Les neuf vertus du vrai maçon

Sous l'Empire, l'objet principal des Fêtes de l'Ordre du Grand Orient était d'exalter la grandeur napoléonienne. A la Restauration, il fallut évidemment changer son fusil d'épaule, et il devint sans doute alors prudent de se tourner vers des valeurs plus traditionnelles et moins personnalisées.

C'est ce que semblent indiquer ces Stances, qui ouvrent (pp. 3-4) le Tome second de Hermès, ou Archives maçonniques, où elles précèdent un compte-rendu de la Fête de l'Ordre de 1819.

Ce compte-rendu précise que :

Ces vers, auxquels une musique agréable donnait un nouveau prix, ont fait le plus grand plaisir.— Le compositeur accompagnait sur le piano, avec ce talent qu'on lui connaît, le chant des Frères Bertin et Laforêt (de l'Opéra). Nommer ces Respectables Frères, c'est faire de l'exécution le plus parfait éloge. De vifs applaudissemens ont été le témoignage non équivoque d'une satisfaction générale.

On connaît bien par ailleurs les intervenants mentionnés : Taskin, Bertin et Laforêt.

On voit que le Grand Orient de France maintenait sa tradition, datant du début du siècle et prolongée par la suite, d'agrémenter sa fête de l'Ordre par un concert dans lequel il engageait des musiciens prestigieux choisis parmi ses membres.


LE CODE MAÇONNIQUE,

OU

LES NEUF VERTUS DU VRAI MAÇON

 

S T A N C E S

 

Chantées au Grand Orient de France, travaux tenans, le
24 juin 1819, jour de la fête de l'Ordre.

 

récitatif.

 

Quel spectacle imposant vient s'offrir à mes yeux !
Le ciel s'ouvre .... ! et soudain de la voûte azurée
Notre saint protecteur descend tout radieux.....
De nos lois, dans ses mains, est la table sacrée : 
« Ecoutez, mes enfans, écoutez mes leçons,
» J'apporte ici, dit-il, le Code des Maçons.

 

C H A N T.

 

stance première.

 

« A l'Eternel, auteur de la lumière,
» Au Souverain de la terre et des cieux,
» Pour mériter l'auguste nom de Frère,
» Tout bon Maçon doit un culte et des voeux ;
» D'un coeur fidèle à son roi légitime,
» Il doit l'hommage aussi vrai que constant,
» Et de sa vie un abandon sublime,
» Quand la patrie a demandé son sang.

 

stance seconde.

 

» En fils soumis, au sein de sa famille,
» De ses parens qu'il respecte les droits ;
» Quand dans son coeur un feu nouveau pétille,
» Quand de l'amour il reconnaît les lois,
» Qu'à son épouse il voue un coeur sincère ;
» Qu'il soit l'appui de ses tendres enfans,
» Sans oublier cette réserve austère,
» Qui pourra seule embellir ses vieux ans.

 

stance troisième.

 

Que tout mortel, porté par sa naissance,
Ou sa fortune, aux honneurs, au haut rang,
Admire en lui la modeste assurance
Qui des vertus est le noble garant ;
Que ses égaux pensent qu'il est leur frère ;
Qu'à l'être faible, ainsi qu'aux malheureux,
Il sache tendre une main tutélaire,
Et leur offrir ce qui manque à leurs voeux.

 

Paroles du Frère Bailly,
Officier du Grand Orient ;

 

Musique du Frère Taskin.

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