POÉSIES ET CHANSONS MAÇONNIQUES

LES FRANCS-MAÇONS.
ODE.

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AGe d’or, fiecle qu’on nous vante,
Tems d’innocence & d’union,
N’es-tu qu’une fable charmante,
Une agréable illufion ?
Nos ayeux en effet plus fages
Jouiffoient-ils des avantages
Que le ciel nous a refufés ?
Si ce n’eft point une imposture,
Qu’avoient-ils fait à la nature,
Pour être ainfi favorifés ?

Jettons les yeux fur les annales
De ces siecles fi révérés,
Les ingrats, les ames vénales,
Etoient des êtres ignorés,
Le calme régnoit fur la terre,
La difcorde, la faim, la guerre
Laiffoient en paix les nations :
Si ces tems font imaginaires,
Que je me plais dans ces chimeres,
Et que j’aime ces fictions !

Mais pourquoi traiter de preftiges
Ce qu’on nous dit de l'âge d’or,
Ce ne font point de vains prodiges,
Cet heureux tems renaît encor ?
Siecle de Saturne & de Rhée,
Amitié, fageffe facrée,
Vous revenez chez les mortels :
Un corps que la raifon éclaire,
A l’abri des yeux du vulgaire,
Releve à l’envi vos autels.

Francs-maçons fi dignes d’eftime,
Sages que rien ne peut troubler,
Amis zélés, troupe fublime,
C’eft de vous dont je veux parler ;
Votre morale eft pure & faine,
L’orgueil, cette chimere vaine,
Gémit fous vos pieds abattu,
Toujours amis de la juftice,
Vous êtes le fléau du vice,
Et le foutien de la vertu.

Ecoutons parler le vulgaire,
Votre augufte fociété
N’eft felon lui que l’art de plaire
Par l’excès de la volupté ;
Profanes, dont la bouche impure
Ofe d’une telle impofture
Noircir ces hommes révérés,
Quittez ce coupable langage,
Et refpectez dans chaque fage,
Un fecret que vous ignorez.

Par quel motif, fur quel indice
Vous livrez-vous à ces foupçons,
Eft-ce dans les fentiers du vice
Qu’on voit marcher les francs-maçons ?
Contemplez ce peuple de freres,
Vous ne verrez que cœurs finceres,
Que candeur & que probité :
Eft-ce donc que fous l’apparence
De l’honneur & de l’innocence
Ils couvriroient l’iniquité.

Non, une amitié charitable
Eft leur principale vertu ;
J’en crois ce caractere aimable
Dont chacun d’eux eft revêtu ;
Sufpens donc, vulgaire profane,
Un langage qui te condamne,
Et qu’on peut trop méprifer ;
Tes traits lancés d’un bras timide
Contre leur immortel Egide,
Ne frappent que pour fe brifer.

Soutien d’un ordre que j’honore,
Maçons, freres pleins d’amitié,
Dans des myfteres que j’ignore,
Que ne puis-je être initié !
Si le zele pouvoit vous plaire
S’il fussifoit d’un cœur fincere
Pour être admis dans vos fecrets...
Arrête préfomption vaine,
Et malgré l’ardeur qui m’entraîne,
Cachons des defirs indiscrets.

Vertueux chef d’un corps illuftre,

Dont le but eft d’unir les cœurs,
Toi qui ne dois ce nouveau luftre
Qu’à la pureté de tes mœurs,
C******** reçois mon hommage,
Jette les yeux fur un ouvrage
Que le fentiment a tracé ;
Un cœur charmé de tes préceptes,
Vient te l’offrir, si tu l’acceptes,
Je ferai trop récompensé.
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