Josef ELSNER

En cliquant ici, vous entendrez le début de son Rondo a la Masurek (mazurka) en do majeur, interprété par Urszula Bartkiewicz au clavecin (CD DUX 0243)

 

Józef Ksawery Elsner (1769-1854) fut violoniste, chef d'orchestre, compositeur, théoricien et pédagogue. Il joua un rôle important dans l'histoire musicale de la Pologne.

Il a publié en 1811 à Varsovie le recueil Pieśni wolnomularskie (chants maçonniques) dont 19 chansons sont mentionnées comme ayant une partition composée par lui-même, le Brat (Frère) Elsner. 

Voici la notice que Fétis consacre à Elsner dans son Tome 3 :

ELSNER (Joseph), compositeur, né à Grottkau (ndlr : actuellement Grodków), ville des États prussiens, le 1er juin 1769, était fils d'un menuisier qui, doué d'un esprit ingénieux et de connaissances musicales, construisait des clavecins, des harpes et d'autres instruments de musique. En 1781, Elsner fut envoyé à Breslau, pour y faire ses études au collège, et entra, comme enfant de chœur, à l'église des Dominicains. Plus tard, il fut employé au théâtre comme violoniste et comme chanteur ; là, les occasions fréquentes qu'il eut d'entendre de bonne musique développèrent en lui le goût de la composition dramatique. Destiné par son père à l'étude de la médecine, il ne se rendit point à ses vœux, et sa résolution fut prise de se livrer à l'étude de l'art sous la direction de bons maîtres. Fœrster, directeur de musique à Breslau, lui donna des leçons d'harmonie. Ses premières productions furent des romances, parce que ce genre exige peu de connaissances dans l'art de la composition. Quoique peu avancé dans cet art, il essaya pourtant ses forces dans des airs de danse, des duos, trios, et môme dans un concerto de violon avec accompagnement d'orchestre. L'habileté venant avec l'expérieuce, il écrivit des morceaux de musique religieuse, un oratorio, un morceau de musique pour des instruments à vent, destiné à la procession de la Fête-Dieu, une symphonie (en ré) et quelques autres morceaux de différents genres. Arrivé à Vienne, pour y continuer ses études, il abandonna complètement celle de la médecine, et ne s'occupa plus que de la musique. Lié avec les artistes les plus recommandables, il puisait dans leur entretien et dans la lecture des meilleures partitions l'instruction qui lui était nécessaire pour parcourir la carrière d'artiste avec honneur. En 1791, il s'établit à Brûnn, où la place de premier violon du théâtre lui fut confiée. Il y écrivit, jusqu'à Pâques de 1792, quatre quatuors pour des instruments à cordes, un concerto pour la flûte, et une cantate dont le mérite fit obtenir à Elsner la place de directeur de musique à Lemberg. Depuis 1792 jusqu'en 1799, époque de son séjour en cette ville, il écrivit des entr'actes pour la tragédie de Marie-Stuart de Schiller, toutes les danses de la saison du carnaval pendant plusieurs années, quatre symphonies, huit quatuors pour des instruments à cordes (publiés à Vienne, Offenbach et Varsovie), un concerto facile pour le violon, trois sonates pour violon et violoncelle, des sonates pour piano, violon et violoncelle, plusieurs grandes et petites cantates, des chœurs et des entr'actes pour le drame intitulé Lanassa, une messe de requiem brève, et les opéras dont les titres suivent : 

  • Die seltenen Bruder oder die vier Zauberkugeln (les Frères bizarres ou les quatre balles enchantées), imitation de la Flûte enchantée de Mozart (NDLR : nous n'avons pu trouver aucune information sur cet opéra - remerciements anticipés à qui pourrait en apporter)

  • Der verkleidete Sultan (le Sultan travesti)

  • Iskahar, pièce polonaise avec chant

  • Sydney e Tumma, mélodrame polonais

  • Les Amazones (opéra polonais en deux actes). 

