Baumal

 

Le Frère Baumal est désigné comme le compositeur de la musique de deux des pièces figurant au Recueil de Cantiques de la Parfaite-Union de Douai, les n°s I (Invocation au Grand Architecte de l'Univers pour l'inauguration du nouveau Temple de la Parfaite-Union) et XXV (Hymne à la paix, 1801).

Philippe Baumal (1752-1838) était précisément l'Orateur de la Parfaite-Union en 1801. Il ne s'agit pas d'un musicien professionnel : il fit une carrière de juriste, mais ses talents d'amateur étaient reconnus puisque, comme on le verra plus loin, on a pu dire de lui que La poésie et la musique lui doivent des travaux qui ne sont pas sans importance et des compositions pleines de charme et de goût.

Voici sa biographie, telle que retracée (p. 414) dans l'Annuaire statistique du département du Nord pour 1839 :

Philippe Baumal, conseiller à la cour royale de Douai, chevalier de la Légion-d'Honneur, a terminé sa longue et honorable carrière en cette ville, le 28 juillet 1838, à l'âge de 86 ans.

M. Philippe Baumal était né à Besançon le 1er mai 1752. Son père, M. Gilbert Baumal, avocat au parlement de Besançon, d'une bonne et ancienne famille originaire de Belgique, eut vingt-neuf enfants de deux femmes. M. Philippe Baumal était le vingt-deuxième fils de cette nombreuse lignée. Il fit ses premières études au collège de Besançon, et il avait à peine dix-sept ans lorsque son père l'envoya à Paris. Il entra d'abord dans la compagnie des gardes-du-corps de M. le comte d'Artois, mais sa faible sauté ne lui permit pas de suivre le parti des armes. M. de Verdun, contrôleur des finances, un des amis de sa famille et à qui il avait été recommandé, l'admit dans ses bureaux et lui fit ensuite obtenir une place dans les aides. Après avoir exercé quelques emplois de finance dans la province, il revint à Paris, et il ne tarda pas à être répandu dans la société, où il porta les avantages d'un extérieur élégant, d'un esprit orné et délicat. C'était dans ce monde brillant des grands seigneurs, des savants, des artistes et des philosophes qui donnaient le ton à la société d'alors, que son organisation fine et pleine de sagacité s'était imprégnée de cette urbanité bienveillante et digne, de ce ton de bonne compagnie qui le distinguaient tout particulièrement.

A l'époque où les premiers ferments de la révolution commencèrent à travailler la France et à éveiller l'inquiétude des esprits clairvoyants, M. Baumal chercha à se faire une position plus fixe, plus indépendante des catastrophes de l'avenir, et il pensa que c'était par l'étude du droit qu'il y arriverait. M. le marquis de la Rianderie, avec qui il s'était lié d'amitié à Paris, l'emmena en Flandre, le chargea de la recette de ses biens et le fit nommer grand bailli de la châtellenie de l'Écluse et des cinq communes dépendantes. M. Baumal alors aussi se fit recevoir avocat au parlement de Flandre.

Bientôt après, lorsque la révolution française éclata et sépara violemment les éléments de la société, M. Baumal fut du parti de ceux qui crurent qu'il valait mieux faire face à l'orage, et il n'émigra point.

Cependant, ses relations d'autrefois, sa position dans le monde durent le rendre suspect ; aussi il fut par deux fois incarcéré et il avait été envoyé à Doulens, prison d'où l'on ne sortait que pour aller à l'échafaud, lorsque la chute de Robespierre vint mettre un terme à l'affreux régime de la guillotine. Rendu à la liberté, M. Baumal ne tarda pas à rentrer aux affaires. Au mois de janvier 1796 le scrutin le nomma, d'un vote unanime, juge suppléant au tribunal civil du département du Nord, et dans la même année il fut également appelé, par le vœu de ses concitoyens, aux fonctions de commissaire-administrateur des hospices de Douai.

L'année suivante, l'assemblée électorale le nomma juge au tribunal civil ; à cette même époque aussi il fut nommé officier municipal. Pour le dire en passant, il conserva jusqu'en 1830 ses fonctions municipales, sans interruption, soit qu'elles lui eussent été conférées par ses concitoyens ou par les pouvoirs qui se sont succédé.

Lors de la fondation de l'académie de législation, celte assemblée donna à M. Baumal une marque de l'estime qu'on faisait de son caractère comme magistrat, et de sa science du droit, en lui envoyant le diplôme de membre correspondant de l'académie.

M. Baumal cessa quelque temps d'exercer ses fonctions de juge, en exécution de la loi de fructidor an V, qui annulait les nominations faites par les assemblées électorales ; mais il ne tarda pas à les reprendre, et lors de l'organisation de la cour d'appel des départements du Nord et du Pas-de-Calais, en l'an VIII (1800), il fut nommé en qualité de juge à cette cour, et enfin, en 1811, Napoléon lui conféra le litre de conseiller à la cour impériale de Douai.

En 1816, par l'effet d'une dénonciation, M. Baumal ne fut pas compris dans l'ordonnance portant institution de la cour royale, mais cette interruption ne fut que momentanée, et, en 1817, il fut rappelé à ses fonctions de conseiller pour ne plus les quitter jusqu'à la fin de sa vie. Une des distinctions qui flatta le plus M. Baumal fut celle de chevalier de la Légion-d'Honneur, que le roi Louis-Philippe lui envoya en 1832.

Ce n'est pas seulement par les qualités et la science du magistrat, par les vertus et les talents qui font le bon citoyen et le bon administrateur que M. Baumal s'est rendu recommandable : la littérature et les arts ont reçu de lui plus d'un tribut. Lié d'une étroite amitié avec Andrieux, il fut aussi en rapport intime avec le fameux organiste Charpentier et avec Jarnowick, célèbre violoniste de l'époque. La poésie et la musique lui doivent des travaux qui ne sont pas sans importance et des compositions pleines de charme et de goût, et pour ne citer qu'un fait, qui intéressera particulièrement ceux qui s'occupent de l'histoire littéraire, c'est que les Mémoires de mademoiselle Clairon, ces mémoires si romanesques, si piquants de la célèbre tragédienne, qui ont fait tant de bruit dans leur temps et qu'on lit encore avec tant d'intérêt, ont été rédigés par M. Baumal [NDLR : nous n'avons trouvé aucune confirmation de cette attribution].

     

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