Cantique en Loge d'Adoption

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La Lyre maçonnique pour 1811 contient (p. 183) un couplet d'un cantique chanté dans une Loge d'Adoption par Philippon de la Madelaine (1734-1818), dont c'est la seule participation à la Lyre.

Plutôt que l'image de la page correspondante, nous vous proposons une réédition de ce couplet, qui nous donne l'occasion d'en présenter l'auteur.

On le retrouve en effet dans le numéro du 5 mars 1876 de l'hebdomadaire lyonnais le Passe-temps, dans un article consacré à l'auteur par F.-P. de JOINVILLE dans le cadre de sa rubrique SCÈNE LYONNAISE - Auteurs et Artistes, article que nous reproduisons ci-dessous en partie.

SCÈNE LYONNAISE

Auteurs et Artistes.

PHILIPON de la MADELAINE (Louis).

Voici encore un auteur lyonnais, qui jouit en son temps d'une grande réputation et qui, aujourd'hui, est presque inconnu, même à Lyon ; il doit cependant prendre place dans notre galerie, quoiqu'il n'y ait rien fait représenter, car nos biographies ne doivent pas être restreintes à celles des auteurs qui ont fait jouer des pièces sur les théâtres de Lyon, mais bien encore à ceux qui, nés dans cette ville, ont suivi ailleurs la carrière théâtrale.

Louis PHILIPON DE LA MADELAINE, auteur polygraphe, naquit à Lyon le 9 octobre 1734, et, comme il était le cadet, sa famille le destina à l'état ecclésiastique. Dès qu'il eut l'âge nécessaire, il entra, dit-on, chez les Jésuites, où il fit de rapides progrès ; les bons pères en étaient tous joyeux, lorsque au moment de prendre les ordres, il jeta le froc aux orties, quitta le séminaire et rentra dans le monde. Il changea le cours de ses études, puis se rendit à Besançon, où il étudia le droit et où il fit un mariage avantageux.

Il obtint bientôt l'emploi d'avocat du roi au bureau des finances de  Besançon, qu'il garda jusqu'en 1786 ; puis il fut nommé intendant des finances de comte d'Artois, emploi qu'il occupait encore lorsque éclata la Révolution, et qu'il dut quitter par suite des événements politiques. Dévoué à la légitimité, il fut frappé d'un mandat d'arrêt après la journée du 10 août 1792, et il n'échappa aux proscriptions qu'en rentrant dans l'obscurité, car, en 1795, on le retrouve bibliothécaire au ministère de l'intérieur (quelques biographes disent qu'il n'occupa cette place que sous l'Empire). Nous ne savons jusqu'à quelle époque il occupa cette place, qui lui permettait de se livrer à ses travaux favoris.

Ainsi que la République, l'Empire tomba à son tour, et, à la rentrée des Bourbons, Philipon fut nommé intendant honoraire des finances de Monsieur ; il joignit à ce titre celui de membre de l'Académie de Besançon et de l'Athénée de Lyon. Son goût pour la chanson et ses succès dans ce genre le firent aussi recevoir membre des sociétés lyriques des diners du Vaudeville et de la Société du Caveau.

Son amabilité, sa gaîté, son humeur égale et son caractère obligeant, qu'il conserva jusque dans l'extrême vieillesse, le firent aimer et estimer de tous ceux qui le connurent. Ses travaux, excessivement variés, prouvent sa facilité ...

Outre les recueils de chansons ..., il en a encore un grand nombre éparses dans les recueils du temps. Faisant partie de la franc-maçonnerie, il fit plusieurs chants pour les tenues et les fêtes de cet ordre célèbre et si dégénéré aujourd'hui ; en voici un pour une fête d'adoption, publié dans la Lyre maçonnique de 1811 :

(voir ci-dessous)

Lié avec les chansonniers et les auteurs en renom de l'époque, il ne pouvait rester étranger à la littérature théâtrale ; aussi fit-il plusieurs pièces, dont quelques-unes obtinrent de beaux succès. 

...

Tant d'écrits divers lui valurent une place honorable parmi les écrivains de son temps, et ce fut entouré de l'estime de tous qu'il mourut à Paris, à l'âge de 84 ans.

F.-P. de JOINVILLE.

On peut lire aussi les pages (118-122) lui consacrées par Henri Avenel dans son ouvrage Chansons et chansonniers.

La chanson est bien dans le style du temps, un marivaudage mythologique un peu poussé. 

Air du vaudeville d'Epicure.

Nous ornons d'une fleur nouvelle
Epicure ainsi que Zénon,
Et les Grâces ont leur chapelle
Dans le temple de la Raison.
Mais tout en jouant sur leurs traces,
Nous savons craindre les abus,
Et nous ne caressons les Grâces
Que sur les genoux des vertus.

Voir l'air.

Voir également ici sur Philippon, qui est aussi mentionné par Bésuchet (p. 225) :

PHILIPON DE LA MADELEINE (Louis), littérateur, naquit en 1764, et mourut en 1818. Il fut avant la révolution successivement avocat du roi à la chambre des comptes de Besançon, et intendant des finances de M. le comte d'Artois, aujourd'hui S. M. Charles X. Sous le gouvernement directorial, il occupa l'emploi de bibliothécaire du ministère de l'intérieur. Le reste de sa vie a été consacré aux lettres. Il s'associa pour la comédie-vaudeville avec MM. de Ségur et Le Prévost d'Iray, donna un recueil de ses Chansons, qui eurent quatre éditions, la dernière en 1810; écrivit sur l'éducation, et fit paraître : 1° Géographie élémentaire de la France, deuxième édition, 1801 ; 2° Homonymes français, troisième édition, 1817; 3° Manuel épislolaire, septième édition, 1820 ; 4° Grammaire des gens du monde, deuxième édition, 1807 ; 5° Dictionnaire portatif des poètes français morts de 1050 à 1804, 1805 ; 6° Dictionnaire portatif des rimes, deuxième édition, 1806 ; 7° Dictionnaire portatif de la langue française, troisième édition, 1819 ; 8° une édition des Voyages de Cyrus, par Ramsay, etc. Philipon de la Madeleine était membre de l'association fraternelle, et on voit dans la Lyre maçonnique qu'il a payé son tribut à l'ordre.

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