Cornély
Dans le Tome 4 de ses Annales chronologiques, littéraires et historiques de la maçonnerie des Pays-Bas à dater du 1er janvier 1814 (accessibles via la digithèque des bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles), Auguste de WARGNY mentionne (p. 13) le Frère Cornely comme compositeur de la musique de deux cantiques (sur des paroles du Frère Schrobilgen, Orateur de la Loge) exécutés le 9 janvier 1820 à la Loge luxembourgeoise des Enfants de la Concorde fortifiée lors de l'inauguration de son nouveau Temple et de la célébration simultanée du Solstice d'Hiver.Il semble hors de doute qu'il s'agisse de Henri-Joseph Cornély (1786-1866), chef d'orchestre, pédagogue et compositeur, décrit ici comme étant un musicien originaire d’Andernach (Allemagne) et chef non officiel de la vie musicale luxembourgeoise à cette époque. Le même document précise :
Cornély, qui est non seulement locataire chez Schrobilgen père, rue de l’Eau, mais aussi violoncelliste du quatuor de Schrobilgen fils, est considéré comme «le véritable détonateur de toute la vie musicale au 19e siècle et de son évolution au Grand-Duché». Directeur musical des concerts donnés à la tribune de la «société philharmonique», il était responsable de la programmation ...
À notre connaissance, aucune étude biographique détaillée n’a été consacrée à ce pionnier rhénan qui avait choisi de remonter la Moselle. Ayant quitté les troupes impériales, Henri-Joseph s’établit après le congrès de Vienne à Luxembourg-Ville, où il travaillera dans un premier temps comme typographe dans l’imprimerie luxembourgeoise Schmit-Brück. Bien que Guy May qualifie Cornély d’autodidacte, il y a lieu de supposer que le jeune Henri-Joseph a été initié à l’ars musica par son père, qui était depuis 1764 organiste à Andernach ...
Au Luxembourg, Cornély fonde en 1820 la Musique Bourgeoise et décide d’ouvrir une école de musique fondée sur la méthode du célèbre professeur de musique parisien Guillaume-Louis Bocquillon. Dès le 1er avril 1823, l’école fondée par Cornély propose des cours de chant, de piano, de violon et de violoncelle. Ce n’est qu’en 1845 que la ville de Luxembourg voit la création d’un conservatoire de musique financé par des fonds publics (il comptera 122 inscrits en 1850). Il sera dirigé pendant un certain temps par Henri-Joseph Cornély, qui y enseigne également le violoncelle. Naturalisé Luxembourgeois en 1846, il se consacre notamment à la musique sacrée, ses Messes en musique faisant appel à non moins de 110 chanteurs et un orchestre de 70 musiciens – dont 30 femmes ...
Cornély est l’autorité musicale par excellence de la première moitié du 19e siècle. Ouvrant les portes de son laboratoire musical privé, le directeur de l’école de musique invite les mélomanes à plonger dans l’univers de son «Dépôt de Musique vocale et instrumentale, rue des Eaux».
Une autre page donne, sous la signature de Guy Jourdain, les informations suivantes :
C’est cette même année (1814), en soi très importante pour l’avenir du petit Luxembourg, qu’un jeune grenadier français, né le 28 janvier 1786 à Andernach, circonscription de Coblence, et qui avait participé aux campagnes militaires françaises de 1813 et 1814 en tant que musicien militaire, décida de s’établir à Luxembourg comme professeur de musique. Ce jeune militaire, Henri-Joseph Cornély, qui allait être naturalisé luxembourgeois le 29 juillet 1846, s’était marié le 24 avril 1833 à Luxembourg avec Catherine Seywert. Cornély décéda à Luxembourg le 11 mars 1866.
Des extraits du "Courrier du Grand-Duché de Luxembourg", du "Luxemburger Wochenblatt" ainsi que du "Journal de la Ville et du Grand-Duché" de même que des documents conservés aux archives municipales permettent de reconstituer les différentes étapes de la carrière et de l’œuvre musicale de Henri-Joseph Cornély.
En s’établissant à Luxembourg Cornély débuta d’abord comme typographe à l'Imprimerie Schmit Brueck avant d’ouvrir vers 1821 un magasin de musique, un an après avoir fondé la Musique Bourgeoise.
