Bathilde d'Orléans

Princesse progressiste

Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d’Orléans, princesse de CONDÉ (1750-1822), est la sœur de Philippe-Égalité (ultime avatar du duc de Chartres, Grand Maître du Grand Orient) et l'épouse (1770) de son cousin Louis VI Henri de Bourbon-Condé (1756-1830), qui s’en sépara très vite.

Elle est la mère du duc d’Enghien et la tante de Louis-Philippe

Adoptant les idéaux de la Révolution, elle se fit appeler Citoyenne Vérité et offrit ses biens à la République, ce qui ne l'empêcha pas de passer un an et demi en prison et d'être ensuite envoyée en exil en Espagne jusqu'en 1814

Une page du site de la Grande Loge Féminine de France la décrit ainsi :

Passionnée de philosophie, d’ésotérisme (NDLR : elle fut l'amie de Louis-Claude de Saint-Martin) et de spiritualité elle est aussi musicienne et peintre, elle aime écrire. Aristocrate libérale et généreuse, elle souhaite qu’il n’y ait entre les hommes que les distinctions que doivent établir la vertu, l’esprit, les talents et l’instruction et que les lois répriment les fortunes considérables.

Compositrice

Une anecdote concernant ses deux rencontres avec Mozart lors du premier séjour de celui-ci à Paris en 1763-4 nous donne l'occasion de voir que dès l'enfance elle composait :

Les Mozart, en compagnie de Mr le Duc de Chartres [Louis-Philippe-Joseph], furent une première fois, conduits auprès de Mademoiselle, sa sœur Bathilde, pensionnaire de la Madeleine du Tresnel. Ils y retournent une seconde fois où Bathilde avait pris soin de préparer une petite pièce pour le clavecin avec accompagnement de violon. Fière et heureuse de son rang d'Altesse, elle dédie fièrement la composition de S. A. Mademoiselle qui prend la liberté de présenter son ouvrage à M. Wolfgang Mozart (voir les deux dernières lignes de la partition ci-contre, MS 2237 de la BNF). 

Le jeune Mozart avait alors 7 ans, Nannerl 12 et Bathilde 13.

Franc-maçonne

Sur sa vie maçonnique, on lira avec intérêt (aux pp. 51-2) le portrait qu'en trace Françoise Moreillon dans son article Des femmes remarquables paru en 2013 dans le n° 67 de la revue La chaîne d'union. Elle nous apprend notamment qu'elle fut Grande Maîtresse de la loge La Candeur (qui était sans doute la plus en vue des loges d'Adoption parisiennes) et qu'elle a été élue Grande Maitresse de toutes les Loges d’Adoption de France, le 4 mai 1775 à la loge St Antoine.

 

 

 

Le Temple de l'Humanité

sous le titre de loge d'adoption

Son altesse sérénissime Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d'Orléans duchesse de Bourbon représentée par Diane à qui Apollon son Frère a confié sa Lyre, vient présider au Temple de l'Humanité ... on y voit l'Amitié dont le flambeau entretient sur l'autel un feu pur et bienfaisant ... la Vertu maçonnique s'unit aux Grâces pour faire oflfrande de leurs couronnes à la S[érénissime] G[rande] Maitresse

princesse, la Beauté, le Rang, et la Naissance
Ne sont pas les attraits que le maçon encense
Vos rares qualités, votre coeur bienfaisant
Enchaîne sous vos loix la Vertu près des Graces
Et leur Ame épurée au feu du Sentiment
Aspirant au bonheur le trouve sur vos traces

présenté à son altesse sérénissime,

et dédié à la sérénissime soeur madame la duchesse de chartres

 

(source)

Voici ce qu'en écrit Bésuchet :

BOURBON (S. A. S. madame la duchesse de), grande maîtresse de l'ordre des franc-maçonnes d'adoption en France, présida en 1777, à la tête de toute la noblesse de la cour, frères et soeurs, la loge d'adoption de la Candeur, où fut initiée la comtesse de Rochechouart. Dans la loge d'adoption de l'année 1779, il fut question d'admettre au grade de maçonne parfaite une soeur qui en avait été jugée digne par ses hautes vertus et son zèle remarquable pour l'art royal.

La sérénissime grande maîtresse ne possédait pas ce grade, et la loge entière voulait le lui conférer sans retard et sans déplacement. L'illustre grande maîtresse refusa cette faveur. Je me crois obligée, dit S. A. S., de donner aux maçons et maçonnes l'exemple de la régularité, et de ne prendre connaissance du grade de maçonne parfaite qu'après en avoir moi-même subi les épreuves comme une simple maîtresse

En effet, S. A. S., accompagnée de la soeur comtesse de Polignac, subit toutes les épreuves du grade. Tous les mystères de ce grade lui ayant été dévoilés, elle déposa son obligation dans les mains du vénérable, et reçut l'anneau qui resserrait le lien qui existait déjà entre l'auguste soeur et l'ordre maçonnique, et qui mettait le comble à la gloire de la loge de la Candeur.

Dans cette célèbre séance, madame la duchesse de Bourbon prêta une nouvelle obligation en qualité de grande maîtresse inamovible de la loge de la Candeur, à laquelle elle fit don de son portrait. Des circonstances politiques firent cesser ces grandes et solennelles réunions dès l'année 1780.

Peintre

ci-contre : Peu connue peu troublée, gouache portant l'inscription Fait par Madame L. M. T. B. [i. e. Louise-Marie-Thérèse-Bathilde] d'Orléans Bourbon.

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