le Saule pleureur (Niort, 1842)
Cliquez ici pour entendre un MP3 de l'air 827 de la Clé du Caveau
Ce cantique, intitulé le Saule pleureur, et daté du 15 octobre 1842, est un des quatre relatifs aux Amis de l'Ordre que nous avons trouvés (p. 97) dans l'ouvrage de Gustave Boissière, Histoire des loges et des chapitres de Niort.
L'auteur en est Moreau, 30e, qui à ce titre avait été un des installateurs de la Loge. Il relevait de l'Orient de Bordeaux, mais était aussi membre honoraire des Amis de l'Ordre.
Ses talents littéraires y étaient manifestement fort appréciés, puisque la Loge fit imprimer cette pièce, dont on peut se demander ce qui (hormis l'ambition de se faire bien voir par un haut dignitaire influent du Rite) a bien pu inspirer une telle mise à l'honneur.
LE SAULE PLEUREUR
Air : Voyez, cette barque légère.
Si du malheur l'homme est né tributaire,
Il trouve encor douce félicité ;
Lorsque la paix, cet ange tutélaire,
Offre à son coeur force et sérénité ;
Sous cette égide il peut braver l'orage,
Qui doit creuser son ténébreux séjour :
Doux olivier, qui reçoit son ombrage,
Ne crains jamais que le saule ait son tour.
Vous qui brûlez d'une amoureuse flamme,
Jeunes amants, saisissez les instants :
La volupté veut enivrer votre âme.
Et vous fuira sur les ailes du temps.
Ah ! si vos coeurs parlent dans le bocage,
Sans éveiller les échos d'à l'entour (sic).
Du myrthe vert profitez de l'ombrage.
Demain, peut-être, un saule aura son tour.
De la beauté quand s'enfuit la jeunesse,
Briguons encor ses dernières faveurs.
Dans son esprit on retrouve l'ivresse,
Où nous plongeaient ses charmes séducteurs.
Lorsque le temps sillonne son visage.
Tous nos plaisirs n'ont pas fui sans retour,
Son amitié nous prête un doux ombrage,
Jusqu'à l'instant où le saule a son tour.
Pour son époux une veuve éplorée,
Veut dans la tombe immoler ses attraits ;
Mais d'un amant elle était adorée,
Il est près d'elle, amour lance ses traits.
Son tendre coeur a trahi son courage,
L'amant vainqueur presse un joli conteur.
Du myrthe encor elle accepte l'ombrage,
En attendant que le saule ait son tour.
Pendant vingt ans, guidé par la victoire,
Un conquérant étonna l'univers ;
La trahison, jalouse de sa gloire,
Le fit descendre à d'illustres revers.
Sur un rocher, malgré son esclavage,
Les Potentats, redoutant son retour,
N'osaient flétrir le laurier qui l'ombrage,
Ils attendaient que le saule ait son tour.
Frères, parfois, si la mélancolie
Veut, du destin, nous voiler les décrets,
N'oublions pas que l'aimable Folie
Du vrai plaisir découvre les secrets.
Fils de Momus, conservons son ouvrage,
Entre Bacchus, les Grâces et l'Amour !
Du pampre vert jouissons de l'ombrage.
En attendant que le saule ait son tour.
MOREAU.
Voyez, amis, cette barque légère est l'incipit d'une chanson de Béranger intitulée le Commencement du Voyage et se chantant sur l'air du vaudeville des Chevilles de Maître Adam (cet air est donné par la Clé du Caveau sous le n° 827 et on trouve ici, sous le n° 31, la partition de Béranger, plus développée).
Voyez, cette barque légère est un nocturne a deux voix, paru en 1827, d'Auguste Panseron sur ces paroles de Béranger.