreux !

 

Présent du ciel, quelle est ton influence,
Celui qui te connaît sait mépriser la mort :
Les Rois, les Dieux sont jaloux de son sort,
Et, pour un seul ami, céderaient leur puissance.
Sainte amitié, viens inspirer nos chants,
Ils deviendront plus purs et plus touchants !

Une autre édition figure dans un autre fascicule des mêmes feuillets, mais avec trois différences :

Pythias, pour Damon, vint s’offrir en otage ;
Il voudrait d’un ami prévenir le retour ;
Il brave le supplice, il méprise la rage ;
Son trépas, à Damon, doit conserver le jour.
Mais, ô merveille, un si noble courage,
Même au cœur de Denys, révèle l’amitié,
Et dès l’instant qu’il aime, il connait la pitié.

Ce qui semblait être (du temps de l'épopée napoléonienne ?) une allusion à deux membres de la Loge a donc cette fois-ci fait place à l'évocation d'encore un autre couple légendaire d'amis indéfectibles : Pythias et Damon.

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