Voici ce qu'en dit
Fétis, d'abord dans son volume 4 :
HAINL (Georges-François), violoncelliste
distingué, compositeur pour son instrument et premier chef d'orchestre du grand théâtre de
Lyon, est né à Issoire (Puy-de-Dôme), le 19 novembre 1807 ; il fut admis au Conservatoire
de Paris, comme élève de Norblin pour le violoncelle, le 22 avril 1829. Le premier prix de cet
instrument lui fut décerné au concours de 1830. Pendant plusieurs années il voyagea pour donner
des concerts. En 1838, il était à Bruxelles, et dans l'hiver de l'année suivante il donna plusieurs
concerts en Hollande avec le pianiste Dœhler. Après avoir obtenu de brillants succès dans le
midi de la France, il accepta, en 1840, la place de premier chef d'orchestre du grand théâtre de
Lyon. Au moment où cette notice est écrite, il occupe encore !a même position. M.
Hainl est renommé à juste titre comme un des artistes français les plus distingués pour la
direction d'un orchestre. Parmi les compositions qu'il a publiées pour son instrument, on remarque
en particulier sa Fantaisie avec orchestre
sur des thèmes de Guillaume Tell, op. 8. Cet artiste s'est fait connaître aussi comme
écrivain par un petit ouvrage qui a pour titre : De la musique à Lyon depuis 1713 jusqu'en
1852, Discours de réception prononcé en séance publique de l'Académie de
Lyon ; Lyon, 1852, in-8° de 37 pages.
et ensuite dans
son supplément :
HAINL (François-Georges), violoncelliste
et compositeur, est mort à Paris le 2 juin 1873. Cet artiste, qui depuis 1840
était premier chef d'orchestre du Grand-Théâtre de Lyon, fut appelé en la même qualité
à l'Opéra, où il vint prendre le bâton de commandement le 24 juillet 1863,
succédant à Dietsch, qui venait d'être « admis à faire valoir ses droits
à la retraite ». Pendant les dix années qu'il passa à l'Opéra, il monta les
ouvrages suivants : le Docteur Magnus, Roland à Roncevaux, l'Africaine, Don Carlos,
la Fiancée de Corinthe, Hamlet, Erostrate, la Coupe du roi de Thulé, sans compter
l'adaptation de Faust à notre première scène lyrique et la reprise du
Freischütz ; puis, comme ballets, la Maschera, Néméa, le Roi d'Yvetot,
la Source, Coppélia, et Gretna-Green.
Peu de temps après son entrée
à l'Opéra, et à la retraite de M. Tilmant, George Hainl avait été nommé chef d'orchestre de la Sociéte des concerts
du Conservatoire ; moins habile pour conduire la symphonie que l'opéra, ne connaissant pas,
d'ailleurs, les traditions de la Société, il ne brilla pas dans ces fonctions, dont il se démit au bout
de trois ans. Il était aussi devenu chef d'orchestre de la chapelle impériale et des concerts
de la cour, et avait conduit les grands festivals de l'Exposition universelle,
à la suite desquels il avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Un bras énergique et vigoureux, une grande
précision dans les mouvements, une mesure dont les temps étaient solidement et distinctement
marqués, l'assurance en soi-même, une confiance qu'il savait communiquer aux artistes
placés sous ses ordres, avec cela le regard fier et une ferme volonté, telles
étaient les qualités de George Hainl, qualités si rares à rencontrer chez un conducteur et qui forment le vrai chef
d'orchestre. Malheureusement, son éducation musicale n'était pas à la hauteur de ses
aptitudes, et l'organisateur des études était en lui bien inférieur au conducteur. Or, dans un théâtre comme celui de l'Opéra de Paris,
où la mise à la scène d'un ouvrage inédit exige, de la part du chef d'orchestre, des facultés complexes, des
connaissances profondes et étendues, il faut, pour remplir ces fonctions, non-seulement un
« batteur de mesure » excellent, mais un musicien solide et éprouvé. Sous ce dernier rapport, il
faut l'avouer, George Hainl n'était pas à la hauteur de son rôle, et c'est ce qui fait que l'on dut
placer à côté, et au-dessus de lui, un « directeur de la musique », chargé de l'organisation supérieure des
études en ce qui concernait les ouvrages nouveaux. L'artiste chargé de cette
mission n'était autre que M. Gevaert.
Il serait injuste cependant d'amoindrir les
qualités de George Hainl comme chef d'orchestre, qualités que nous avons énumérées plus haut.
Berlioz, qui s'y connaissait, a rendu d'ailleurs, en ces termes, hommage à son talent ; c'était
à l'époque où il était encore attaché au Grand-Théâtre de Lyon :
A une supériorité
incontestable sur le violoncelle, il joint toutes les
qualités de chef d'orchestre conducteur-instructeur-organisateur, c'est-à-dire qu'il dirige d'une
façon claire, précise, chaleureuse, expressive ; qu'il sait faire la critique des défauts de l'exécution et y porter remède, autant que les forces
musicales dont il dispose le lui permettent, et enfin qu'il sait mettre en ordre et en action
productive tous les moyens qui sont à sa portée, administrer son domaine musical et vaincre
promptement les difficultés matérielles dont chacun des mouvements de la musique, en
province surtout, est ordinairement entravé. D'où il résulte implicitement qu'il joint
à beaucoup d'ardeur un esprit pénétrant et une persévérance infatigable. Il a plus fait en quelques
années pour le progrès de la musique à Lyon que ne firent en un demi-siècle ses prédécesseurs.
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