Edouard Bruguière
En cliquant ici, vous entendrez un fichier midi de sa romance La bohémienne, emprunté au site de Philippe Goninet mentionné ci-dessous
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Edouard Bruguière (Fétis le dit né à Lyon en 1793 et mort à Nîmes en fin 1868) fut, avec Romagnesi, Berton Fils, Panseron, Grisar, un des grands compositeurs de romances du XIXe. Issu d'une famille de négociants, il était destiné au commerce, mais il préféra la musique et monta en 1824 à Paris, où il connut de beaux succès et devint artiste de la Chambre du Roi. Parmi ses centaines de romances, on peut citer Tristesse (sur l'élégie de Sainte-Beuve), Adieux à la Suisse, Laissez-moi le pleurer, ma mère (qui, selon P. Scudo, fit couler tant de larmes dans les salons du faubourg Saint-Germain) et (sur des textes de Béranger) Maudit printemps ! ou Vogue ma nacelle. Il a aussi publié 6 choeurs religieux. Selon Fétis, après 1836, il se serait retiré dans sa famille à Lyon (dont il le dit originaire), puis se serait installé à Marseille comme secrétaire du commissaire général de police. Les informations données par Fétis sur ses activités après son départ de Paris sont cependant très sujettes à caution et concernent sans doute un homonyme ; elles sont en effet contradictoires avec celles fournies par le Journal de Toulouse qui, dans son édition du 23 juillet 1842 (p. 4), signalait (dans un article publié à l'occasion de la publication à Toulouse d'un recueil de chants et cantiques pour les écoles primaires, recueil dont il était l'auteur et qui contenait notamment une mise en musique de la table de multiplication) qu'après de nombreux succès dans la capitale, il est venu se fixer à Castres, sa patrie. |
Ci-dessus : édition illustrée de la chanson de Bruguière Laissez-moi le pleurer, ma mère (que Fétis qualifie de petit chef-d'oeuvre de distinction et de sentiment).
Cette installation à Castres est certainement plus exacte que la version de Fétis (lequel n'en est pas à une approximation près !) : nous savons en effet que Bruguière était membre de la Loge castraise de l'Harmonie Universelle, puisque celle-ci a pris en 1849 la décision d'éditer un recueil de Chants Maçonniques de sa composition.
l'Harmonie Universelle Fondée en 1770, la première Loge de Castres, la Loge de Saint-Pierre, après avoir interrompu ses travaux pendant la Révolution et les avoir repris en 1808, décide en 1810 de transformer son nom en l'Harmonie Universelle et à cette occasion transforme sa devise Fundata super firman petram (fondée sur une pierre solide) en In universum concinat gallus ; mentes nostrae laetiscent (que le coq chante dans le concert universel ; nos esprits s'en réjouiront). Le maréchal Soult (voir à son sujet le superbe ouvrage de Pierre Mollier et Pierre-François Pinaud, L'état-major maçonnique de Napoléon, Ed. A L'Orient, septembre 2009) était en 1813 membre de son Chapitre. En 1814, elle adopte le REAA. Elle interrompt ses travaux en 1852 ; ses tentatives de réveil en 1873 rencontreront l'opposition du préfet du Tarn, si bien qu'en 1876 une nouvelle Loge est créée sous le titre distinctif des Coeurs Unis, l'abandon de celui de l'Harmonie Universelle ayant été jugé nécessaire pour écarter toute incertitude auprès du gouvernement. Cette loge, très engagée dans le combat laïque, suspendra ses travaux en 1899. C'est la Loge la Foi Maçonnique qui rallumera en 1911 l'activité maçonnique à Castres. En 2002, un essaimage de celle-ci a amené la création d'une nouvelle Loge du Grand Orient (sous le n° 942) travaillant au REAA, qui, en hommage respectueux à ses prédécesseurs, a repris le titre distinctif de l'Harmonie Universelle. |
Nous avons trouvé une confirmation supplémentaire de cette installation castraise dans l'ouvrage d'Anacharsis Combes, Chants populaires du pays castrais (Castres, 1862), qui le cite (p. 142) comme le grand enchanteur de notre contrée et qui signale (p. 111) qu'il est l'auteur de diverses compositions dont il dit que dans le but d'animer les fêtes publiques de la localité, quelques personnes imaginèrent d'utiliser, à l'aide de paroles nouvelles, une série d'airs, composés et lithographiés primitivement sous le patronage d'une loge maçonnique - sans aucun doute ceux mentionnés plus haut.
Par ailleurs - et c'est sans doute ce qui établit encore plus définitivement l'inexactitude des données de Fétis - Jacques Castagné, dans son ouvrage (2004) La Franc-maçonnerie d'Albi, donne (p. 286) le texte d'un cantique Stella matutina (l'étoile du matin) dont il mentionne comme compositeur un Frère Bruguières de Castres.
Signalons enfin que selon cette page un Edouard BRUGUIERE fut de 1861 à 1871 le maire de Saint-Jean-de-Vals, commune proche de Castres : est-ce le nôtre ?
On trouve
dans l'Histoire des artistes peintres, sculpteurs, architectes et musiciens-compositeurs, nés
dans le département du Gard de Michel Nicolas (pp. 211-4)
la biographie ci-dessous, qui confirme le fait que Fétis était mal
informé :
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