Le 21 décembre 1821, les Luxembourgeois ont pu lire dans le "Luxemburger Wochenblatt" :
… " Prospectus pour l'établissement d'une école de musique et de chant, à Luxembourg, d'après la méthode de l'enseignement mutuel :
… M. Cornély a l'honneur d'annoncer qu'il se propose d'établir à Luxembourg une école de musique et de chant suivant la méthode de l'enseignement mutuel, à l'instar de l'école de Paris, dirigée par M. B. Wilkem (ndlr : faute d'impression pour Wilhem, pseudonyme de Bocquillon précité), professeur de l'école-modèle de chant élémentaire et maître de chant de plusieurs établissements renommés. M. Cornély, dans le but de s'environner des lumières nécessaires pour la formation d'un établissement semblable à Luxembourg, a fait un voyage à Paris et a puisé, dans l'école même de M. B. Wilkem, les instructions qui serviront à le diriger convenablement et à lui assurer les avantages qu'il doit comporter. Les parents qui voudraient faire participer leurs enfants à l'instruction que M. Cornély donnera dans son école, sont invités à s'adresser à lui pour lui faire connaître leurs intentions. La classe des moniteurs ouvrira le 2 janvier 1823, et celle des élèves le ler février suivant "
Un document du 16 janvier 1823 conservé aux Archives de la Ville (Régime hollandais, farde 25) informe que M. Cornély introduit une demande officielle pour la mise à disposition de bancs d’école de l’ "Ecole Modèle" pour les besoins de son école de musique et de chant qu’il était en train d’ouvrir à Luxembourg-ville.
Dans son édition du 1er mars 1823 le "Luxemburger Wochenblatt" publie l’annonce suivante :
…:"Musik- und Sing-Schule : Nachdem der Unterricht der ersten Moniteurs hinlänglich vorgeschritten ist, beehrt sich Unterzeichneter hierdurch anzuzeigen, dass die Schule Sonnabends, den 1. März und zwar des Morgens von elf bis zwölf Uhr für die Knaben, und nachmittags von vier bis fünf Uhr für die Mädchen eröffnet werden wird. H.-J. Cornély, Professor der Musik." …
Cette école de musique à caractère privé fut cependant soutenue, comme nous verrons plus loin, par les autorités communales. Les premiers cours donnés à l'école de Cornély étaient le piano, le chant, le violon et le violoncelle ; les professeurs en étaient Henri-Joseph Cornély, Philippe Joachim Boisseaux et Joseph Modeste Mancion. L'idée de Cornély fut couronnée de succès et l'école put finalement ouvrir ses portes le 1er avril 1823, grâce aussi au soutien moral du secrétaire de la Ville de Luxembourg de l'époque, M. Mathieu Lambert Schrobilgen, homme érudit qui jouait du violon, et qui est à l'origine du soutien indispensable que les autorités communales ont apporté à cette entreprise privée.
Dans son numéro 81 le "Journal de la Ville et du Grand-Duché" annonce que le professeur Cornély se propose d’inaugurer un nouveau cours de principes de musique et de chant et que les succès remportés au cours des dernières années constituent une garantie certaine pour le zèle que les élèves démontreront dans ces nouveaux cours. Le même journal informe dans son numéro 23 que le premier cours de musique vocale de M. Cornély sera clôturé le 9 avril 1829 dans la grande salle du "Cercle Littéraire", l’actuel Cercle Municipal et qu’un deuxième cours débutera le 1er mai suivant. Ces cours réservés exclusivement à l’enseignement vocal sont semestriels. On ne parle cependant pas encore de cours instrumentaux et il faudra attendre l’édition du 8 janvier 1845 du "Journal de la Ville et du Grand-Duché" pour apprendre l‘ouverture imminente d’une Ecole Municipale de Musique à Luxembourg.
Dans sa séance du 27 décembre 1844 le Conseil Communal de Luxembourg décide de créer une Ecole de Musique Municipale - " Municipal Musikschule ". Le compte-rendu de cette séance retient les points suivants : « article 1 : ... le sieur Henri Cornély est nommé professeur du violoncelle et en même temps directeur de l'école de musique ...»
La gestion de l’école fut confiée le 24 juillet 1847 à une Commission présidée par Cornély (ancien professeur sans salaire) ...
Cornély ... pour des raisons de santé, s'était retiré de l'enseignement en août 1847.
On voit que les relations entre Cornély et Schrobilgen ne se limitaient pas à la Loge.
A la page Komponisten, Dirigenten und Professoren mit Freimaurerschurz du site de la Grande Loge de Luxembourg, Paul Rousseau donne le 25 juin 1808 comme sa date d'initiation aux Enfants de la Concorde fortifiée et reproduit un extrait du registre de la Loge de 1820 où il figure parmi les Frères à talent :