Complainte d'un Chevalier Rose-Croix

Cliquez ici pour entendre le début de l'enregistrement de Bernard Muracciole

Cette complainte de hauts grades se trouve aux pp. 120 et 121 du Tome 7 des Annales Maçonniques de Caillot.

Elle est signée de Boubée, membre de l'Age d'Or - qui, comme beaucoup de Loges à l'époque, avait son propre Chapitre.

Il n'y a pas ici de mention d'air.

La même chanson figure (pp. 21-3), sous la même signature et avec les mêmes titre et sous-titre, à la Lyre maçonnique de 1811, mais avec la mention air nouveau.

On la trouve également, sans mention d'air, aux pp. 68-70 du Nouveau Code récréatif des Francs-Maçons.

Mais ces éditions ne font en fait que recopier le document original imprimé par Caillot, qu'il est possible de consulter à la Bibliothèque municipale de Lyon, sous la cote Bibliothèque municipale de Lyon SJ R.338/10,10.

Celui-ci contient en plus les précieuses mentions musique du Frère Romagnesy (sic) SPRC (souverain Prince Rose-Croix) et chanté par le Frère Derivis SPRC (il s'agit d'un chanteur de l'Académie Impériale de Musique, signalé par Bossu comme membre du Grand Sphinx, de l'Age d'Or et d'Anacréon ; il est mentionné ici comme ayant interprété une autre chanson de Boubée ; on voit ici qu'il était également membre (tout comme par exemple Plantade, Kreutzer ou Laujon) de la Réunion des Arts et de l'Amitié : s'agit-il de la goguette de ce nom ou d'une loge ? nous n'en connaissons en tout cas pas de ce nom, à moins qu'il ne s'agisse de celle des Arts et l'Amitié).

C'est le thème des trois vertus théologales de Foi, Espérance et Charité (ces 3 mots sont mis en italiques, au même titre que ceux de Rose et de Croix) qui est particulièrement mis en évidence ici, comme il se doit à ce grade.

complainte 

D'UN Chevalier Rose-Croix

Chantée au réfectoire de la Fête de l'équinoxe, le 8e jour du 2e mois de l'an de Grâce 1809, dans le Souverain Chapitre de l'Age d'Or, à l'Orient de Paris.

Après un long pélérinage,
Aux siens joyeux de son retour,
En ces mots, pieux troubadour,
Faisait récit de son voyage :
Chevaliers, d'outre mer, je vous porte à la fois
Et les fleurs de la Rose et les fruits de la Croix.

Quand vous quittai pour mon voyage,
Lorsque jour vint tant souhaité,
Pour guide pris la piété :
La Foi soutenait mon courage ;
Chevaliers, outre mer, j'allais voir à la fois,
Et les fleurs de la Rose et les fruits de la Croix.

Malgré fatigante campagne,
Et malgré la mer en courroux,
Enfin, je fléchis les genoux
Devant la divine montagne ;
Et c'est là, Chevaliers, que je vis à la fois,
Et les fleurs de la Rose et les fruits de la Croix.

Les bras en croix bientôt s'avance
Vieillard tout brillant de vertu,
Disant : Ami que cherches-tu ?
As-tu pour guide l'Espérance ?
Oui, dis-je, Chevalier, près d'ici j'aperçois
Et les fleurs de la Rose et les fruits de la Croix.

Il lève aussitôt sa paupière,
Et d'un signe mystérieux,
Vers le ciel dirigeant mes yeux,
Reçois, me dit-il, la lumière,
Je te fais Chevalier ; tu vas voir à la fois,
Et les fleurs de la Rose et les fruits de la Croix.

A sa promesse alors fidèle,
Il me découvrit beau trésor,
Je vis, tracés en lettres d'or,
Préceptes d'une loi nouvelle,
Et de sa Charité je reçus à la fois,
Et les fleurs de la Rose et les fruits de la Croix.

O vous qui, d'un si beau mystère
Recevez doux prix chaque jour,
Vous, dont les vertus et l'amour
M'énorgueillissent d'être Frère,
Illustres Chevaliers, célébrons à la fois,
Et les fleurs de la Rose et les fruits de la Croix.

Boubée,

Souverain Prince Rose-Croix, 1er Grand Surveillant.

Quelques décennies plus tard, cette chanson a été reprise par Orcel, sous le titre Le retour du Chevalier Rose-Croix, dans son recueil (pp. 63-4), mais sans aucune mention ni d'air ni d'auteur.

C'est là que l'avait trouvée - à une époque où nous n'en avions pas encore, dans la présente page (mise en ligne en 2012), identifié l'auteur - Bernard Muracciole qui, en trouvant le texte fort beau, a composé pour elle une musique de son cru pour en faire la plage 17 de son livre-CD paru en 2008. 

Selon les commentaires qu'il y donne, la divine montagne mentionnée au 3e couplet pourrait être soit le célèbre Mont Heredom, soit le Mont des Oliviers, qualifié par un document du Grand Orient en 1801 de Saint Mont sur lequel le fils du grand Architecte expira.

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