CHANSON NOUVELLE
Par le Frère Teriop.

 Cliquez ici (midi) ou ici (MP3) pour entendre l'air de Joconde donné par Théaville

Une des quelques chansons inédites trouvées (pp. 328-32) dans une reliure (faussement intitulée, du fait d'une partie de son contenu, Recueil de chansons des Franc-Maçons à l'usage de la Loge de Ste Geneviefve).

Nous ne l'avons trouvée nulle part ailleurs.

Fort longue (12 couplets, 96 vers), elle constitue un classique développement sur les pratiques maçonniques, commençant (5 couplets !) par les traditionnels conseils de tempérance. Le 6e énonce d'intéressants principes pour le recrutement. Le 7e rappelle l'interdiction de parler politique, justifiée par ... le respect de la volonté divine (l'Ancien Régime n'est-il pas un régime de droit divin ? ). Avec le 8e, on ne coupe pas à snober les profanes, tandis que les suivants reprennent d'autres thèmes non moins traditionnels.

Le bizarre nom de l'auteur nous semble être un anagramme de Poiret.

Voir ici sur un des 3 airs proposés, celui de Joconde.

Voir ici sur l'air Nous jouissons dans nos hameaux.

On voit ici que Jeune Iris souffrez sans courroux (texte de Lattaignant) doit se chanter sur l'air Vous voulez me faire chanter, dont la partition (n° 3) correspond à celle donnée par la Clé du Caveau pour ce même titre sous le n° 651.

      
     
          
    

     

CHANSON NOUVELLE.

 

Par le Frère Teriop.

 

Sur l'air, Jeune Iris souffrez sans courroux, ou sur l'air de Joconde, ou bien sur l'air, Nous jouissons dans nos hameaux.

 

 1

POur rendre la societé
D'un commerce agréable,
Pour y goûter en liberté
Les plaisirs de la table,
Pour y prévenir tout regret
Chacun doit se conduire
De façon qu'il y soit discret
Et qu'il cherche à s'instruire.

 

 2

En sùprimant tout l'excessif
De la gloutonerie,
Laissons toujours notre esprit vif
Aux plaisirs de la vie.
Dans un Navire un lourd fardeau
Le submerge & l'accable,
Notre estomac comme un Vaisseau
Veut un poids raisonnable.

 

 3

Evitons ces gourmets pressans 
Dont les grands soins nous choquent,
Et qui nous versent à tous instans 
Des lampées qui suffoquent. 
Que tout Franc-Maçon sur ce fait 
Soit libre sans reserve, 
Qu'il soit son maître & son valet, 
Qu'à son goût il se serve.

 

 4

Se piquer d'être grand buveur
Est une erreur extrême :
Fuyons ce titre peu flateur ,
Buvons à qui nous aime.
Quand on boit trop on s'assoupit,
L'ame tombe en délire,
Buvons pour avoir de l'esprit
Et non pour le détruire.

 

 5

Casser les verres & les pots ,
Quelle sotte manie !
Il est quelquefois à propos
De boire à sa Silvie ,
Mais ne soyons pas assez sots,
Dans nos plus gais caprices,
De briser & mettre en morceaux
Ce qui sert nos délices.

 

 6

Si nous recevons un Sujet,
Nous avons pour maxime
De préferer l'esprit bien fait,
Quoiqu'un peu moins sublime.
Qu'il soit zélé, vrai, sans détour,
De finesse on le quitte,
En amitié comme en amour,
Le cœur fait le mérite.

 

 7

La politique & ses secrets
Sont pour nous un mystere,
Chers amis, n'en parlons jamais,
Ce n'est point notre affaire :
Respectons dans nos entretiens
Ce que les Dieux ordonnent,
Songeons à profiter des biens
Que leurs faveurs nous donnent.

 

 8

Laissons s'élever contre nous
Le profane vulgaire ;
Que nous importe son courroux
Si nous sçavons nous taire ?
Le bonheur dont nous jouissons
Est d'autant plus sensible
Qu'il n'est connu que des Maçons,
Et pour eux invisible.

 

 9

Dans cet agréable festin
Où regne l'innocence,
Chaque Maçon le verre en main
Bénit l'intelligence ;
La vertu qui brille en ces lieux
Du Maître fait l'éloge ;
On la voit aussi dans les yeux
Des Frères de la Loge.

 

 10

Vous Venerable & Surveillans,
Nos plus parfaits modèles :
Ainsi que des astres brillans
Rendez nos cœurs fidèles :
Par vos conseils secondez-nous,
Inspirez-nous l'audace
D'être vertueux comme vous,
Et vous suivre à la trace.

 

 11

Frères très-chers & compagnons,
Dignes de nos estimes,
Soyons toujours de vrais Maçons,
Toujours amis intimes.
Faisons que par de sages Loix
Notre amitie se lie,
Et jouissons tous avec choix
Des plaisirs de la vie.

 

 12

Du Grand Maître de l'Univers
Admirons les ouvrages,
C'est sa bonté qui par mes vers
Demande nos hommages.
Que ce nectar délicieux,
Ce doux jus de l'Automne,
Soit toujours un don précieux
Que sa grâce nous donne.

 

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