- QUoi ! mes freres, fouffrirez-vous
- Que notre augufte compagnie
- Soit fans ceffe exposée aux coups
- De la plus noire calomnie !
Non, c’eft trop endurer d’injurieux foupçons.
Souffrez qu’à tous ici ma voix fe faffe entendre ;
- Permettez-moi de leur apprendre
- Ce que c’eft que les francs-maçons.
- Les gens de notre ordre toujours
- Gagnent à fe faire connoître :
- Et je prétends par mes difcours
- Infpirer le defir d’en être.
Qu’eft-ce qu’un franc-maçon ? En voici le portrait :
C’eft un bon citoyen, un fujet plein de zele
- A fon prince, à l’état fidele,
- Et de plus un ami parfait.
- Chez nous regne une liberté,
- Toujours foumife à la décence
- Nous y goûtons la volupté ;
- Mais fans que le ciel s’en offenfe.
Quoiqu’aux yeux du public nos plaisirs foient fecrets,
Aux plus aufteres loix l’ordre fait nous aftreindre ;
- Les frans-maçons n’ont point à craindre,
- Ni les remords, ni les regrets.
- Le but où tendent nos deffeins,
- Eft de faire revivre Aftrée,
- Et de remettre les humains,
- Comme ils étoient du temps de Rhée.
Nous fuivons tous des fentiers peu battus ;
Nous cherchons à bâtir, & tous nos édifices
- Sont, ou des prifons pour les vices,
- Ou des temples pour les vertus.
- Je veux, avant que de finir,
- Nous difculper auprès des belles,
- Qui penfent devoir nous punir
- Du refus que nous faifons d’elles.
S’il leur est défendu d’entrer dans nos maifons,
Cet ordre ne doit pas exciter leur colere :
- Elles nous en loueront, j’efpere,
- Lorfqu’elles fauront nos raifons.
- Beau fexe, nous avons pour vous,
- Et du refpect & de l’eftime ;
- Mais auffi nous vous craignons tous,
- Et notre crainte eft légitime.
Hélas ! on nous apprend pour première leçon,
Que...
(ici, il manque une feuille, soient les pages 13 et
14 ; les vers manquants peuvent être lus ici)
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