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SUr un gazon fleuri, près les bords de la Seine, Des zéphirs du printems je refpirois l’haleine, Et goûtois à plaifir au murmure des eaux, Les délices des Dieux, dans les bras du repos : D’un gracieux regard Phébus en fon aurore, Difperfoit fes rayons fur les tapis de Flore, Qui fenfible à fes traits, en payoit les faveurs, D’un encens de parfums des plus faines odeurs. Un ormeau fur ma tête étendant fon feuillage, Servoit aux doux zéphirs de tendre badinage, Et de féjour charmant aux concerts des oifeaux, Que l’amour raffembloit par des foupirs nouveaux ; Ces habitans des airs, par la pure induftrie, Proportionnant l’art & la géométrie, Concouroient à bâtir avec folidité Un afyle pour eux & leur poftérité. Parmi leurs tendres feux & leur foin domeftique, La peine & le plaifir étoient chofe publique ; Le bien étoit commun, ils en vivoient en paix, On partageoit la perte, & fupportoit le faix. Par les jeux & les ris, les graces matinales Annonçoient leur préfence en robe de veftales, Et venoient en danfant d’un pas libre & léger, Exprimer leurs accords, & vers moi voltiger. Le monde en fon enfance étaloient fa peinture, Tout y repréfentoit l’innocente nature. Le bonheur de cet âge enivrant de plaifirs Mon efprit enchanté, me laiffoit fans defirs. Heureux ! je contemplois ces précieux prémices, Où régnoient les vertus, fans connoître les vices, Où l’homme libre & pur, n’ayant point de fouhaits, Plaçoit dans fon mérite une fource d’attraits. Je le voyois content de vivre, ou ceffer d’être, Offrir un cœur fans tache à fon fouverain maître, Et pour le bien d’autrui diriger tous fes pas ; Le fommeil fur mes fens rappelloit fes appas, J’avalois à longs traits leur divine ambroifie, Qui dilatoit mon ame en la célefte vie. Les mêmes fentiments outrant mon vif tranfport, Dans les mêmes devoirs fembloient faire mon fort ; Lorfqu’une douce voix du ciel fe fit entendre, Et me dit : Curieux, je veux ici t’apprendre, Qu’il eft encore un regne établi par mes loix, Sacré pour les mortels fenfibles à ma voix ; Admire mes tréfors ; leur peinture naïve A dans des cœurs humains ma bonté primitive, J’ai des fujets chéris, dont la fociété Partage également cette félicité ; Ils font mes vrais enfans, & tous vivent en freres Dans l’unanimité de fideles confreres, De la droite équité fages obfervateurs, Ainfi que de mes droits zélés reftaurateurs. Elle dit : A l’inftant fous la forme d’Aftrée, Je vis & reconnus la nature parée D’une fimplicité d’agréable candeur, Dont aucun autre éclat n’imite la grandeur ; Digne & noble ornement du facré caractère Que porte la vertu fans fard & fans myftere, Elle avoit en fes mains de la perfection Les propres attributs pour l’opération. Apprends donc déformais, ajouta la déeffe, Au public abufé mon regne & ma fageffe, Révele-lui mes mœurs & mon utilité, Pour parvenir au ciel avec l’humanité ; Imbu de ma doctrine, infpiré de moi-même, Va publier par-tout ma pureté fuprême, Et range fous mes loix, fonde fur mon appui, Les mortels égarés du falut d’aujourd’hui. Sous l’augufte LOUIS, dont l’amour le plus tendre Couronne les vertus, que ne doit-on attendre ! En lui l’humanité prodiguant fon tréfor, Ouvre, par l’ESPRIT SAINT, l’entrée au fiecle d’or. En furfaut réveillé par ce ton pathétique, Je confie au papier mon zele apoftolique, Qui des loges reçu, court porter des leçons, Du folide bonheur des freres francs-maçons. |
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