En 1799 Elsner fut appelé comme directeur de musique au théâtre de Varsovie. Arrivé en cette ville, il y fit représenter les pièces qui viennent d'être citées ; l'année suivante il y écrivit le Sultan Wampou, opéra, et dans l'espace de vingt années il composa vingt-deux ouvrages dramatiques, tous en langue polonaise. Dans cet intervalle, il avait fait un voyage à Paris, et y avait fait entendre quelques-unes de ses compositions dans des concerts donnés à Saint-Cloud et aux Tuileries. Après l'institution du grand-duché de Varsovie, Elsner, de concert avec la comtesse Zamoïska, fonda en 1815 une société pour les progrès de la musique en Pologne qui fut le commencement du Conservatoire de Varsovie, établi en 1821, après que Elsner eut quitté la direction de la musique du théâtre. Elsner fut nommé directeur de ce Conservatoire et professeur de composition. Par ses soins, l'établissement était déjà parvenu à un état satisfaisant de prospérité ; mais les événements politiques qui ont suivi la révolution de 1830 en ont fait fermer les portes. Cette école a été rétablie postérieurement, mais avec une organisation moins importante. En 1834, Charles Soliva, compositeur italien, en avait la direction. Retiré dès lors dans sa maison du faubourg de Praga, Elsner continua d'écrire un grand nombre de compositions religieuses, particulièrement plusieurs belles messes, son oratorio la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui fut exécuté solennellement en 1844, dans l'église évangélique de Varsovie, par trois cents musiciens, sous la direction de T. Niducki et de Billing, et enfin son Stabat Mater, composé en 1844, et que l'auteur écrivit de la main gauche, parce que la droite avait été frappée de paralysie. Cet excellent artiste est mort dans l'été de 1854, entouré de l'estime de toute la Pologne, et en particulier de ses élèves. Sa femme l'avait précédé de deux ans dans la tombe. Son cabinet de travail et sa bibliothèque ont été laissés intacts par sa famille : on y voit encore sur sa table de travail les plumes avec lesquelles il écrivit ses derniers ouvrages. Les connaissances solides que Elsner avait déployées dans la direction et dans l'enseignement du Conservatoire de Varsovie lui firent obtenir en 1825 le titre de chevalier de Saint-Stanislas. 

En 1818, cet artiste recommandable visita la Silésie, son pays natal, et passa une saison aux eaux de Reinerz, pour y rétablir sa santé : il s'y lia d'une étroite amitié avec Ébell. La loge maçonnique de Varsovie, qu'il avait présidée pendant plusieurs années, a fait lithographier son portrait, et Buyuskawskin a publié sa biographie détaillée, en langue polonaise. Ce compositeur laborieux a produit, outre les ouvrages qui ont été cités précédemment : 

[suit une liste de 85 oeuvres, regroupées en 4 chapitres : Pour le théâtre (29 oeuvres) - Pour l'église (35 oeuvres) - Musique instrumentale (16 oeuvres) - Musique de chant (5 oeuvres).  Parmi ces dernières, sous le n° 83, Plusieurs morceaux pour les francs-maçons]

Les productions d'Elsner sont dans le style de la musique de Paër et de Mayer. Dans sa musique d'église il y a un peu trop de formes modernes et dramatiques ; on y trouve de la facilité, une manière naturelle de faire chanter les voix, mais peu d'originalité et de variété dans les idées. EIsner écrit avec assez de pureté, bien qu'il laisse voir dans ses fugues que ses études n'ont pas été fortes.

EIsner est aussi l'auteur d'un petit mémoire intéressant qui a pour titre : In wie Weit ist die polnische Sprache zur Musik geeignet (Jusqu'à quel point la langue polonaise est favorable à la musique). Cet écrit a été publié dans le journal de Kotzbue intitulé Freymuthigen, ann. 1803, n° 122, et 487. Il fut composé originairement en langue polonaise. On connaît aussi un autre ouvrage de lui, pour l'usage des élèves du Conservatoire de Varsovie, intitulé O Ritmicznosci i metryeznosci ienzyka Polskiego (Du rythme et de la prosodie de la langue polonaise).

Mme Elsner a été longtemps cantatrice à l'opéra de Varsovie.

D'autres biographes ajoutent qu'il était - fait rare dans un pays aussi catholique, mais qui s'explique par ses origines - de confession évangélique, et surtout qu'il compta parmi ses élèves Chopin dont il fut un des premiers à reconnaître le génie.

ci-contre : sa tombe au cimetière Powaski de Varsovie

ci-dessous : après l'invasion de la Pologne en 1939, l'Allemagne hitlérienne y installa un Gouvernement Général qui émit des timbres. L'un de ceux-ci (élément d'une série de 5 comprenant également Copernic et Dürer) représente Elsner.

D'autres extraits musicaux peuvent être entendus ici et ici.

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