POÉSIES ET CHANSONS MAÇONNIQUES

Les francs-maçons,
songe
(manque le début, page 14 : pour le voir dans un autre recueil, cliquez ici)

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...
Le présent me répond d’un heureux avenir.
C’étoit la voix de la nature :

Milles graces sans fard composoient sa parure,
Les innocens plaisirs, les vertus sur ses pas
Fixoient les cœurs heureux qu’attiroient ses appas.
Suis-moi, dit la déesse, & que ton cœur admire
Le rapide progrès de mon naissant empire.
Pour payer tes desirs, je dévoile à tes yeux
Un spectacle enchanteur préparé pour les Dieux.
Arrête tes regards, & que ton cœur comtemple
Mes fidèles sujets assemblés dans mon temple ;
Là tous les cœurs unis, sans gêner leurs desirs,
Font germer les vertus dans le sein des plaisirs,
Au tumulte des cours ils préferent mes fêtes :
C’est ici que l’on voit les plus superbes têtes
Déposer leurs grands noms aux pieds de mes autels ;
Et malgré la fierté qu’inspire la fortune,
Ses favoris rangés sous une loi commune,
Donner le nom de frere au moindre des mortels.
Voilà sur les humains ma plus belle victoire ;
Elle rappelle aux grands la loi d’égalité,
Et sait fouler aux pieds l’idole de la gloire,
Victime d’aimable & noble liberté ;
Liberté qui n’a rien d’une injuste licence,
Qui des rois & des Dieux sait respecter les droits :
Mon regne a consacré la juste dépendance,
Qu’impose le pouvoir & des Dieux & des rois.
Ne t’étonne donc plus de l’heureuse harmonie,
Qu’enfante l’unité de ce brillant accord :
La troupe que tu vois, par mes soins réunie,
A choisi pour ses loix, les mœurs du siecle d’or.
Si le sexe est banni, qu’il n’en ait point d’alarmes,
Ce n’est point un outrage à la fidélité ;
Mais je crains que l’amour entrant avec ses charmes,
Ne produise l’oubli de la fraternité.
Noms de frere & d’ami seroient de foibles armes
Pour garantir les cœurs de la rivalité :
Dans le sexe charmant trop d’amabilité
Exige des soupirs, & quelquefois des larmes ;
Au plaisir d’être ami nuiroit la volupté.
C’en est assez, dit l’aimable déesse :
Tu connois mes enfans, je ne t’ai rien célé ;
Juge par le secret que je t’ai révélé,
Si j’exige des cœurs une austere sagesse.
Pour confondre un vain peuple, & de folles rumeurs,
Des frere outragés va publier les mœurs,
Et ne soupçonne point d’énigme imaginaire :
Leurs signes ne sont rien pour être reconnus,
Ils n’ont d’autres signaux, que ceux de leurs vertus.
S’il est quelque secret, c’est aux yeux du vulgaire,
Pour qui tant de vertu fut toujours un mystere.
A ces mots disparut le songe & le sommeil.
Permettez, francs-maçons, qu’à l’instant du réveil,
Je cherche à vous faire connoître :

Ne redoutez point les revers,

Illustres citoyens, vous n’avez qu’à paroître,
Pour ranger sous vos loix la France & l’univers.
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